20/05/2025
À propos des obligations de la dette ukrainienne et de la nécessité d’annuler la dette économique afin de soutenir notre souveraineté et notre indépendance.
Fin avril, les négociations entre l’Ukraine et les détenteurs de dettes privées d’avant-guerre d’un montant de 2,6 milliards de dollars américains sur la restructuration de ces dettes se sont soldées par un échec. L’Ukraine a demandé l’annulation de cette dette, ainsi que celle d’autres créanciers, compte tenu de la destruction en cours et de la nécessité de se protéger contre l’agression russe.
Cette dette résulte d’une restructuration de la dette privée en 2015. À l’époque, afin d’obtenir l’accord des créanciers, l’Ukraine leur avait proposé de nouvelles obligations dont les paiements étaient liés à la croissance du PIB (warrants sur le PIB). Certains détenteurs de ces obligations ont la réputation d’être des « fonds vautours » en raison de leurs actions prédatrices passées dans d’autres pays accablés par des dettes extérieures injustement élevées, notamment en intentant des poursuites judiciaires contre ces pays devant la Haute Cour britannique.
Le montant des obligations indexées sur le PIB est relativement faible par rapport au total des dettes privées de l’Ukraine. Toutefois, il pourrait devenir très lourd pour l’Ukraine et entraver sa reprise après la guerre. Les détenteurs d’obligations reçoivent des paiements lorsque l’économie ukrainienne croît.
À la suite de l’invasion russe, l’économie ukrainienne a chuté de près de 30 % en 2022. Un soutien occidental important a permis à l’économie de renouer avec la croissance en 2023. Compte tenu du soutien continu de l’Occident et des perspectives de reconstruction après les ravages causés par la guerre, l’économie devrait continuer à croître. Cela signifie que les investisseurs d’avant-guerre peuvent s’attendre à recevoir des paiements année après année. Si le PIB de l’Ukraine est en croissance, il part toutefois d’un niveau très bas. En outre, une grande partie de cette croissance est due aux dépenses militaires, qui ne créent pas de valeur ajoutée à l’exportation mais apparaissent nominalement comme une croissance.
Par conséquent, l’Ukraine devra honorer ses obligations de paiement en réaffectant une partie de l’aide occidentale destinée à la défense et à la reconstruction à ses créanciers. Les obligations indexées ne sont pas adaptées à une situation d’urgence causée par une guerre à grande échelle, car leurs taux de croissance sont irréguliers. En outre, elles sont de nature asymétrique, car elles permettent aux créanciers de bénéficier d’une reprise économique sans supporter le risque d’un ralentissement. C’est pourquoi le ministre ukrainien des Finances a déclaré publiquement que les obligations indexées de 2015 avaient été créées pour « un monde qui n’existe plus ».
Cependant, les créanciers continuent d’exiger des profits importants, même si la croissance économique n’est qu’un rebond après les effets de l’agression russe et non le signe d’une prospérité rapide. Le montant total des remboursements pourrait passer de 2,6 milliards de dollars américains à 6,6 milliards de dollars américains à l’échéance des obligations. De cette manière, certains fonds spéculatifs avides cherchent à réaliser des profits colossaux au détriment de la vie des citoyens et de l’avenir de l’Ukraine. Le premier paiement de 542 millions de dollars est prévu début juin.
Cela ne doit pas arriver ! Nous devons empêcher que l’Ukraine soit déstabilisée par la fuite de profits prédateurs vers des fonds spéculatifs. Le G7, y compris le Royaume-Uni, puisque les obligations sont soumises au droit anglais, devrait soutenir l’Ukraine sur les plans politique, juridique et financier afin de faciliter le défaut de paiement des obligations indexées sur le PIB et de les restructurer pour permettre l’allègement de la dette nécessaire à la reconstruction et à la reprise. Étant donné que l’Ukraine négocie de bonne foi avec ses créanciers et que le blocus est levé par ces derniers, le FMI devrait également maintenir son soutien même si l’Ukraine se trouve en défaut de paiement des obligations indexées.
Au cours des récentes discussions qui ont échoué, le gouvernement ukrainien a exigé à juste titre des concessions de la part des détenteurs d’obligations indexées, à savoir qu’ils convertissent leurs obligations liées au PIB en obligations ordinaires ou qu’ils accordent des congés de paiement au moins similaires à ceux accordés aux détenteurs d’obligations ordinaires. Ces deux options constituent des mesures positives, mais elles ne suffisent pas à réduire la dette extérieure de l’Ukraine à un niveau qui lui permettra d’attirer les investissements privés nécessaires après la guerre.
Nous exhortons donc le gouvernement ukrainien à :
Rejeter les demandes de paiement des détenteurs d’obligations indexées sur le PIB et insister sur une restructuration complète des obligations conformément aux conditions proposées par les autres créanciers extérieurs !
Nous appelons les partisans occidentaux de l’Ukraine :
À exprimer leur soutien sans équivoque aux autorités ukrainiennes dans leurs efforts pour trouver une solution durable à ce problème, notamment en veillant à ce qu’aucun tribunal européen ne puisse contraindre les détenteurs d’obligations indexées à faire valoir leurs droits à l’encontre de l’Ukraine !
Cet appel est soutenu par :
Mouvement social (Ukraine)
erlassjahr.de – Entwicklung braucht Entschuldung (Jubilee Germany)
Debt Justice (Royaume-Uni)
Initiative Solidarität mit ukrainischen Gewerkschaften – Humanitäre Hilfe (Allemagne)
Réseau européen sur la dette et le développement (Eurodad) (Belgique)
CCFD-Terre Solidaire (France)
Plateforme française dette & développement (France)
Traduction Deepl Revue ML