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Du passé faisons table rase, par Bernard Fischer

C’est le moment du bilan du mouvement social du premier semestre 2023 pour la défense des retraites.

Ce bilan est difficilement contestable. C’est une victoire du gouvernement d’Emmanuel Macron et c’est une défaite de l’intersyndicale.

Après vingt ans de défaites syndicales successives, ce bilan était facilement prévisible. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. C’est une nouvelle démonstration selon laquelle il n’y a pas d’issue syndicale. Toutes les stratégies syndicales sont des stratégies perdantes, en particulier les deux principales d’entre elles, la stratégie des journées d’action et la stratégie des grèves reconductibles minoritaires dans un certain nombre de catégories professionnelles.

Après cinq mois de mobilisation, les questions les plus simples sont toujours sans réponse. Le mouvement social de cette année était-il seulement un mouvement syndical contre le report de l’âge de départ en retraite ou bien était-il un mouvement politique contre la totalité de la politique du gouvernement ?

Il y avait cette année le problème supplémentaire de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT). Il y avait très peu sinon pas du tout d’auto organisation du mouvement. Le mouvement était totalement sous la direction de l’intersyndicale et l’intersyndicale était totalement sous la direction de la CFDT. Il y avait une incompréhension totale du sens de l’unité syndicale. L’unité syndicale n’était pas positive en soi. Ce n’était pas un tournant à gauche de la CFDT, c’était un tournant à droite de la Confédération Générale du Travail (CGT).

L’unité syndicale de cette année était la répétition générale de l’unité politique d’il y a cinquante ans. Il y a cinquante ans, la signature du programme commun de l’union de la gauche entre le Parti Socialiste et le Parti Communiste Français (PCF) provoquait une inversion du rapport de force entre le Parti Socialiste et le PCF. L’union de la gauche sous la direction du Parti Socialiste précipitait la crise du PCF. De la même manière, l’intersyndicale entre la CGT et la CFDT sous la direction de la CFDT précipitera la crise de la CGT.

L’échec du mouvement social de cette année est aussi la dernière conséquence de la crise dramatique de la gauche et de l’extrême gauche politique française. 

C’est aussi une question de composition interne. La domination du Mouvement de la France Insoumise (MFI) est la domination d’un mouvement totalement antidémocratique et le seul sens de la Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale (NUPES) est la dernière tentative de sauvetage des vieux appareils du Parti Socialiste et du PCF.

Il y a surtout un problème d’action politique. La totalité des moyens d’action de la Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale et du MFI étaient des moyens d’action à l’intérieur des institutions de la cinquième république et ces institutions confirmaient encore une fois leur caractère totalement antidémocratique.

Aucune force politique institutionnelle ne posait la question de revendications ou de moyens d’action radicale, comme par exemple la désobéissance civile, la convocation d’une assemblée constituante souveraine, l’occupation de l’intérieur de l’Assemblée Nationale par les députés de gauche ou bien à l’inverse leur démission collective pour l’organisation d’autant d’élections législatives partielles.

Il faut vraiment de nouvelles formes d’organisation et d’action politique et syndicale. Cela prendra du temps.    

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