L’échec de Biden au débat entraîne une crise au sein du parti démocrate et des pressions en faveur d’un nouveau candidat

DIMANCHE 30 JUIN 2024, PAR DAN LA BOTZ

L’échec désastreux du président Joseph Biden lors de son débat télévisé avec son rival, l’ancien président Donald J. Trump, a entraîné une crise au sein du Parti démocrate, certains appelant le parti à choisir un nouveau candidat.
Au cours du débat, vu par 51,3 millions de téléspectateurs, les démocrates ont regardé avec angoisse Biden, 81 ans, s’exprimer d’une voix qui n’était parfois qu’un murmure bruyant, paraître faible, hésitant et parfois confus. Dans une réponse incohérente, Biden a terminé en disant “nous avons finalement battu Medicare”, un programme de santé gouvernemental qu’il s’est battu pour défendre et étendre.
La panique s’est immédiatement emparée du parti. Certains dirigeants et donateurs financiers du parti démocrate ont suggéré que le parti pourrait avoir besoin de trouver un nouveau candidat. Le New York Times, premier journal du pays, a publié un éditorial intitulé : “Pour servir son pays, le président Biden devrait quitter la course.” La convention nationale du parti démocrate, qui aura lieu du 19 au 22 août à Chicago, choisit en dernier ressort le candidat du parti et, si Biden est prêt à se retirer, pourrait sélectionner quelqu’un pour le remplacer. Biden lui-même a déclaré qu’il maintenait le cap.
Trump a remporté le débat en termes de performance, apparaissant fort dans son style typique de grandiloquence, de vantardise et de belligérance. Il a qualifié à plusieurs reprises Biden de “pire président”, de “pire commandant en chef”, d’un président qui avait créé la “pire frontière”, la “pire situation avec la Chine”. Il a prétendu faussement avoir eu pendant sa présidence la meilleure économie, la meilleure situation environnementale, les meilleurs programmes pour faire face au COVID. Il est revenu à plusieurs reprises sur l’attaque des politiques frontalières et d’immigration de Biden, affirmant que Biden “…a permis à des millions de personnes de venir ici depuis des prisons, des établissements pénitentiaires et des institutions psychiatriques pour entrer dans notre pays et le détruire.”
Trump a continué à attiser le ressentiment à l’égard des immigrés. Il a lancé des accusations grotesques contre Biden : “C’est lui qui a tué des gens avec la mauvaise frontière, y compris des centaines de milliers de personnes qui sont mortes, et qui a également tué nos citoyens lorsqu’ils entrent. Nous – nous vivons en ce moment dans un nid de rats. Ils tuent nos concitoyens à New York, en Californie, dans tous les États de l’Union, parce que nous n’avons plus de frontières.” Le meilleur débatteur aurait été mis au défi de répondre aux attaques et aux mensonges de Trump, et Biden était loin d’être le meilleur.
Quoi qu’il en soit, Biden n’a pas réussi à contrer les inquiétudes des électeurs qui pensent qu’il est trop vieux pour un autre mandat présidentiel.La question est de savoir ce qui se passera dans les deux prochaines semaines. Les dirigeants du parti – Barack Obama, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, l’actuel président de la Chambre des représentants Hakim Jeffries, le chef de la majorité au Sénat Chuck Schuster – et l’épouse de Biden, Jill, peuvent-ils être persuadés de lui demander de se retirer ?
Quels pourraient être les candidats alternatifs du Parti démocrate ? Plusieurs noms ont été évoqués. Tout d’abord, la vice-présidente Kamala Harris, bien qu’elle ne soit pas considérée comme efficace ou populaire, et qu’en tant que femme noire, elle pourrait avoir le plus de difficultés à remporter une élection. Parmi les autres possibilités, on trouve : Gavin Newsome, gouverneur de Californie, Gretchen Whitmer, gouverneur du Michigan, J.B. Pritzker, gouverneur de l’Illinois, Sherrod Brown, sénateur de l’Ohio. Si Biden devait se retirer, les 5 500 délégués des 50 États et de plusieurs territoires (comme Washington, D.C. et Porto Rico) choisiraient le nouveau candidat. Environ 15 % des délégués sont des superdélégués, c’est-à-dire d’anciens présidents, des leaders du Congrès, de gros donateurs, des fonctionnaires de longue date du parti et certains représentants syndicaux. On s’est récemment inquiété du fait que les délégués à la convention ne représentent pas suffisamment les Noirs et les Latinos. Les délégués progressistes, comme Alexandria Ocasio-Cortez, auront peu d’influence sur le choix du candidat du parti.
Les démocrates s’en tiendront-ils à Biden ? Nous devrions le savoir dans quelques semaines.
30 juin 2024

Communiqué du Comité français du RESU (Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine).

Paris, le 30 juin 2024

L’arrivée du RN au gouvernement en France serait un atout majeur pour Poutine, ferait son jeu, apporterait un appui à Trump, et pourrait avoir, en aggravant ou en relançant les restrictions, hésitations et ambigüités des gouvernements occidentaux, des implications directes sur le déroulement de la guerre. Le destin du peuple ukrainien résistant à l’invasion impérialiste russe et le destin du peuple français confronté à une crise de régime majeure offrant la possibilité au RN de gouverner, sont aujourd’hui liés.

Aujourd’hui, c’est hélas plus clair encore.

Bardella, premier ministre putatif, a déclaré ne pas pouvoir revenir sur la décision de livrer des armes à l’Ukraine ; toutefois il précise qu’il ne fournira que des armes « défensives »  à portée réduite. Il s’agit de protéger les arrières de l’envahisseur et de lier les mains à l’Ukraine pour la livrer à son agresseur russe.

Marine Le Pen vient de dire que le Président n’était pas le chef des armées (un titre honorifique) et donc  que seul le premier ministre décide.

Le fait que quatorze candidats RN ont été ou sont directement liés au pouvoir russe ne peut évidemment pas être étranger à cette position.

En marge du prêt russe au RN, 255 000euros ont été versés sur une fondation en échange d’interventions en faveur de Poutine au Parlement européen (source Médiapart). Faut-il encore s’attendre à d’autres révélations de forfaitures ?

Le Comité français du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine affirme que la défense de l’Ukraine et le combat pour empêcher le RN d’accéder au pouvoir en France sont liés.

Au premier tour nous avons appelé à voter Nouveau Front Populaire sur la base de son programme dont nous rappelons ici le passage concernant l’Ukraine:

« Défendre l’Ukraine et la paix sur le continent européen.

Pour faire échec à la guerre d’agression de Vladimir Poutine et pour qu’il réponde de ses crimes devant la justice internationale, nous défendrons indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l’intégrité de ses frontières, par la livraison d’armes nécessaires, l’annulation de sa dette extérieure, la saisine des avoirs des oligarques qui contribuent à l’effort de guerre russe dans le cadre permis par le droit international, l’envoi de casques bleus pour sécuriser les centrales nucléaires. Dans un contexte international de graves tensions et de retour de la guerre sur le continent européen, œuvrer au retour de la paix. »

En toute logique, le Comité français du RESU appelle à battre les candidats RN au deuxième tour.

L’heure n’est plus à l’hésitation

Toutes celles et tous ceux qui ne feraient pas clairement barrage au RN porteraient une lourde responsabilité.

Le premier droit d’un peuple c’est sa liberté et sa faculté à décider pour lui-même.

 Nous le voulons aussi bien pour le peuple ukrainien que pour nous-mêmes.

Editorial du 28/06/2024, par C. Jérémie : est-il minuit dans le siècle ?


“Jamais les dépenses militaires n’avaient autant progressé d’une année sur l’autre : +6,8% par rapport à 2022 à 2 443 milliards de dollars (…). Il s’agit de la plus forte augmentation depuis 2009 et du plus haut niveau jamais atteint par les budgets militaires dans le monde, souligne Stockholm Institute for Peace (SIPRI).”
Le Figaro indique que l’augmentation des budgets “défense” répond aux conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, sans oublier la montée des tensions militaires en Asie… au total, précise les Nations Unies”, quelque 55 conflits sont à l’œuvre sur la planète avec des affrontements qui s’intensifient !”
Les principaux pays en “paix” se préparent à la guerre. En Europe, malgré des divergences entre certains pays, l’OTAN se renforce sous contrôle américain, en achetant plus de 60% des armes… aux USA. L’industrie militaire est un véritable volant d’entraînement économique.
L’impérialisme US est bien sûr en tête avec 916 milliards de dollars consacrés à la “défense”, alors que la Chine affiche un budget de 296 milliards… En réalité, cette montée des périls est le produit direct d’une impitoyable concurrence mondiale. Chaque pays défend “son” marché, cherche à en conquérir d’autres. La “guerre économique” atteint maintenant des sommets. L’impérialisme, notait Trotsky, c’est l’explosion des forces productives hors du territoire national. Ainsi, les Américains s’inquiètent de la “route de la soie” et des surproductions chinoises dans de nombreux domaines qui lui permettent de “casser les prix”, d’inonder les marchés comme dans l’automobile électrique.
Le numéro 1 mondial affronte le numéro 2 : c’est un très gros morceau.
Mais la guerre peut également éclater pour des raisons proprement politiques. C’est évidemment le cas en Ukraine, à Gaza…
Certes, Poutine souhaite récupérer le marché ukrainien, mais l’invasion a pour premier objectif de restaurer la puissance de “L’Empire”, rayer de la carte l’Ukraine comme la Crimée, face à l’OTAN qui encercle la Russie.
De même, la guerre à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, a été déclenchée par l’attaque barbare du 7 octobre mais s’inscrit dans la politique israélienne pour expulser les Palestiniens de leur terre dès 1948.
Dans ces deux conflits, les forces et les faiblesses américaines sont spectaculaires.
Sans les armes américaines, ni l’Ukraine ni Tel Aviv ne pourraient faire face.
Mais, malgré sa puissance militaire, l’impérialisme américain n’est plus le gendarme incontesté du monde. Il l’était lorsqu’il partageait cette charge avec… la bureaucratie stalinienne soviétique dans la mise en œuvre de la “coexistence pacifique”. Ce n’est plus le cas, d’autant que : la lutte des classes internationale, la mobilisation des peuples ont, souvent, contraint les américains à reculer. Il en fut notamment ainsi au Vietnam, en Iran, en Libye, Afghanistan…
Récemment, les Américains, paniqués, se sont enfuis de Kaboul, abandonnant leurs alliés… L’instabilité fracture les USA. Au-delà du choc entre Biden et Trump, c’est toute la société américaine qui est divisée… fragmentée.
Face à Netanyahou, Biden donne de violents coups de volant dans tous les sens, le menaçant de stopper les approvisionnements militaires sans le faire vraiment. Il cherche un accord, quasi-impossible entre Israël, le Hamas et le Hezbollah, craignant un embrasement régional. Pour l’heure, il ne parvient pas à l’obtenir. Répétons-le : pour les Etats-Unis, l’ennemi premier c’est la Chine.
Depuis le 7 octobre, Israël craint pour sa… survie.
De fait, Tsahal a d’ores et déjà perdu la guerre à Gaza malgré sa puissance, les destructions, les massacres… Netanyahou, le barbare, provoque l’Iran pour échapper… à la prison, allumer une guerre régionale qui menacerait les Emirats, l’Egypte, la Jordanie etc. Pour les Américains comme les Européens, cette stratégie est irresponsable.
La période de relative stabilité des relations internationales a vécu. Sans oublier, des bulles financières qui menacent d’éclater. À certains égards, le panorama général fait penser à la situation des années… 1914. Un dérapage peut provoquer, par le jeu des alliances, un embrasement général.
Ce sont ces problèmes auxquels il faut réfléchir. Quelle politique préconiser alors que la “guerre est revenue” menaçant l’Europe et l’Asie ? Comment traduire aujourd’hui le “défaitisme révolutionnaire” ? La mobilisation de la jeunesse aux Etats-Unis contre les livraisons d’armes à Israël, politique parfaitement juste, doit nous faire réfléchir à la lutte contre l’OTAN. La définition d’une politique contre la militarisation économique et politique du monde est indispensable.
C’est dans ces conditions que le “petit” impérialisme français aborde la situation : la France, grand malade de l’Europe.
Paniqué par le résultat des élections européennes, Macron a dissout l’Assemblée Nationale ! Une décision politique folle pour sa majorité et la bourgeoisie dans son ensemble. La classe politique, unanime, a dénoncé cette décision.
Juché sur un cheval qui claudique, le petit Bonaparte, dorénavant, est seul. À la merci d’une victoire du parti d’extrême-droite et dans tous les cas, avec une Assemblée sans véritable majorité… ingouvernable ! Macron est lâché par les siens.
Il est fou, répètent les journalistes du Capital. Au lendemain du second tour, après la catastrophe, les médias se déchaîneront. C’est dans ces circonstances qu’en quelques jours, PS, LFI, Écologistes, PC, Place Publique ont construit un cartel politique, le Nouveau Front Populaire. Soyons clair : la victoire était possible. Le NFP pourrait submerger, battre Macronistes, LR et RN !

Il fallait déclencher une mobilisation politique unitaire, de masse !… Agir pour faire élire le candidat unique dans chaque circonscription.
Cette mobilisation des salariés, des exploités, des déclassés angoissés, des chômeurs, de la jeunesse pouvait l’emporter.
Jean-Luc Mélenchon ne l’a pas voulu. Il a saboté, multiplié les incidents, les provocations. Il a agi avec une rare brutalité pour interdire ce résultat.
1. Il a d’abord éjecté les députés sortants, anciens fondateurs de LFI, en désaccord avec lui ! Le mouvement “gazeux” a un chef. Un seul. Lui. Cet objectif nie l’exercice de la démocratie. 

2. Il a engagé une campagne de calomnie contre ses anciens camarades : Ruffin, Clémentine Autain, etc… qui refusent de le rallier. Présenté contre les exclus des candidats systématiquement choisis dans la “diversité”. Ainsi, ceux qui refusent cette saloperie sont taxés de racisme ! 

3. Jean-Luc Mélenchon, est-il antisémite ? Non, probablement pas. Ses acolytes, ça se discute… Le 7 octobre, un pogrom terroriste a assassiné 1 200 citoyens israéliens, femmes, enfants, vieillards… Des civils saisis comme otages. Évidemment, il convenait de dénoncer cet acte de barbarie dont la première conséquence a été de réaliser l’union nationale autour du gouvernement fasciste de Netanyahou, alors que des millions d’Israéliens avaient manifesté contre lui à la veille de l’agression. À Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem-est, la barbarie est à l’ordre du jour : Israël massacre à tout va. Près de 40 000 morts, dont des milliers d’enfants ! annonce le Hamas, plus d’une centaine de journalistes tués, dénonce l’ONU… ! 
C’est la pire barbarie. Mais – heureusement – ce n’est pas un génocide. Ce n’est pas la même chose. Les mots ont un sens. Tsahal n’a pas pour objectif de liquider le peuple palestinien mais de profiter du combat contre le Hamas pour tuer un maximum de Palestiniens. C’est différent. D’autant que le Hamas et le Hezbollah défendent chèrement leur peau. 
Au total, ce sont des actes ignobles, barbares, des crimes de guerre, mais pas un génocide. 

Il faudrait être plus long : rappeler l’importance historique des manifestations, tous les samedis dans la plupart des villes israéliennes, contre le gouvernement Netanyahou, pour un accord avec le Hamas, la libération des otages. En réalité, ni le gouvernement israélien, ni les dirigeants du Hamas, n’en veulent… Les USA s’avèrent, pour l’heure, incapables d’imposer un accord. Le soutien au peuple palestinien s’impose, va de soi pour des internationalistes. Mais ce soutien doit-il s’appliquer au Hamas, au Djihad Islamiste ?
Non. Tranquillement, non.
Nous avons appris de l’histoire. Ainsi, l’avant-garde, tous courants confondus, a soutenu qui le FLN, qui le MNA en Algérie. C’était une erreur. Il fallait évidemment dénoncer, combattre le colonialisme français, manifester sa solidarité active avec le peuple algérien. Mais ce combat n’impliquait pas le soutien, l’alignement sur des organisations fondamentalistes islamistes, combattant en tuant pêle-mêle colons, partisans de l’Algérie française et de l’Algérie algérienne, dressant les uns contre les autres. Nous n’avions pas à soutenir le FLN, sa politique, son affirmation islamiste. Une autre politique était possible.

Ainsi, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les trotskystes ont, en Bretagne, résisté en créant un journal franco-allemand “Arbeiter und Soldat”, rassemblant militants – soldats – anti-fascistes allemands et français ! La plupart furent emprisonnés, fusillés. Mais cette politique fut l’honneur des militants de la IVe Internationale. Aujourd’hui, soutenir les organisations fondamentalistes qui combattent pour détruire Israël “du Jourdain à la mer”, c’est tourner le dos à une politique internationaliste. Nourrir l’affrontement nationaliste. Développer l’antisémistisme dans le monde entier. Soutenir dans les faits le gouvernement israélien… Le Hamas et Netanyahou sont les meilleurs ennemis !
Jean-Luc Mélenchon et ses camarades ne sont pas antisémites mais, ils approchent… de la frontière, utilisant des formules folles. Ainsi, le leader de LFI dénonce un président d’université qu’il compare à… Eichmann ! Et plus tard, affirme que “l’antisémitisme est un phénomène résiduel” alors que les actes anti-juifs ont augmenté de 1 000 % ! Quelques jours après cette déclaration, une petite fille juive été violée par des jeunes antisémites… En soutenant des groupes ouvertement antisémites, Jean-Luc Mélenchon et ses camarades se déconsidèrent politiquement, frisent le pire. Ainsi, des candidats LFI “confondent” lutter contre la politique de Netanyahou et tous les israéliens y compris des millions d’opposants ! Un de leur candidat a dû être démis: il envoyait des messages antisémites… Quant aux alliés de LFI, c’est dramatique.
Exagération ?
Houria Bouteldja, fondatrice du Parti des indigènes de la République, écrit à propos des cinq exclusions de députés LFI sortant.
“Je me refuse à parler de purge. Je préfère la formule de “stratégie post-législatives”. Car il s’agit de députés de l’aide droite et ultra-laïcarde de la LFI, celle qui est prête à prendre langue avec les ennemis !”
Stupéfiant. Et félicitations pour les militants du POI qui mettent en oeuvre cette alliance avec la racaille antisémite, fondamentaliste, la plus réactionnaire…
Ces graines de fascistes soutiennent Jean-Luc Mélenchon comme les suprématistes américains soutiennent Trump et Israël ! Il y a quelques mois, Robert Duguet nous avait éclairé sur cette dérive digne des néo-socialistes d’avant-guerre.
Toute cette lie n’a rien à voir avec le mouvement ouvrier. La réalité c’est que Jean-Luc Mélenchon ne veut pas que le Nouveau Front Populaire l’emporte. Il serait alors menacé d’être marginalisé. Il est donc intervenu pour proposer à nouveau sa candidature à… Matignon, suscitant colère et réplique des autres partis de la NFP, brisant le cadre unitaire ! C’est lamentable.
Aujourd’hui, le leader de LFI est rejeté par une partie de l’électorat de gauche. Il s’en moque : Jean-Luc Mélenchon ne s’intéresse qu’à 2027, l’élection présidentielle.
Au lendemain des législatives, dans le chaos annoncé, le cartel politique “NFP” implosera. Cela aurait pu être, dû être, un cadre unitaire de mobilisation contre l’extrême-droite. Ce ne sera pas le cas. Il faudra, dans l’action, recréer l’unité sur d’autres bases pour combattre le poison d’extrême-droite.
Cette situation illustre une crise d’une ampleur nouvelle. Des affrontements inévitables.

De ces problèmes, nous discutons régulièrement en Zoom et en présence. Ainsi, nous débattons avec les camarades d’Aplutsoc, comme eux avec nous. C’est bien.
Ce qui serait positif, c’est que ces échanges se poursuivent également en commun avec les militants du PEPS et ceux, par exemple, de la Commission Internationale du NPA… Il faut jouer la démocratie, le débat à fond.
À 103 ans (!), Edgar Morin vient de publier un livre titré “S’il est minuit dans le siècle”, sous-titré : “La première et fondamentale résistance est celle de l’esprit.”
L’emprunt au livre de Victor Serge, publié à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, fait sens. Hitler, Mussolini, Franco, Salazar, dominaient l’Europe, tandis que Staline avait écrasé dans le sang, l’opposition en URSS et dans l’Internationale. Partout, les salariés étaient battus.
La nuit étant tombée sur le monde. La Seconde Guerre Mondiale allait éclater.
Edgar Morin poursuit :
“Nous allons vers de probables catastrophes. Est-ce le catastrophisme ?
Ce mot exorcise le mal et donne une sérénité illusoire. La polycrise que nous vivons sur toute la planète est une crise anthropologique : c’est la crise de l’humanité qui n’arrive pas à devenir Humanité. (…) Les tunnels ne sont pas interminables, le probable n’est pas certain, l’inattendu est toujours possible.”
Quelle lucidité. L’essentiel est dit. “L’inattendu est, en effet, toujours possible.”
Ce sont ces problèmes qu’il faut, entre autres, débroussailler. C’est sur ces questions qu’il faut travailler. Il faut débattre, camarades, faire vivre la démocratie ! Notre regroupement qui n’est surtout pas un groupe avec ses chefaillons, ses statuts, a cet objectif. C’est notre responsabilité.
Charles Jérémie

Déclaration de l’Intersyndicale

L’abstention et l’extrême droite ont atteint un record lors des élections européennes de ce 9 juin. Cette tendance est à l’œuvre dans toute l’Europe mais la France est le pays dans lequel les listes d’extrême droite font le score le plus élevé.

Les organisations syndicales alertent depuis des années sur la crise sociale et démocratique qui traverse notre pays. Un politique qui tourne le dos au social et qui crée déclassement, abandon de nos industries et de nos services publics, le passage en force contre la mobilisation historique contre la réforme des retraites, l’absence de perspectives de progrès et la banalisation des thèses racistes, constituent le terreau sur lequel l’extrême droite prospère.

En décidant de dissoudre l’Assemblée nationale, et d’organiser des élections législatives en trois semaines, après les premiers départs en vacances et à la veille des Jeux Olympiques, le président de la République prend une lourde responsabilité.

Il faut un sursaut démocratique et social. A défaut, l’extrême droite arrivera au pouvoir. Nous l’avons vue à l’œuvre dans l’histoire et aujourd’hui en Italie ou en Argentine par exemple : austérité pour les salaires et les services publics, réformes constitutionnelles remettant en cause l’indépendance de la justice et le rôle des syndicats, attaques contre les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, remise en cause du droit à l’IVG, politiques racistes qui mettent en opposition les travailleuses et les travailleurs en fonction de leur religion, de leur couleur ou de leur nationalité. Nous connaissons ses votes en France comme en Europe, ils sont toujours défavorables aux travailleuses et aux travailleurs.

Notre République et notre démocratie sont en danger. Il faut répondre à l’urgence sociale et environnementale et entendre les aspirations des travailleuses et des travailleurs et notamment :

  • Augmenter les salaires et les pensions ;
  • Revenir sur la réforme des retraites et sur celles de l’assurance chômage ;
  • Défendre nos services publics et en garantir l’accès à toutes et tous sans condition de nationalité et sur tout le territoire. Notre école, notre recherche, notre système de santé, de prise en charge de la dépendance, notre système de justice sont asphyxiés et ont besoin d’investissements massifs ;
  • Mettre fin à la verticalité du pouvoir en commençant par restaurer la démocratie sociale à tous les niveaux, entreprise, branche, territoire et interprofessionnel ;
  • Mettre en place des mesures de justice fiscale et notamment taxer les super profits, dividendes et rachats d’actions ;
  • Instaurer enfin l’égalité salariale et éradiquer les violences sexistes et sexuelles ;
  • Instaurer le droit à la régularisation pour tous les travailleurs et travailleuses étranger·es sur la base d’un certificat de travail ;
  • Relocaliser et transformer notre industrie pour répondre aux besoins sociaux en environnementaux en la protégeant du dumping social, fiscal et environnemental ;
  • Créer de nouveaux droits pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs d’anticiper les transformations environnementales et de sécuriser leur emploi ;

Dans l’immédiat, nous appelons le président de la République à la cohérence. L’Assemblée nationale est dissoute, les réformes doivent donc être interrompues étant donné qu’il n’y a plus aucun contrôle démocratique. Le gouvernement doit en particulier immédiatement renoncer à sa réforme de l’assurance chômage.

Nous appelons à manifester le plus largement possible ce week-end pour porter la nécessité d’alternatives de progrès pour le monde du travail.

Etat d’urgence populaire

En France,la dissolution de l’Assemblée nationale est ce qui fait événement dans cette période d’élections européennes.

Bien sûr, il faudra  analyser en détail les résultats européens, se pencher sur le cas Melloni en Italie dont le fascisme dure et s’adapte, examiner la percée verte et rouge en Scandinavie et le tableau sombre de la composition de la nouvelle assemblée européenne ainsi que les conséquences politiques qui en découlent.

Parfois la décision solitaire d’un homme placé là où il détonne peut bouleverser le cours  de l’histoire. Les dirigeants des partis de gauche y compris des membres de LFI se rencontraient depuis des mois pour préparer 2027 ;  les milieux d’affaire discutaient avec le RN dans la même perspective. Macron a cassé tous ces processus politiques et a instauré un état d’urgence politique, tout en plaçant la France sous le regard du monde.

Dans cette courte séquence de crise politique qui débouchera  inéluctablement en crise de régime, il faut revenir aux fondamentaux.

II y a danger. Le RN, tel un virus ,a investi toutes les couches de la société et se propage dans toutes les zones géographiques. 

La palinodie niçoise de Ciotti montre que le RN peut gouverner et être soutenu par davantage que l’aile droite de la bourgeoisie.

Urgence de la mobilisation, urgence de l’unité.

La déclaration de l’intersyndicale (moins FO) donne la base effective de la résistance. (Lire la déclaration plus bas sur notre site).Elle constitue la base programmatique de l’unité dont les partis de gauche devraient s’emparer pour la présentation de leurs candidats aux législatives.

L’appel  unitaire à manifester samedi , sur les bases du retrait des réformes (retraites, assurance chômage, immigration) et  sur celle de l’augmentation des salaires et des revenus peut permettre une réunification partielle du prolétariat. Il faut saluer cette initiative des syndicats qui, sans attendre les résultats des négociations des appareils politiques, organisent la riposte unitaire dans la rue. Cette capacité d’initiative des syndicats est précieuse dans cette période.

La décision des partis politiques de gauche de présenter un candidat unique dans les circonscriptions est aussi un point d’appui à la mobilisation.

Sur quel programme ? Un programme d’urgence, sauver la démocratie, combattre le racisme et l’antisémitisme, préserver les intérêts des salariés en appliquant les revendications des syndicats.

Dans tous les pays la question du programme de gouvernement se négocie après la victoire. Vouloir l’introduire en préalable est en fait un refus stratégique de l’unité. Nous savons que certains points ne peuvent souffrir de compromis (soutien à l’Ukraine, Cessez le feu à Gaza, libération des otages israéliens, condamnation du Hamas…) .

Il reste trois semaines 

– pour s’organiser à la base et faire campagne pour les candidats du  nouveau « Front populaire ».

       – pour contrôler que la volonté unitaire qui s’est exprimée dès les premiers résultats soit respectée .

Faire campagne c’est créer des comités de soutiens unitaires, c’est  convaincre les électeurs égarés de la nécessité du retour de la politique sur le terrain, dans la Cité.

C’est se réapproprier la politique.

Il reste trois semaines pour faire échouer ce qui est présenté comme inéluctable.

Contrecarrer les plans du RN et de la finance c’est une victoire.

Et sur cette victoire « partielle » peut se reconstruire une véritable politique de classe pour tous les exploités de cette société néolibérale.

Samedi 14h Place de la république à Paris. 

En province aussi. 

Tous dans la rue !!! .

La campagne pour l’unité contre le fascisme et les réformes néolibérales de Macron est en marche dans les quartiers, les villes, les campagnes.

Les partis qui se revendiquent de « gauche », les organisations de défense de la liberté et de la démocratie doivent se mettre au service de cette campagne.— 

Programme, candidature unique… Les partis de gauche appellent à créer un “nouveau Front populaire”

Hugues Garnier

lun. 10 juin 2024 à 10:40 PM UTC+2

“Quelques jours pour faire Front populaire”. Les principaux partis de gauche à savoir les Écologistes, la France Insoumise, le Parti communiste français, le Parti socialiste ainsi que Place publique et Génération⸱s appellent ce lundi 10 juin à la constitution d’un “nouveau front populaire rassemblant dans une forme inédite toutes les forces de gauche humanistes, syndicales, associatives et citoyennes”.

“Nous souhaitons porter un programme de ruptures sociales et écologiques pour construire une alternative à Emmanuel Macron et combattre le projet raciste de l’extrême droite”, peut-on lire dans la lettre ouverte publiée ce soir.

“Nous aurons besoin du peuple de France, du peuple de gauche”

“Nous voulons prendre devant vous le serment d’être unis jusqu’à la victoire”, a déclaré ce soir le patron du PCF Fabien Roussel devant le siège des Écologistes, après des heures de discussions des partis de gauche pour trouver un accord.

“Ne nous trahissez pas”, a scandé en retour la foule.

“Nous aurons besoin du peuple de France, du peuple de gauche”, a déclaré Olivier Faure, secrétaire général du PS. “Nous sommes un pays métissé, fier de ses différentes origines, qui se lève aujourd’hui pour dire non à l’extrême droite, oui à la gauche”, a-t-il ajouté.

Des candidatures uniques “dès le premier tour”

Les signataires affirment également dans leur lettre ouverte vouloir soutenir des candidatures uniques “dès le premier tour” dans chaque circonscription pour les élections législatives à venir.

“Elles porteront un programme de rupture détaillant les mesures à engager dans les 100 premiers jours du gouvernement du nouveau Front populaire”, écrivent encore les principaux partis.

Article original publié sur BFMTV.com

Une paix populaire, pas une paix impériale


Chers camarades,
Nous vous invitons – organisations et individus – à signer la déclaration « Ukraine : Une paix populaire, pas une paix impériale », que nous vous présentons avec cette lettre et le document ci-dessous.
Les mois à venir seront très difficiles pour la résistance ukrainienne contre les forces d’occupation russes. En coordination avec le gouvernement ukrainien, le gouvernement suisse organisera une conférence de paix internationale près de Lucerne les 15 et 16 juin. Nous pensons que cette conférence de paix est une occasion importante de sensibiliser à la lutte
d’autodéfense du peuple ukrainien contre l’occupation russe du point de vue des travailleurs-euses. C’est pourquoi nous voulons opposer aux ambitions de la conférence de paix officielle une perspective
internationaliste basée sur la solidarité et orientée vers une transformation sociale et écologique radicale dans toute l’Europe. Nous nous engageons ensemble pour l’autodétermination de l’Ukraine et en faveur du renversement démocratique du régime de Poutine.
Le Bewegung für den Sozialismus /Mouvement pour le socialisme (BFS/MPS) en Suisse et SolidaritéS –
organisation anticapitaliste, féministe et écosocialiste en Suisse, l’ONG socialiste démocratique Sotsialnyi Rukh en Ukraine, le collectif russe Posle Media et Emanzipation – Zeitschrift für ökosozialistische Strategie ont convenu de promouvoir une proclamation commune pour intervenir dans les débats internationaux sur les perspectives de paix.
Cette déclaration commune vise à atteindre trois objectifs :

  1. Initier un processus commun de compréhension entre les organisations, initiatives et collectifs
    médiatiques signataires sur la manière dont nous pouvons contribuer à consolider la solidarité avec la résistance ukrainienne.
  2. Stimuler des discussions approfondies sur l’autodétermination nationale, la rivalité interimpérialiste, la réflexion sur les blocs géopolitiques, le réarmement, les stratégies anti-impérialistes et écosocialistes et, en général, les mobilisations émancipatrices de la classe ouvrière, en particulier au sein des mouvements sociaux progressistes tels que le mouvement féministe, le mouvement écologiste, la solidarité migratoire et les syndicats.
  3. Initier un dialogue entre les signataires pour une compréhension programmatique et stratégique plus complète d’une transformation anticapitaliste et écosocialiste de l’ensemble du continent européen dans une perspective de solidarité mondiale.
    Nous demandons aux organisations socialistes, écosocialistes, féministes, non-autoritaires, anarchistes et écologistes radicales, aux initiatives et aux collectifs médiatiques en Europe et au-delà de l’Europe de signer cette déclaration d’ici le 14 juin.
    Nous essaierons de publier la déclaration aussi largement que possible au niveau international.
    Sur la base de la déclaration commune et de la discussion qui a été suscitée, nous aimerions continuer et approfondir la discussion entre les organisations signataires, les initiatives et les collectifs de médias.
    Nous commencerons cette discussion en organisant une conférence en ligne le 15 juin. Lors de cette conférence, des intervenant-e-s des organisations promotrices présenteront le contenu et les objectifs les plus importants de cette déclaration et suggéreront des idées pour la poursuite du débat politique et de la collaboration (de plus amples informations suivront).
    Les organisations sont priées d’envoyer la confirmation de leur signature avant le 14 juin à
    Joao_Woyzeck@proton.me et redaktion@emanzipation.org
    Particuliers, veuillez signer ici : https://forms.gle/EAPYSoJCHpWq4bHR6
    En toute solidarité, Joao Woyzeck pour le Mouvement pour le Socialisme et Christian Zeller pour emanzipation, le 4 juin 2024

    Déclaration commune d’organisations écosocialistes, anarchistes, féministes, environnemen-
    tales et de groupes en solidarité avec la résistance ukrainienne et pour une reconstruction so-
    ciale et écologique autodéterminée de l’Ukraine.
    Le gouvernement suisse organisera les 15 et 16 juin 2024 une conférence internationale pour un processus de paix en Ukraine sur la montagne Bürgenstock, près de Lucerne. Le gouvernement
    ukrainien soutient cette conférence. Cette conférence a lieu dans une phase décisive de la guerre. Depuis des mois, les forces d’invasion russes percent des brèches dans les défenses ukrainiennes et les repoussent, au prix de lourdes pertes. Les dirigeants russes ont annoncé une offensive majeure et s’en prennent à la population de Kharkiv, une ville qui compte des millions d’habitants.
    Nous soutenons toutes les mesures visant à instaurer une paix qui permette au peuple ukrainien de reconstruire le pays d’une manière autodéterminée. La paix exige le retrait complet des forces d’occupation russes de l’ensemble du territoire de l’Ukraine. Dans cette optique, nous espérons que la conférence de paix en Suisse contribuera au rétablissement de la souveraineté de l’Ukraine.
    Les conditions pour y parvenir sont extrêmement difficiles. Les représentants du régime de Poutine proclament régulièrement qu’ils ne reconnaissent pas une Ukraine indépendante et nient l’existence du peuple ukrainien. Le régime de Poutine poursuit un projet de Grande Russie, soumet les populations des territoires occupés à la terreur et vise à éradiquer la culture ukrainienne. Le régime au pouvoir en Russie commet régulièrement des crimes de guerre contre la population ukrainienne.
    L’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine, lancée le 24 février 2022, ne remet pas seulement en question l’indépendance de l’Ukraine. Elle encourage également d’autres régimes autoritaires à menacer des populations voisines, à occuper des territoires et à y expulser massivement des populations. Afin d’éviter toute résistance chez elle, l’armée russe recrute désormais aussi
    des habitants des pays voisins et du Sud pour servir de chair à canon.
    En raison de la résistance massive – et étonnante – de la population ukrainienne, les gouvernements d’Europe et d’Amérique du Nord ont commencé à soutenir l’armée ukrainienne dans sa défense contre les forces d’occupation russes. Cependant, ils soutiennent l’Ukraine pour affirmer leurs propres intérêts dans la rivalité impérialiste mondiale. Les États-Unis visent à affaiblir leur contrepartie russe tout en montrant leur force face à la Chine montante et en donnant le ton aux puissances européennes qui sont à la fois partenaires et rivales. Pourtant, bien que le Congrès
    américain ait finalement approuvé le 20 avril 2024 un programme d’aide conséquente pour l’Ukraine, qui avait été bloquée par le Parti républicain pendant neuf mois, le soutien à l’Ukraine
    est toujours resté sélectif et insuffisant. De même, les sanctions économiques imposées par les gouvernements de l’UE et des États-Unis à l’encontre de la Russie et des représentants du régime de Poutine sont sélectives, mal ciblées et insuffisantes. Elles n’empêchent pas la Russie de continuer à exporter du pétrole et du gaz, ainsi que d’autres matières premières stratégiquement importantes, qui alimentent son trésor de guerre. Certains pays européens ont même considérablementaugmenté leurs importations de GNL en provenance de Russie
    depuis le début de la guerre. D’autres, comme l’Autriche, obtiennent plus de 90 % de leurs importations de gaz naturel de la Russie. Les gouvernements de ces pays obligent les consommateurs de gaz à financer la guerre de Poutine contre la population ukrainienne.
    Le gouvernement suisse, hôte de la conférence de paix, a non seulement accordé des allègements fiscaux aux oligarques russes pendant des décennies, mais il a également refusé de confisquer
    les actifs de ces oligarques depuis le début de l’invasion russe à grande échelle. En tant que plaque tournante majeure du négoce international de matières premières, la Suisse offre depuis de
    nombreuses années aux capitaux russes d’excellentes possibilités d’acquérir des richesses. De nombreux politiciens bourgeois ont accueilli avec plaisir ces entreprises en Suisse. Par la vente de
    produits à double usage, la Suisse contribue à l’équipement de la machine de guerre russe. Enfin, le secteur financier suisse facilite le commerce du pétrole russe.
    Tant aux États-Unis qu’en Europe, de plus en plus de voix s’élèvent au sein de l’establishment politique et économique pour subordonner leur soutien à l’Ukraine à certaines conditions. Leur
    objectif est de faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle cède de vastes territoires et plusieurs millions d’habitants au régime de Poutine. Une telle paix, imposée par des puissances impériales
    majeures, renforcerait le régime de Poutine et ne parviendrait pas à jeter les bases d’une reconstruction démocratique durable de l’Ukraine.
    Nous avons besoin d’une paix fondée sur les intérêts de la popu- lation et des travailleurs-euses d’Ukraine et de Russie, et soutenue par eux. Une telle perspective ne peut aboutir que si les syn- dicats, les organisations de femmes, les initiatives environnementales et diverses organisations de la société civile d’Ukraine et de Russie aboutissent aux pourparlers de paix.
    L’occupation est un crime ! Nous sommes guidés par les prin- cipes d’auto-libération, d’émancipation et d’autodétermination de la classe ouvrière et de tous les peuples opprimés, au-delà des considérations géopolitiques. En ce sens, nous sommes également solidaires du peuple palestinien, qui lutte pour son autodétermination depuis des décennies. De même, nous soutenons les peuples kurde et arménien et tous les autres peuples menacés par l’oppression liée à une occupation, nationale et culturelle.
    Sur la base de notre positionnement, en soutenant la résistance ukrainienne contre l’occupation russe, nous voulons contribuer à développer une perspective européenne commune pour des ré-
    formes socio-écologiques radicales et, à terme, pour une transformation écosocialiste de l’ensemble du continent européen dans le cadre d’une solidarité mondiale.
    En soumettant cette déclaration à la discussion, nous voulons contribuer à un processus transnational de compréhension et de clarification politique entre les forces de gauche qui partagent ces convictions importantes dans toute l’Europe et au-delà.

  4. Nous, les organisations et initiatives soussignées, voulons promouvoirun processus de paix qui adhère aux 12 principes suivants.
  5. La réalisation d’une paix socialement juste et écologiquement durable exige le retrait inconditionnel et complet des forces d’occupation russes de l’Ukraine, le retour de l’ensemble du territoire
    à ses frontières internationalement reconnues.
  6. La Russie détruit systématiquement les villes, les infrastructures et l’environnement pour démoraliser la population et susciter une grande vague de réfugiés. Contre cette terreur quotidienne, nous exigeons que les gouvernements « occidentaux » soutiennent
    l’Ukraine dans la protection de sa population et de ses infrastructures contre les bombardements et les attaques par les missiles de la puissance d’occupation russe. Nous sommes favorables à un soutien humanitaire, économique et militaire massif des pays riches d’Europe en faveur de l’Ukraine. La population ukrainienne a un besoin urgent de protection contre les bombes et les roquettes
    russes.
  7. Nous nous opposons aux tentatives des gouvernements « occiden-taux », des représentants de l’OTAN et de l’UE de faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle fasse des concessions massives à la puissance occupante russe. Nous nous opposons à l’idée que l’Ukraine doive céder plusieurs millions de personnes au régime de Poutine.
    C’est uniquement au peuple ukrainien de décider comment faire face à cette situation atroce d’occupation continue et probablement croissante. Nous soutenons la résistance armée et non-armée des Ukrainiens contre la puissance d’occupation russe.
  8. Nous demandons que tous les Russes qui refusent le service militaire se voient accorder un statut de résident sûr dans les pays d’Europe et d’Amérique du Nord. La désertion massive est importante
    pour affaiblir la machine de guerre russe.
  9. Nous soutenons la lutte politique des syndicats ukrainiens, des organisations de femmes et des initiatives environnementales contre les politiques néolibérales anti-ouvrières du gouvernement du président Volodymyr Zelenskyy. Ces politiques sapent la défense de l’Ukraine contre l’occupation russe qui bénéficie d’un large soutien social, et rendent impossible une reconstruction socialement juste et écologiquement durable.
  10. Nous sommes solidaires du mouvement anti-guerre, de l’opposition démocratique et des luttes ouvrières indépendantes en Russie. Nous sommes également solidaires des nationalités opprimées en Russie qui souffrent particulièrement de la guerre et luttent pour leur auto-détermination. C’est leur jeunesse qui est utilisée comme chair à canon par le régime de Poutine. Ces mouvements sont un facteur clé pour parvenir à une paix juste et à une Russie démocratique.
  11. La Russie a emprisonné de nombreuses personnes originaires d’Ukraine en tant que prisonniers politiques. Beaucoup ont été condamnés à des décennies de prison et de camps pénitentiaires. Nous demandons leur libération inconditionnelle. Nous exigeons que la Croix-Rouge internationale soit autorisée à maintenir des contacts réguliers avec tous les prisonniers de guerre. La libération des prisonniers de guerre est une condition préalable à toute paix juste.
  12. La Russie doit payer des réparations au peuple ukrainien. Les oligarques de Russie et d’Ukraine doivent être expropriés. Leurs biens doivent être mis à la disposition de la reconstruction de l’Ukraineet, après la chute du régime de Poutine, du développement démocratique de la Russie.
  13. Nous exigeons que les gouvernements « occidentaux » annulent immédiatement les dettes de l’Ukraine. C’est une condition essentielle pour la reconstruction souveraine du pays. Les Etats riches
    d’Europe et d’Amérique du Nord doivent mettre en place des programmes de soutien complets et étendus en faveur du peuple ukrainien et de la reconstruction du pays. Cette reconstruction doit se
    faire sous le contrôle démocratique de la population, des syndicats,
    des initiatives écologiques, des organisations féministes et des quartiers organisés dans les villes et les villages.
  14. Nous nous opposons à tous les projets des gouvernements européens et nord-américains, ainsi que des organisations internationales, visant à imposer un programme économique néolibéral au
    peuple ukrainien. Cela prolongerait et aggraverait la pauvreté et la souffrance. Nous dénonçons également tous les efforts visant à solder les biens et les actifs de la population ukrainienne à des sociétés étrangères. Le redressement et la réorganisation de l’agriculture, de l’industrie, des systèmes énergétiques et de toute la base sociale doivent servir à la transformation socio-écologique de l’Ukraine, et non à la fourniture de main-d’oeuvre, de céréales et d’hydrogène
    bon marché aux pays d’Europe occidentale.
  15. Un soutien militaire efficace à l’Ukraine ne nécessite pas une nouvelle vague d’armements. Nous nous opposons aux programmes de réarmement de l’OTAN et aux exportations d’armes vers des pays tiers. Il faut au contraire que les pays d’Europe et d’Amérique du Nord fournissent, à partir de leurs immenses arsenaux existants, les armes qui aideront l’Ukraine à se défendre efficacement. En ce sens, nous demandons que l’industrie de l’armement ne serve pas les intérêts de profit du capital – au contraire, nous voulons travailler à l’appropriation sociale de l’industrie de l’armement. Cette industrie doit servir les intérêts immédiats de l’Ukraine. En même temps, pour des raisons écologiques sociales et urgentes, nous soulignons l’impératif de convertir démocratiquement l’industrie de l’armement en une production socialement utile à l’échelle mondiale.
  16. Nous voulons lancer un débat sur une réorganisation radicale de l’Europe. Nous voulons contribuer au développement d’une perspective européenne commune pour des réformes socio-écolo-
    giques radicales, et en particulier pour une transformation écosocialiste fondamentale de l’ensemble du continent européen dans le respect de la solidarité mondiale. Dans ce cadre conceptuel, nous soutenons la volonté du peuple ukrainien d’adhérer à l’UE, bien que
    nous rejetions les fondations néolibérales de l’UE qui appauvrissent des millions de personnes et favorisent un développement non qualifié en Europe. Nous considérons la perspective d’une adhé-
    sion de plusieurs pays d’Europe de l’Est et du Sud-Est comme une occasion de réfléchir ensemble à la manière dont un changement socio-écologique aussi radical peut être initié dans toute l’Europe,
    y compris une stratégie énergétique commune, une conversion industrielle écologique, des systèmes de retraite par répartition, une protection efficace du travail, une politique migratoire solidaire, des paiements de transfert interrégionaux et une sécurité militaire ralliant la sortie de l’industrie de l’armement. Les forces syndicales, féministes, écologiques, anti-autoritaires et socialistes d’Europe de l’Est devraient jouer un rôle important dans ce débat.
    Cette déclaration a été initiée conjointement par Sotsialnyi Rukh (Mouvement social) en Ukraine, Posle Media Collective en Russie, Bewe- gung für den Sozialismus / Mouvement pour le Socialisme en Suisse et solidaritéS – mouvement anticapitaliste, féministe, écosocialiste en
    Suisse, emanzipation – Zeitschrift für ökosozialistische Strategie (DE, AT, CH) et publiée le 4 juin 2024.
    Nous invitons toutes les organisations, groupes, initiatives, collectifs médiatiques et personnes intéressés à diffuser et à signer cette Déclaration d’ici le 14 juin. Veuillez envoyer la confirmation de votre signature à: Joao_Woyzeck@proton.me and redaktion@emanzipation.org
    Pour les personnes individuelles, veuillez signer ici: https://forms.gle/EAPYSoJCHpWq4bHR6

Les premières rencontres internationalistes organisées par la revue Adresses

Samedi 25 et dimanche 26 mai se sont tenues au Maltais Rouge les premières rencontres internationalistes organisée par la revue Adresses ,internationalisme et démocratie.

Ces rencontres se situaient dans l’espace défini par l’Appel pour une gauche démocratique et internationaliste publié par Leftrenewall qui identifie des bornes politiques qui permettent de délimiter une pensée véritable de l’émancipation.

Cela est illustré par les thèmes des deux ateliers de ce week-end.

Solidarité́ avec les Palestinien·nes pour leurs droits : défis et perspectives (débat introduit par Fabienne Messica)

Ukraine : un peuple en résistance
(débat introduit par Patrick Le Tréhondat

Des lecteurs et des lectrices engagé.es et des militant.es de différentes sensibilités ont pu échanger en toute sérénité malgré des désaccords évidents dès qu’il s’agissait de condamner et de qualifier les massacres du 7 octobre commis par le Hamas. Mais la discussion a pu se dérouler en affinant les arguments et non en échangeant slogans et mots d’ordre comme bien souvent. L’ensemble de l’auditoire se retrouvant dans le soutien au peuple palestinien et dans la discussion sur les perspectives politiques possibles sans que personne ne prétende détenir la vérité sinon la solution. Les échanges restent ouverts et peuvent s’enrichir.

Le soutien à l’Ukraine contre l’invasion impérialiste russe ne fit heureusement pas débat, nombre des participant.es faisant partie du Réseau européens de solidarité avec l’Ukraine. L’exposé et la discussion qui s’en suivit portait non sur une reprise de gauche de l’analyse géopolitique « officielle »mais sur la double résistance des jeunes et de la classe ouvrière à l’invasion poutinienne et à la politique néolibérale à l’œuvre dans la société ukrainienne. Les résistances au sein de la société russe et des républiques asservies par Moscou, bien que les éléments d’analyse soient parcellaires ,n’ont pas été oubliées. De nombreuses informations ont été échangées et une politique véritablement de gauche a commencé à être cernée de manière plus lisible que dans la production habituelle.

La revue a sans doute réussi à ouvrir une réflexion internationaliste et à tracer certaines perspectives sinon révolutionnaires du moins émancipatrices au moment où la confusion et la division règnent dans la gauche et chez les « révolutionnaires ».

Certes, nous devons rester modestes malgré le succès d’audience de la revue et la qualité de ces rencontres mais nous sommes maintenant dans l’obligation de poursuivre sur ce chemin, en pérennisant la revue Adresses et programmant des prochaines rencontres à la fin de cette année.

Un compte rendu de ces rencontres sera rédigé et publié avec les deux introductions aux débats. Il existe aussi un enregistrement de nos rencontres disponible en s’adressant à :

Adresses.la.revue@gmail.com

Appel de One Law For All contre le Projet de Cour Sikh en Angleterre.

Danger : Les autorités religieuses se rapprochent des droits des femmes minoritaires

Pendant de nombreuses années, certaines d’entre nous ont fait campagne contre le développement des conseils de la charia et la création du tribunal d’arbitrage musulman, car nous reconnaissons que tous ces systèmes religieux de résolution des litiges sont, par leur nature même, liés à une politique croissante de fondamentalisme religieux qui cible les droits et les libertés des femmes. Les conseils de la charia et le tribunal d’arbitrage suivaient, bien entendu, le modèle des tribunaux juifs Beth Din, et notre principale préoccupation était la possibilité très réelle que d’autres religions minoritaires insistent pour que leurs propres ordres juridiques personnels soient également pris en compte par l’État.

Il n’a pas fallu longtemps pour que notre crainte devienne réalité. À la liste des conseils et tribunaux de la charia musulmans et des Beth Dins juifs qui existent déjà, nous pouvons désormais ajouter le « tribunal » sikh, et nous pouvons être sûres que les hindous ne seront pas loin derrière.

En tant que femmes issues de diverses minorités – ayant fait de grands progrès dans la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes dans le cadre de notre lutte pour l’autodétermination – nous sommes alarmées par la croissance incontrôlée de ces systèmes juridiques parallèles au Royaume-Uni. L’utilisation de lois personnelles religieuses pour réglementer la vie des femmes appartenant à des minorités n’est pas seulement discriminatoire ; elle est également extrêmement préjudiciable dans un contexte où les violences domestiques et les fémicides qui en découlent pour les femmes d’Asie du Sud et d’autres minorités restent nombreuses et prennent un caractère de plus en plus audacieux.

En témoignent, par exemple, l’agression brutale d’Ambreen Fatima Sheikh à Huddersfield, laissée dans un état végétatif permanent après avoir été forcée à prendre des médicaments contre le diabète et aspergée d’une substance corrosive en 2015 ; le meurtre de Fawziyah Javed, poussée du haut d’une falaise à Édimbourg alors qu’elle était enceinte de 17 semaines en 2021 ; ou le cas de Kulsuma Aktar, poignardée à mort alors qu’elle poussait son fils dans un landau dans un centre commercial de Bradford en 2024. Toutes ces attaques se sont produites dans le contexte d’une dynamique ultra-patriarcale de coercition et de contrôle facilitée par des chefs religieux et communautaires qui, de manière flagrante, ne condamnent pas publiquement de telles atrocités.

La « Cour » sikhe a été créée en vertu de la loi de 1996 sur l’arbitrage, soi-disant pour pallier le « manque d’expertise » des tribunaux laïques qui ne sont pas en mesure de « comprendre » les sensibilités culturelles et religieuses des Sikhs lorsqu’il s’agit de résoudre des litiges familiaux et civils. Composée d’une trentaine de magistrat·es et de 15 juges – dont beaucoup sont des femmes – la « Cour » utilisera une combinaison de médiation et d’arbitrage pour présider les litiges familiaux et civils au sein de la communauté sikhe. Tout en reconnaissant que le sikhisme (comme l’hindouisme, mais contrairement à l’islam et au judaïsme) ne dispose pas d’un cadre juridico-religieux de règles codifiées pour juger les affaires, l’intention des fondateurs est claire : créer un ordre à partir de rien pour statuer sur des questions telles que le mariage et le divorce, la résidence/le contact/la garde des enfants et le règlement des biens matrimoniaux « conformément aux principes religieux sikhs » tels qu’ils les définissent.

Il est affirmé que la « Cour » a été créée à la suite de discussions avec des organisations caritatives et des avocats sikhs du monde entier, jusqu’à présent anonymes. Mais il n’y a pas eu de débat transparent et démocratique ni de consultation publique, en particulier avec les femmes sikhes, sur la nécessité d’une telle « Cour » ou sur ce qui constitue les principes sikhs. La « Cour » a simplement été proclamée par des avocats sikhs qui se sont clairement désignés comme les représentants de la communauté sikh et les gardiens de ses valeurs.

Le « tribunal » se présente comme un organe formel et professionnel, quasi légal, qui est prêt à adhérer à des règles d’engagement légales formelles. Cependant, il est clair que son véritable objectif est de monopoliser le pouvoir non étatique au sein de la communauté afin de contrôler les femmes.

Pour justifier son existence, un porte-parole de la « Cour » a souligné la prétendue incapacité des tribunaux laïques à tenir compte des valeurs « sikhes » dans une affaire concernant une femme sikhe divorcée qui, en tant que principale personne en charge de son jeune fils, avait soutenu sa décision de lui couper les cheveux, au mépris des souhaits de son père (son ex-mari). Le tribunal des affaires familiales a statué en faveur de la mère, mais il a été vivement critiqué par le porte-parole du « tribunal » sikh pour n’avoir pas tenu compte du principe sikh interdisant de couper les cheveux.

Cette interprétation de l’affaire ne fait aucune référence au contexte plus large de l’affaire : le contexte familial et l’histoire des relations, et en particulier les raisons du divorce des parents, sachant que la plupart des femmes d’Asie du Sud – y compris les femmes sikhes – n’envisagent même pas l’idée d’un divorce à moins qu’il n’y ait des allégations d’abus domestique et de contrôle coercitif. Il est significatif qu’elle ne tienne aucun compte du raisonnement qui sous-tend la décision du tribunal de la famille, ni d’ailleurs d’aucune évaluation professionnelle des souhaits, des sentiments et des besoins de l’enfant dans le cadre de l’application du principe juridique fondamental selon lequel « l’intérêt supérieur de l’enfant » doit toujours être primordial.

Cet exemple montre clairement que la priorité absolue du « tribunal » sikh est d’assurer la conformité religieuse dans l’intérêt du père plutôt que dans l’intérêt de l’enfant ou de la mère dans tout conflit familial. Dans cette mesure, sa position représente une lutte pour la préservation des droits du père qui fait écho à une bataille idéologique plus large menée par les hommes violents sur le fait que les tribunaux de la famille sont partiaux à leur égard. La demande trop familière de respect des valeurs religieuses, quelles que soient les circonstances, est un élément clé du modus operandi de tous les systèmes d’arbitrage religieux.

Nos inquiétudes ont été renforcées par l’affirmation selon laquelle le « tribunal » sikh traitera les cas de « violence domestique mineure » ainsi que les questions de « gestion de la colère, de jeu et de toxicomanie » par le biais de la médiation avant tout, et ensuite – si la médiation n’aboutit pas et que les parties sont d’accord – une affaire peut être portée devant un juge du « tribunal » sikh qui peut rendre un jugement juridiquement contraignant en vertu de la loi sur l’arbitrage de 1996. C’est l’un des aspects les plus troublants du fonctionnement de la Cour : il soulève des questions sur la manière dont le consentement est obtenu et qui définit ce qu’est une violence domestique « de bas niveau » ?

Nos années d’expérience en première ligne nous montrent que, lorsque des chefs religieux sont impliqués, les cas d’abus domestiques et sexuels et de contrôle coercitif sont presque toujours niés ou interprétés comme des problèmes « mineurs » de « gestion de la colère » qui peuvent être résolus par la médiation en vue de réconcilier les parties. Loin de procéder à une évaluation correcte des risques ou d’informer les femmes de leurs droits à la protection en vertu du droit civil ou pénal, ils ont tendance à balayer les problèmes sous le tapis, au mieux, et au pire, ils reprochent aux femmes de défier l’autorité patriarcale. Des  préoccupations similaires ont été exprimées par l’Independent Inquiry into Child Sexual Abuse (enquête indépendante sur les abus sexuels commis sur des enfants) dans son rapport 2021 axé spécifiquement sur les milieux religieux, dans lequel elle critiquait les autorités religieuses – dans les religions majoritaires et minoritaires – pour leurs « manquements flagrants » en matière de protection des enfants et pour avoir couvert des cas d’abus sexuels commis sur des enfants par leurs adeptes.

L’expérience montre également que la grande majorité des femmes appartenant à des minorités qui utilisent les systèmes de médiation et d’arbitrage communautaires le font non pas par choix, mais par contrainte sociale, par crainte de la stigmatisation, de l’isolement et même de répercussions violentes. Les patriarches religieux exploitent à leur détriment leur méconnaissance des droits légaux et des systèmes de soutien alternatifs, ainsi que les retards et les obstacles à l’accès aux conseils juridiques et à la représentation. Beaucoup racontent qu’elles sont rendues impuissantes par un processus qui ignore et invalide leurs besoins et leurs souhaits. La plupart d’entre elles sont très critiques et méfiantes à l’égard du pouvoir religieux et de son utilisation pour leur accorder un statut social et juridique inférieur à celui des hommes. Loin d’inspirer la confiance, ce système oblige les femmes à exercer une forme d’action très limitée : faire des choix contre leurs intérêts et dans des contextes où l’emprise de la religion leur a déjà laissé peu de marge de manœuvre.

Les ordres juridiques non étatiques – dont le « tribunal » sikh est le dernier né – n’ont qu’un seul objectif en tête : « préserver les valeurs religieuses » et, en particulier, le « caractère sacré du mariage » dans lequel les femmes sont censées jouer un rôle central. Nous savons par expérience que si les femmes sikhes de ce pays avaient été consultées sur la nécessité de tribunaux religieux, la majorité d’entre elles auraient établi une séparation claire entre la religion en tant que croyance personnelle et source de réconfort, et la religion en tant que base d’attribution des ressources et des droits au sein de la famille.

Le « tribunal » sikh a affirmé que son rôle n’était pas de supplanter, mais de compléter et de soutenir un système judiciaire de plus en plus surchargé, manquant de ressources et confronté à de longs délais. C’est évidemment vrai. Dans le cadre de sa politique d’austérité, l’État n’a que trop voulu détourner les ressources de ce qui est considéré comme des litiges coûteux et chronophages. À cette fin, les gouvernements successifs ont expressément encouragé l’utilisation de services de médiation informels et essentiellement privés dans les affaires familiales, à la fois pour réduire les coûts et pour s’attaquer idéologiquement à ce qui est perçu à tort comme une culture litigieuse des droits au Royaume-Uni. En décimant les services d’aide juridique et de protection sociale et en promouvant des politiques multiconfessionnelles, l’État a réussi à renforcer le pouvoir religieux élitiste et patriarcal tout en limitant l’accès des femmes minoritaires au système juridique formel et laïque, un système qui, malgré ses nombreux défauts, peut au moins être remis en question sur les questions de responsabilité, de droits et de justice.

Dans ce contexte, les forces religieuses de droite ne font que profiter de l’espace laissé vacant par l’État. L’ensemble du projet de « tribunal » sikh – comme les modèles qui l’ont précédé dans l’islam et le judaïsme – montre comment la religion s’installe dans le vide laissé par l’État et déploie ses muscles politiques, simplement parce qu’elle peut le faire.

Les droits des femmes minoritaires sont en péril au Royaume-Uni. Loin d’inverser l’assaut contre nos droits, l’État a facilité la création d’ordres juridiques non étatiques antidémocratiques impliquant des systèmes d’arbitrage religieux qui bafouent la législation nationale et internationale en matière de droits de l’homme. Ce faisant, toute la philosophie de protection et de prévention qui sous-tend la loi de 2021 sur les violences domestiques, tout comme les principes de non-discrimination et d’égalité des chances inscrits dans la loi de 2010 sur l’égalité, sont sérieusement mis à mal. De même, les principaux principes de la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes – qui obligent les États à éradiquer la discrimination à l’égard des femmes dans tous les domaines, y compris en ce qui concerne le mariage et les relations familiales, afin qu’elles puissent exercer un choix éclairé – sont également violés. La Convention d’Istanbul sur la violence à l’égard des femmes, qui engage le Royaume-Uni à s’abstenir de tolérer ou d’encourager les attitudes néfastes, les préjugés, les stéréotypes sexistes et les coutumes ou traditions sexistes qui rabaissent les femmes et les traitent comme des êtres inférieurs, est ainsi compromise.

En effet, le fossé de la justice pour les femmes issues de minorités s’est creusé et est devenu encore plus dangereux. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre pour empêcher que la loi de 1996 sur l’arbitrage ne soit utilisée par les autorités religieuses pour saper les principes des droits de l’homme, de l’égalité devant la loi, du devoir de diligence, de la diligence raisonnable et de l’État de droit. Nous demandons au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l’application de ces principes dans la sphère privée de la famille et à toutes les femmes dans toutes les communautés. Agir autrement reviendrait à permettre aux autorités religieuses de construire un nouvel échelon pour appuyer leurs tentatives de jeter les bases d’un régime d’apartheid sexuel dans les communautés minoritaires.

Nous remercions One Law for All et Project Resist de nous avoir autorisés à reproduire cet article.

https://feministdissent.org/blog-posts/in-peril-religious-authorities-are-closing-in-on-minority-womens-rights