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 L’État des choses .

Où en est la France?

  CHARLES JEREMIE                      

En l’an 2000, la part de l’industrie française est passée de 18,9 % à 13,1 et en Allemagne de 26,6 à 24 %… La France affiche un déficit record de 110 milliards d’euros (!) et l’Allemagne un excèdent de 184 milliards. Enfin, la dette à Paris représente 113 % du PIB contre 66 % à Berlin… 

Le rapport de force, économique donc politique, est définitivement en faveur de Berlin. Le couple franco-allemand n’existe plus. Le divorce n’est pas encore prononcé mais la séparation de corps actée. 

Avec son richissime allié, les Pays-Bas, le soutien de la plupart des pays d’Europe de l’Est, la BCE installée à Francfort, l’Allemagne domine l’Europe : elle joue encore la modeste mais ça ne durera pas. Toujours la puissance économique va de pair avec la puissance militaire. Le Capital avec L’Épée. Ainsi le Chancelier Scholz vient de mettre 100 milliards (!) sur la table pour financer sa défense. Dans quelques années, Berlin disposera d’une armée modernisée, la première du continent… 

Derrière les USA et la Chine, l’Allemagne lorgne la 3ème place, alors que la France chute d’années en années dans les profondeurs du classement mondial. 

Plus grave : expulsée manu-militari, du Mali, du Burkina, du Niger, la France-Afrique est réduite à quia au profit des Chinois, des Russes et surtout… des américains. 

La rupture diplomatique avec le Maroc complète ce désastreux bilan. 

Macron s’avère incapable de défendre les intérêts de l’Impérialisme français. Il improvise, affirme, se contredit, dit blanc à Jérusalem, noir à Oman, gris au Caire. 

Pour la première fois dans l’histoire du Quai d’Orsay, dix diplomates se sont exprimés pour s’inquiéter de ce fiasco. 

Malgré la force de frappe atomique, la France joue maintenant en deuxième division. Ce n’est pas rien. Lorsqu’on analyse la situation intérieure, il faut donc avoir cette réalité politique à l’esprit. 

A l’extérieur, le pays vacille sans allié ni stratégie. A l’intérieur, la bourgeoisie maintient son pouvoir, grâce à la Constitution, l’appareil de répression et… les subventions de l’État. En fait, embourbé, toutes classes confondues, le pays est inquiet : les citoyens sont confusément conscients de cette impuissance. Les classes moyennes voient leur pouvoir d’achat fondre, les prix augmentent, alors que les services publics agonisent… Le trafic de drogue gagne les villes moyennes, avec son lot de règlements de compte. Le sentiment d’insécurité exaspère, le racisme progresse, les émigrés évidemment désignés comme des ennemis. Pour la première fois depuis l’OAS, des groupes fascistes osent prendre la rue, tentent d’organiser des ratonnades. 

Sur cette question, il faut être clair. La bourgeoisie craint la victoire de l’extrême droite (RN), de l’extrême-extrême droite (Zemmour), encore moins des groupes fascistes : c’est la 

politique réactionnaire de Macron qui crée les conditions de cette hypothèse mais c’est… involontaire.
Il n’y a pas actuellement de danger fasciste mais il faut rester vigilant (1), d’autant que la guerre à Gaza fait prospérer antisémitisme et racisme… Ces événements favorisent bien sûr le RN. Marine Le Pen parle peu mais engrange des électeurs. 

Le néo-libéralisme détruit tout sur son passage. Macron est faible, zigzague, hésite, craint une riposte populaire voire l’émeute mais ne lâche rien, reçoit claque sur claque à l’assemblée (2) mais tient bon sur sa politique, d’autant que malgré l’ampleur de la mobilisation des salariés il a gagné la bataille des retraites. 

Le salariat se remettra-t-il rapidement de cet échec ? C’est une des questions qui se pose à la veille de la nouvelle année. 

Pour avoir une chance de gagner, il faut affronter, frapper le sommet des institutions. 

Ceux qui affirment que les luttes qui se “multiplient” l’emporteront, racontent des balivernes. La lutte des classes est nationale dans sa forme, internationale dans son contenu, or les événements en Israël, en Ukraine, ne portent pas à l’optimisme. 

Le rejet des partis traditionnels total, favorise pour l’heure les aventuriers du Capital. Le résultat des élections en Argentine, Pays-Bas, hier en Italie, les progrès de l’AFD en Allemagne illustrent cette réalité. Les leaders libertariens mènent la danse. Nous vivons une période de réaction internationale. Ce n’est pas la fin du monde mais il faut l’admettre pour combattre. 

Lors d’un échange vidéo, un camarade a proposé de réfléchir à un nouveau logiciel politique qui tienne compte de cette explosive situation, de cette nouvelle configuration. Il a raison. “Les programmes politiques s’usent avec les générations qui les portent” explique Léon Trotsky. 

Revenons en Europe. 

Malgré sa puissance, l’Allemagne est en partie dans l’impasse. La Cour Constitutionnelle vient de censurer le projet de budget ce qui outre Rhin est très grave. 

Le gouvernement de “coalition” bafouille, se contredit, finit par céder aux injonctions en rognant les dépenses sociales. Evidemment, le SPD perd les élections régionales… Un expert déclare au Figaro : une telle situation politique est inédite depuis l’après-guerre… En somme, le “banquier” européen est également menacé d’une nouvelle crise économique et financière. 

Enfin, la situation sociale, politique, en Chine est explosive. Américains suivis par d’autres bourgeoisies “relocalisent” de nombreux projets industriels. La concurrence entre les deux mastodontes est d’une violence extrême et le calendrier électoral américain va radicaliser cette situation d’autant que le chômage des jeunes explose à Pékin. 

L’incertitude politique domine. 

Ainsi, les “crises” européennes, américaines, chinoises, se nourrissent alors que la catastrophe écologique menace l’Humanité. La Cop28 était présidée par le patron d’une major pétrolière ! Une caricature. 

Guerres, crises écologiques, économiques, sociales, politiques : la barbarie gagne du terrain. L’analyse exhaustive de cette situation est nécessaire. L’existence d’une revue internationale prend ici sa pleine utilité. 

C.J. 

  1. (1)  : le groupe de Vincent Bolloré (Canal+, C8, CNews, Europe1, le JDD, Havas, etc.) fait campagne pour Zemmour et ses amis. Pour l’heure c’est une exception. 
  2. (2)  : voir l’affaire de la loi sur l’immigration. Je conseille de lire dans Le Figaro du 14 décembre, la chronique de Luc Ferry. Remarquable analyse. Titre : “Après la droite et la gauche, la mort du Macronisme !” 

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