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ETAT D’URGENCE POLITIQUE

Depuis le meurtre de Nahel par un motard de la police, les émeutes se sont multipliées et ont atteint un niveau de violence inédit.

Faut-il s’en étonner ?

Depuis la loi  Hollande/ Cazeneuve qui donne la possibilité de tirer en cas de refus d’obtempérer, depuis 2017 donc, les meurtres de jeunes, le plus souvent racisés, deviennent courants.

La médiatisation du meurtre de Nahel a déclenché une prise de conscience claire du problème.

Mais plus largement la  situation politique devient de plus en plus conflictuelle et marquée par  le refus de négociation de part du pouvoir et  par la répression policière systématique.

Revoyons rapidement le déroulé des mandats Macron.

Manifestations des gilets jaunes : répression, utilisation des LBD, un mort, des centaines de mutilés. Sortie des blindés, des BRAV, de la cavalerie….

Épidémie du COVID : gouvernance par Conseil de défense, explosion des inégalités.

Manifestations et grèves contre la réforme des retraites : aucune négociation,  passage en force constitutionnel, déploiement extraordinaire de forces de police, création de nouvelles compagnies BRAV-M, violences policières sans contrôle, nombreux blessés parmi les manifestants.

Manifestation contre les méga- bassines à Sainte Soline : Charges, répression de haute intensité, blessés très graves.

Dissolution des Soulèvements de la Terre.

Cette liste est loin d’être exhaustive mais le rapprochement de ces événements dévoile un système. Certes, les commentateurs parleront de crises des territoires, de crise sanitaire, de crise sociale, de crise des banlieues. Mais il y a une crise majeure, celle qui procède  de l’imposition par autoritarisme et violence d’État de mesures liées à la mutation de la société néolibérale .

Si ces événements font système c’est qu’ils participent d’un projet global : celui de l’épuisement  des ressources d’une république autoritaire ( la 5 -ème République) pour aboutir à une société de contrôle  où toutes négociations deviennent impossibles et où les corps intermédiaires  sont définitivement réduits au rôle d’accompagnants sociétaux.

Ces transformations progressives se font toujours de manière opportuniste mais leur accumulation crée un phénomène nouveau en France : l’effondrement de la société sur elle-même . Cet effondrement qui libère émotion, haine et violence est d’autant plus important que le système néolibéral dérégule la démocratie et le  marché au profit de « global management consultings» (McKinsey), de mafias et de trafics divers à tous les échelons de la société.

Dans cette situation, les forces réactionnaires et fascistes se trouvent libérées (chasse aux jeunes  par des groupes fascistes en toute impunité à Angers, Chambéry, Lorient…) et réintègrent le champ « régulier » du politique.

Après une vaste opération de propagande, nous devons nous attendre à un coup de force du cœur même du pouvoir en relation avec les forces des droites extrêmes. Il est certain que les exemples donnés par l’évolution de pays européens de la droite vers les extrêmes favorisent ce passage à une société autoritaire incluant toutes les forces de droite et d’extrême droite.

C’est dans ce contexte qu’il faut placer la déclaration commune d’Alliance et UNSA Police appelant à la sédition et à la guerre civile contre les « nuisibles ».

Nous revoilà plongés dans la guerre  ouverte « contre les classes dangereuses ».

Face à ces coups de boutoir de la classe dominante, il faut renouer avec une position de classe. 

IL FAUT PROTÈGER LA JEUNESSE POPULAIRE.

S’ils existent encore des organisations qui se réclament de la défense du prolétariat, elles devraient au plus vite organiser une riposte unitaire. Une riposte à la hauteur de l’autoritarisme du pouvoir.

Les discussions entre militants et organisations pour sortir du marasme idéologique généré par la succession de défaites sont légitimes et nécessaires. Mais la situation appelle l’urgence.

Dans un premier temps et dans l’urgence, il faut exiger l’abrogation des lois et des mesures qui servent à donner toujours plus d’autonomie à l’appareil répressif et de libertés aux regroupements factieux hors et dans la police.


– Abolition de la loi Cazeneuve qui autorise les policiers à ouvrir le feu en cas de refus d’obtempérer

– Justice pour les victimes et mise en examen des responsables

– Remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant 

– Interdiction des armes létales et des armes de guerre, pistolet, tasers, flashball, grenades

– Suppression de la BAC et des BRAV-M et démantèlement  des compagnies factieuses.

_ Dissolution d’Alliance comme regroupement séditieux

_ Épuration de la police de ses éléments et corps factieux.

Les Gilets Jaunes avaient montré la voie de l’affrontement direct avec l’État. Le mouvement contre la réforme des retraites a montré les limites de l’Unité syndicale face à ce même État. Les révoltes, les émeutes étendues à toutes les villes du territoire forcent l’État à dévoiler sa nature et confirme la profonde déchirure du tissu social.

L’unité politique de tous ceux qui subissent les conséquences de la politique d’oppression et de régression sociale de Macron  est une nécessité. 

Une initiative politique claire et rassembleuse contre ce gouvernement néolibéral est attendue d’urgence par ceux qui se sont déjà levés à un moment ou un autre contre Macron et sa politique.

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