Réseau Bastille action,action-accueil,discussion,discussion-accueil POUR UNE GAUCHE DEMOCRATIQUE ET INTERNATIONALISTE.

POUR UNE GAUCHE DEMOCRATIQUE ET INTERNATIONALISTE.

Une contribution au renouveau et à la transformation de la gauche

Ce texte est soumis à signatures et sera réédité dans une traduction plus adaptée avec les signataires.
Toutes les références sont à la fin du texte. (Cette traduction provient de Entre les lignes entre les mots)
NDLR. ML

Cela fait maintenant plusieurs semaines que nous assistons, horrifié·es, jour après jour, à l’augmentation du nombre de victimes civiles à Gaza. Nous sommes consterné·es et indigné·es par la punition collective infligée aux habitants·e de Gaza par les forces de défense israéliennes, par la violence croissante des colons en Cisjordanie et par la répression exercée par l’État et les foules de droite à l’encontre des citoyen·nes palestinien·nes d’Israël. Aux États-Unis, en Europe, en Inde et ailleurs, l’activisme palestinien dans son ensemble est diabolisé par de nombreux politiciens et une grande partie des médias et, dans certains cas, criminalisé par l’État. La plupart des reportages occidentaux sur Israël/Palestine sont imprégnés de racisme civilisationnel, présentant souvent les Israélien·nes comme des personnes modernes, occidentales et civilisées, dont la souffrance est en quelque sorte plus réelle et plus importante que celle des Palestinien·nse. La déshumanisation raciste des musulmans·e et des Arabes contribue à la souffrance des Palestinien·nes.

Dans ce contexte, il est compréhensible que l’on veuille se concentrer uniquement sur l’immédiat. On peut avoir l’impression que ce n’est pas le bon moment pour parler de ce qui ne va pas dans l’activisme de la gauche en Israël/Palestine, et de la gauche en général.

Mais nous pensons que face à la crise, l’auto-réflexion est plus, et non moins, importante. C’est maintenant, et non plus tard, que nous devons réfléchir de manière critique à la question de savoir si les perspectives dominantes dans nos mouvements, au sens large, sont les bonnes pour obtenir des changements.

Beaucoup de ce qui se dit et se croit à gauche sur l’impérialisme et l’anti-impérialisme, le nationalisme et l’internationalisme, le racisme, l’islamisme et bien d’autres sujets, est, à nos yeux, profondément erroné et parfois réactionnaire.

Trop de gauchistes ont défendu ou même célébré le massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas et le Jihad islamique dans le sud d’Israël. Il s’agit là, selon nous, d’une expression de ces analyses erronées et de ces tendances réactionnaires.

Nous sommes des militant·es et des organisateurs et des organisatrices de gauche de longue date. Dans ce texte, nous voulons nous engager dans les débats de la gauche et, par ce biais, faire savoir à celles et ceux qui ressentent la même chose que nous qu’elles et ils ne sont pas seul·es. C’est aussi une invitation aux autres gauchistes à nous rejoindre pour prendre position contre l’antisémitisme, l’antiracisme tronqué, le campisme, le nationalisme, les accommodements avec l’islamisme et d’autres alliances gauche-droite. Nous écrivons dans l’espoir qu’une meilleure gauche internationaliste est possible.

Le but de notre critique n’est pas de tempérer le soutien de la gauche aux droits et à la liberté des Palestinien·nes, mais de ré-ancrer ce soutien dans un projet démocratique, internationaliste de base, et donc véritablement universaliste. Nous voulons une gauche qui lutte plus efficacement non seulement pour les droits des Palestinien·nes, mais aussi pour la démocratie, l’égalité et la liberté pour tous.

Alors que de nombreuses images provenant des frontières de Gaza le 7 octobre montraient des civil·es franchissant des clôtures, en milieu de matinée, il était clair que le Hamas et ses alliés avaient brutalement assassiné un grand nombre de civil·es non armé·es et en avaient kidnappé d’autres. Les victimes étaient âgées et jeunes, et comprenaient des survivant·Ês de l’Holocauste, des travailleurs et des travailleuses agricoles migrant·es et des Arabes bédouin·es. Il existe des preuves évidentes de torture et de violence sexuelle extrême. L’ampleur et la brutalité des attaques ont provoqué des vagues de peur et de traumatisme non seulement dans la société israélienne, mais aussi dans toute la diaspora juive mondiale, à une époque où la plupart des Juifs et des Juives – sionistes ou non – ont des liens multiples avec Israël. Le massacre du 7 octobre et les attaques à la roquette contre des civil·es israélien·nes sont des actes d’une cruauté sans nom qui causent une profonde douleur aux Juifs et Juives d’Israël et de la diaspora.

Mais l’apologie par une grande partie de l’extrême gauche de la violence du Hamas contre les civil·es révèle non seulement un manque de compassion humaine élémentaire, mais aussi une évaluation erronée du Hamas en tant que force politique. Le Hamas n’est pas simplement l’expression abstraite d’une « résistance » à Israël. Il mène ses actions dans la poursuite de ses propres objectifs politiques – des objectifs qui sont fondamentalement réactionnaires. Éluder ces objectifs sur la base d’un soutien inconditionnel à la « résistance » (quelle qu’elle soit) revient à nier l’action palestinienne, à réduire les Palestinien·nes à une simple force réactive, incapable de faire des choix politiques. S’opposer au Hamas ne consiste pas à « dire aux Palestinien·nes comment résister », mais à se ranger du côté des Palestinien·nes qui s’opposent également au Hamas et prônent une véritable résistance, sur une base politique différente.

Les actions du Hamas ont été suivies d’une réponse massive de l’État israélien – comme le Hamas savait que ce serait le cas, et comptait d’ailleurs sur cette réponse. Nous le répètons : nous sommes consterné·es et opposé·es aux attaques de l’État israélien contre la vie civile et les infrastructures à Gaza, au déplacement des populations palestiniennes, au langage déshumanisant et aux propositions de nettoyage ethnique des politiciens israéliens, aux plans de colonisation de Gaza et à la violence des colons et des forces de sécurité israéliennes contre les Palestinien·nes en Cisjordanie. Nous soutenons la lutte pour les droits des Palestiniens·ne et nous nous opposons à la violence et à l’occupation de l’État israélien.

Mais pour que nos mouvements soient efficaces dans la poursuite de leurs objectifs démocratiques et émancipateurs, il faut qu’il y ait un espace pour la réflexion et la critique des impulsions au sein de la politique de gauche qui vont à l’encontre de ces objectifs.

Reconnaître et mettre l’accent sur la souffrance actuelle des Palestinien·nes ne signifie pas que nous ne pouvons pas aussi réfléchir sérieusement à ce qui pourrait être erroné dans de nombreuses réactions de la gauche au 7 octobre, et plus largement dans les perspectives de la gauche.

Dans le sillage des attentats, les incidents antisémites – y compris les attaques violentes ainsi que les incidents de harcèlement en ligne et en personne – se sont multipliés dans le monde entier. Le discours antisémite s’est propagé de manière virale sur les médias sociaux et dans les rues. Le racisme antimusulman a également augmenté de façon spectaculaire. L’extrême droite a profité du conflit pour atteindre de nouveaux publics, parmi les partisans et les adversaires d’Israël. La polarisation et la division croissantes ont contribué à déshumaniser non seulement les Israélien·nes et les Palestinien·nes, mais aussi les Juifs/Juives, les Musulman·es et les Arabes du monde entier, et à approfondir une culture de la compétition à somme nulle entre victimes au lieu de la solidarité.

Nous nous opposons aux tentatives de rejeter, de diaboliser ou même de criminaliser tout activisme de solidarité avec la Palestine en raison de la présence d’antisémitisme au sein du mouvement et de la gauche en général – néanmoins, une confrontation avec l’antisémitisme reste nécessaire.

Il ne s’agit pas d’une question de relations publiques ou d’« optique ». La raison pour laquelle il faut affronter l’antisémitisme lorsqu’il apparaît à gauche n’est pas qu’il donne une mauvaise image de la cause de la solidarité avec la Palestine. C’est que la présence de perspectives réactionnaires et conspirationnistes dans nos mouvements, même sous des formes codées ou de manière marginale, risque de rendre toxique notre politique.

Où la gauche s’est-elle trompée ?

Pourquoi est-il si difficile pour une grande partie de la gauche de prendre l’humanité fondamentale et la souffrance traumatique des civil·es – y compris des citoyen·nes israélien·nes – comme point de départ cohérent ? Pourquoi certain·es ont-iels été incapables de condamner un massacre sans le relativiser au point de le rendre insignifiant ou de le contextualiser au point de le rendre insignifiant ? Pourquoi la solidarité des gauchistes avec les victimes de l’oppression semble-t-elle parfois conditionnée par l’alignement géopolitique de l’État qui les opprime ? Pourquoi une grande partie de la gauche lutte-t-elle pour identifier et résister à l’antisémitisme dans ses rangs ?

Il n’y a pas de réponse simple et unique à ces questions, mais nous pensons que commencer à y répondre est une étape essentielle dans le renouveau de la gauche. Nous proposons ici notre analyse de ce que nous considérons comme certains des problèmes les plus importants.

Fétichisation d’Israël/Palestine
Israël/Palestine est devenu le drame moral central pour une grande partie de la gauche contemporaine, de la même manière que l’Afrique du Sud l’était pour de nombreuses personnes de la génération précédente.

Certains reportages et commentaires grand public utilisent un cadre orientaliste pour décrire l’ensemble de la région, dépeignant les Arabes comme barbares et prémodernes, par opposition à Israël, qui est généralement dépeint comme une démocratie libérale moderne.

Dans le même temps, les médias grand public et de gauche accordent beaucoup plus d’attention à la Palestine et à Israël qu’à la Syrie, au Kurdistan, au Soudan, à l’Éthiopie, à la RDC, au Sri Lanka, au Myanmar ou à tout autre point chaud dans lequel des États militaristes (ou des acteurs non étatiques) oppriment des minorités nationales et ethniques, ou commettent des massacres.

Il ne s’agit pas d’établir une hiérarchie politique ou morale des oppressions mondiales, ni de répartir l’attention et l’activité en fonction de celle qui entraîne le plus de souffrance. La solidarité avec les Palestinien·nes devrait plutôt découler d’un engagement en faveur des droits universels, qui devrait également inciter à la solidarité avec toutes les autres luttes contre l’oppression.

En fétichisant Israël/Palestine, en romançant et en idéalisant la lutte des Palestinien·nes, les gauchistes reflètent la déshumanisation des Palestinien·nes par le courant dominant. L’effet de cette fétichisation gauchiste d’Israël/Palestine est de faire des Palestinien·nes et des Juifs/Juives israélien·nes des avatars transcendants pour des récits politiques, plutôt que des humains en chair et en os, capables d’un éventail de réponses à leurs conditions et à leurs expériences.

L’analphabétisme historique
Malgré le caractère central de la cause palestinienne pour la gauche contemporaine, le niveau de compréhension de l’histoire de la région et du conflit est souvent faible.

Une grande partie de la gauche a transformé des concepts potentiellement utiles tels que le « colonialisme » en outils d’analyse et en substituts d’analyse. L’application simpliste de ces étiquettes permet aux militants d’éviter de se confronter à la complexité. La diversité historique interne du sionisme, sa relation ambivalente avec divers impérialismes et les différentes histoires de déplacements qui ont conduit la migration juive de divers pays vers Israël sont souvent mal comprises.

Le processus de formation de la nation juive israélienne s’est accompagné d’une colonisation qui a entraîné le déplacement d’un grand nombre d’habitant·es, y compris par le biais de crimes de guerre et d’expulsions. Il s’agissait également d’un processus de fuite désespérée de la part de personnes qui avaient elles-mêmes été victimes de violences racistes et de tentatives d’extermination. Les Palestinien·nes sont, selon l’expression d’Edward Saïd, « les victimes des victimes et les réfugié·es des réfugié·es ». Les Juifs et les Juives israélien·nes sont loin d’être les seul·es à s’être consolidé·es en tant que nation et à avoir fondé un État sur une base qui incluait la dépossession violente des habitant·es d’un territoire.

L’intérêt d’affronter cette histoire dans son intégralité, avec toute sa complexité et ses tensions, n’est pas de minimiser les injustices subies par les Palestinien·nes lors de la création d’Israël ou depuis lors. Mais ne pas affronter l’histoire dans son intégralité ne sert ni la compréhension ni les efforts pour développer et soutenir les luttes pour l’égalité.

Une meilleure connaissance de l’histoire, ainsi qu’une prise en compte plus engagée des aspects pratiques de l’État unique, des deux États et des autres « solutions » possibles au conflit, permettraient de renouveler le mouvement de solidarité.

Politique syncrétique
L’une des principales tendances de la politique contemporaine, dans le sillage de l’effondrement des mouvements syndicaux de masse, est la montée de formes syncrétiques de politique, s’appuyant sur des traditions politiques disparates – ce que l’on appelle parfois la politique rouge/brune, le diagonalisme ou le confusionnisme. Certaines parties de la gauche ont conclu des alliances dangereuses avec des forces d’extrême droite. Qu’il s’agisse d’orateurs d’extrême droite lors de rassemblements anti-guerre, d’anciens gauchistes rejoignant les manifestations de blocage de Covid, de vloggers anti-impérialistes accueillant des invités paléoconservateurs ou de chanteurs folkloriques anarchistes promouvant les négationnistes, la période récente a été marquée par des collaborations politiques alarmantes. Ces mouvements naissent ou se développent parfois à partir de l’extrême droite qui tente de se vendre à la gauche. L’antisémitisme liant souvent des éléments disparates au sein de formations syncrétiques, ces tendances peuvent être politiquement toxiques lorsqu’elles se manifestent dans l’activisme de solidarité avec la Palestine.

Le campisme
Partout dans le monde, nous assistons à des luttes pour le changement démocratique et pour obtenir davantage de droits et d’égalité. Mais ces luttes se heurtent de plus en plus à des affirmations selon lesquelles ces principes représentent l’hégémonie d’une « élite libérale occidentale » et de son « ordre mondial unipolaire », plutôt que des aspirations et des droits humains universels.

Les régimes autoritaires et oppressifs prétendent que les efforts visant à les rendre responsables de ces principes ne sont que des tentatives de protéger l’hégémonie unipolaire de l’Occident. Ces régimes se présentent comme les leaders d’un monde « multipolaire » émergent où de multiples régimes autoritaires seront libres de définir la « démocratie » selon leur propre image antidémocratique.

De même, alors que les mouvements racistes, patriarcaux et autoritaires de l’Occident se présentent comme les voix des peuples authentiques et enracinés contre les élites « mondialistes », dans les anciennes colonies occidentales, ils se présentent comme la majorité « décoloniale » contre l’hégémonie des « élites occidentalisées ».

Souvent, la gauche ne reconnaît même pas cette dynamique. Pire, certains de ses membres amplifient son (faux) postulat : les forces et les régimes tyranniques, autoritaires et réactionnaires représentent une résistance progressive à l’« impérialisme occidental ». Leur préoccupation pour la survie et la force de ces régimes « multipolaires » se fait au détriment d’une solidarité sans entrave, significative et cohérente pour la résistance à ces régimes.

L’impérialisme occidental est confronté à des alternatives réactionnaires : L’impérialisme russe, l’impérialisme chinois et l’impérialisme régional iranien, qui déploient souvent des forces paramilitaires par procuration telles que le Hezbollah et, dans une certaine mesure, le Hamas, et qui jouent un rôle contre-révolutionnaire dans le contexte de la vague de luttes de libération qui s’est levée en 2011. Les pétromonarchies de la péninsule arabique sont de plus en plus des puissances mondiales ; d’autres puissances impériales ou sous-impériales régionales, telles que la Turquie expansionniste et interventionniste, sont également de plus en plus vigoureuses et ne sont certainement pas de simples États clients des États-Unis.

Face à ce moment, une gauche radicale qui a, pendant des années, prêché l’idée que tout ce qui nuit à l’impérialisme hégémonique (celui des États-Unis) et à ses alliés doit nécessairement être progressiste (une perspective connue sous le nom de « campisme » – prendre le parti d’un « camp » géopolitique plutôt que de poursuivre un projet authentiquement internationaliste) risque fort de s’effondrer en faisant l’apologie de ces alternatives réactionnaires. Cet « anti-impérialisme » campiste est aveugle au fait qu’en soutenant l’ « axe de la résistance », il ne s’oppose pas à l’impérialisme mais se range du côté d’un pôle impérial rival dans un monde « multipolaire ».

Au cours d’une période historique antérieure (qui a atteint son apogée pendant la guerre froide), le pôle d’opposition aux États-Unis dans l’imagination de la gauche campiste était l’URSS (qui servait souvent non pas de guide, mais simplement de substitut à la possibilité d’une quelconque alternative). Mais après l’embargo pétrolier de l’OPEP en 1973 et la révolution iranienne de 1979, et surtout après la chute du bloc soviétique, ce rôle a été de plus en plus assumé par diverses configurations de l’ « axe de la résistance », y compris la République islamique d’Iran et, avant longtemps, le Hamas.

La théorie du complot
Notre monde complexe et « multipolaire », la nature apparemment opaque des mécanismes de pouvoir et d’oppression, ainsi que les processus de fragmentation sociale, conduisent des personnes à chercher des réponses et des explications au-delà du « courant dominant ». Les économies de plateforme qui monétisent la désinformation et facilitent le partage des mythes et des mensonges permettent d’accéder facilement aux théories du complot qui semblent offrir de telles réponses et explications.

Les formes numériques fragmentées, rapides et actuelles de partage et d’acquisition des connaissances encouragent à la fois le cynisme face aux autorités « dominantes » et la crédulité envers les sources « alternatives », la joie de « démasquer » des vérités cachées et le désespoir face à la portée omnipotente de l’hégémon, ainsi que la recherche de liens entre des phénomènes disparates sans disposer des outils analytiques nécessaires pour en comprendre la signification. Les théories du complot mènent presque toujours à l’antisémitisme, qui fonctionne généralement comme une sorte de méta-théorie du complot.

L’antisémitisme est également souvent fusionné avec le sectarisme antimusulman dans l’imaginaire conspirationniste contemporain d’extrême droite, par le biais des théories du « Grand Remplacement » qui prétendent qu’il s’agit d’un complot fomenté par les « financiers mondialistes », notamment George Soros, pour parrainer l’immigration principalement musulmane dans les pays à majorité « blanche », afin de « remplacer » les populations « blanches ».

L’antisémitisme comme pseudo-émancipation
Comme d’autres théories du complot, l’antisémitisme offre des réponses et des explications fausses et faciles dans un monde confus. Contrairement à de nombreux autres racismes, l’antisémitisme est souvent apparu comme un « coup de poing » : il peut attribuer à son objet un pouvoir, une richesse et une ruse presque infinis. En raison de son caractère pseudo-émancipateur, l’antisémitisme a souvent semblé radical. Mais il s’agit d’un pseudo-radicalisme : en identifiant les Juifs et les Juives comme l’élite cachée qui contrôle nos sociétés, il sert à rendre invisibles les véritables classes dirigeantes, à protéger les structures de pouvoir de la classe dirigeante et à détourner la colère contre l’injustice vers les Juifs et es Juives.

Comme l’affirme Moishe Postone, il s’agit souvent d’une « forme fétichisée d’anticapitalisme » : « Le pouvoir mystérieux du capital, qui est intangible, global, et qui bouleverse les nations, les régions et la vie des gens, est attribué aux Juifs. La domination abstraite du capitalisme est personnifiée par les Juifs ». Cet antisémitisme pseudo-émancipateur a une longue histoire, qui va des textes fondateurs des principaux courants du socialisme moderne aux congrès de la Deuxième Internationale, en passant par les syndicats et les partis ouvriers à l’époque des migrations massives d’Europe de l’Est et par les formes de fascisme du Nouvel Âge dans le mouvement vert. Il était présent, et contesté, au sein des partis de la révolution russe, et s’est exprimé dans l’idéologie nazie et stalinienne d’après-guerre, et par leurs héritier·es aujourd’hui, avec des financiers « cosmopolites » et » »mondialistes » considérés comme un calamar vampire exploitant les travailleurs et les travaileuses productifs/productives, enraciné·es et autochtones. Mais il est aussi de plus en plus souvent lié à une vision « anti-impérialiste », dans laquelle il est considéré comme aspirant le sang des misérables de la terre dans le Sud.

Accommodement avec l’islamisme
Alors qu’une partie de la gauche (en particulier en Europe et aux Amériques, mais aussi dans d’autres régions du monde) a une longue histoire de racisme anti-musulman (qui est revenu sur le devant de la scène pendant la guerre en Syrie, lorsque des sections de la gauche ont utilisé le langage de la guerre contre le terrorisme pour diaboliser la révolution), dans la période qui a suivi la deuxième Intifada et le 11 septembre, la vision campiste du monde décrite ci-dessus a conduit de nombreux membres de la gauche à considérer l’islamisme comme une force progressiste, voire révolutionnaire, par rapport à l’impérialisme occidental hégémonique.

Il s’agit malheureusement d’un phénomène mondial. La plupart des gauchistes d’Asie du Sud-Ouest et d’Afrique du Nord (SWANA), confrontés plus directement aux politiques réactionnaires de l’islamisme que les gauchistes d’autres régions du monde, ne se font pas de telles illusions, bien au contraire. Les gauchistes extérieurs à la SWANA devraient les écouter.

L’islamisme englobe un certain nombre de courants différents. Le Hamas n’est pas EILL, EILL n’est pas les Talibans, les Talibans ne sont pas le régime d’Erdoğan en Turquie. Le Hamas lui-même englobe également différents courants. Il est important de comprendre ces distinctions. Mais elle ne doit pas aveugler la gauche à la réalité matérielle selon laquelle, au niveau du pouvoir social, les mouvements et régimes islamistes ont, à l’instar d’autres formes de religion fondamentaliste politisée, brutalisé les minorités religieuses, ethniques et sexuelles, les femmes, les dissidents politiques et les mouvements progressistes.

Le racisme anti-juif est un élément persistant de l’idéologie islamiste, qui apparaît clairement dans l’ouvrage fondateur de Sayyid Qutb, « Notre lutte contre les Juifs » (1950), et dans le pacte du Hamas de 1988 (qui cite le célèbre faux anti-juif, les Protocoles des Sages de Sion). Les positions de l’islamisme sur Israël, le sionisme et les Juifs/Juives ne sont pas purement « politiques », explicables uniquement en termes de confrontation entre les Palestinien·nes et le sionisme/Israël, mais s’inscrivent dans une vision du monde antisémite plus large.

Bien qu’ils aient leurs propres perspectives et agendas, les mouvements islamistes doivent également être compris dans le contexte de la concurrence entre les puissances régionales dans un monde d’impérialismes concurrents : Les islamistes résistent souvent à l’impérialisme hégémonique au nom ou en alliance avec des impérialismes régionaux rivaux, comme celui de l’Iran. Dans le même temps, l’impérialisme américain et les puissances régionales qui lui sont alliées, comme Israël, ont parfois toléré ou encouragé les mouvements islamistes afin de saper d’autres forces.

Le fait de considérer les luttes de libération sur le genre et la sexualité comme étant d’une importance politique secondaire par rapport à d’autres questions, par exemple la lutte contre « l’ennemi principal » de « l’impérialisme américain », explique aussi en partie la volonté de nombreux gauchistes de blanchir, de mettre en sourdine leurs critiques ou même de proposer des alliances avec des mouvements qui, comme tous les mouvements fondamentalistes religieux, sont obsédés par une réglementation patriarcale, homophobe et transphobe du genre et de la sexualité.

L’abandon de l’analyse de classe
Le seul moteur possible d’une politique anticapitaliste authentiquement démocratique est la lutte consciente des exploité·es et des opprimé·es pour leur auto-émancipation. Les politiques de classe ont été mises à mal par des décennies de victoires néolibérales et de défaites du mouvement ouvrier. Mais l’abandon de l’accent mis sur l’action de la classe ouvrière et d’autres luttes démocratiques d’en bas a une histoire plus longue. Le siècle dernier est tragiquement rempli de cas où les gauchistes ont remplacé l’action des exploité·es et des opprimé·es par celle des États staliniens et de diverses autres forces autoritaires.

De nombreux gauchistes auto-définis sont allés jusqu’à soutenir, parfois de manière plus « critique », parfois moins, des forces étatiques et non-étatiques qui ne se réclament même pas de la rhétorique et du symbolisme du socialisme : La Russie de Poutine, la Syrie d’Assad, la République islamique d’Iran et les forces paramilitaires islamistes telles que le Hamas et le Hezbollah.

Nous pensons que la montée des politiques syncrétiques, du campisme et de la théorie du complot, ainsi que l’achat croissant d’un antisémitisme pseudo-émancipateur, peuvent en partie être expliqués comme des symptômes de cet abandon par la gauche de la notion de classe et d’une analyse de la dynamique du capitalisme mondial.

Une grande partie de la politique de gauche de ces dernières décennies a été fondée non pas tant sur une lutte contre le capitalisme en tant que relation sociale, mais sur un rejet de « l’hégémonie américaine », de la « mondialisation », de la « finance » – ou parfois du « sionisme », considéré comme l’avant-garde de toutes ces forces. Cela a conduit de nombreuses personnes qui se considèrent comme des gauchistes à sympathiser avec des alternatives réactionnaires aux arrangements politiques et économiques actuels.

Dans le même temps, les formes tronquées d’anticapitalisme, qui se concentrent sur les maux moraux supposés du capital « financier » ou « improductif » – plutôt que sur l’antagonisme objectif entre le capital et le travail – encouragent les critiques personnalisées des « élites mondialistes » et des « banquiers Rothschild », plutôt qu’un mouvement en faveur de l’abolition du capitalisme lui-même, par le biais d’une organisation collective et d’une lutte par le bas.

Un antiracisme tronqué
L’antiracisme mondial contemporain a été façonné par le contexte du XXe siècle, dominé par les luttes contre le racisme anti-Noir, aux États-Unis et ailleurs, et contre l’impérialisme et le colonialisme occidentaux. Sa conception de la race est souvent simpliste et binaire, mal adaptée à la compréhension des lignes complexes de racialisation qui se croisent au XXIe siècle.

Les perspectives dominantes d’une grande partie de la pensée « décoloniale » offrent une vision manichéenne qui divise le monde en catégories d’« oppresseurs » et d’« opprimé·es », dans lesquelles s’inscrivent des nations et des ethnies entières.

Cette vision laisse la gauche mal équipée pour comprendre comment les différents racismes s’imbriquent les uns dans les autres – pourquoi les suprémacistes hindous en Inde soutiennent avec enthousiasme le nationalisme israélien, par exemple, ou pourquoi l’État chinois suprémaciste Han se présente comme un défenseur des droits des Palestinien·nes tout en perpétrant une occupation coloniale et une répression de masse au nom d’une « guerre populaire contre la terreur » contre les musulman·es du Xinjiang/Turkestan oriental.

La gauche est mal équipée pour comprendre le racisme lorsqu’il n’est pas codé par couleur, comme c’est le cas pour le racisme des Européens de l’Ouest envers les Européens de l’Est « blancs mais pas tout à fait », ou le racisme russe envers les Ukrainien·nes, ou encore le racisme anti-arménien.

L’antisémitisme, en particulier, ne s’inscrit pas parfaitement dans la vision du monde de cet antiracisme tronqué, qui considère les Juifs et les Juives comme « blanc·es » et ne peut donc pas les comprendre comme des cibles du racisme. Cette perspective efface les Juifs et es Juives qui ne se présentent pas comme « blances » et passe à côté de la contingence et de la construction sociale de la blancheur elle-même. L’intégration de certain·es Juifs/Juives dans la blancheur est réelle, mais elle est également inégale et, dans de nombreux cas, assez récente.

Cet antiracisme tronqué reflète l’anticapitalisme tronqué qui a marqué la gauche.

En bref, le renouveau de la gauche en tant que mouvement de solidarité internationale nécessite un antiracisme cohérent, un féminisme cohérent, un renouveau de la politique de classe, un renouveau de l’analyse du capitalisme mondial et le rejet de la vision campiste qui divise le monde en deux catégories bien distinctes, le bien et le mal.

Comment pouvons-nous transformer et renouveler la gauche ?

Nous proposons cette analyse comme une étape vers le renouveau de la gauche sur la base d’une politique authentiquement internationaliste et constamment démocratique. Il n’est pas toujours facile de s’attaquer aux idées réactionnaires dans nos propres rangs. Mais lorsque nous le faisons, nos mouvements gagnent, à chaque fois, à ce que des compréhensions plus profondes émergent. À quoi cela pourrait-il ressembler pour la gauche de commencer à faire cela ?

Une solidarité cohérente
En tant qu’internationalistes, notre point de départ devrait être la défense du droit universel aux droits démocratiques. Insister sur la solidarité avec les civil·es attaqués des deux côtés n’est pas une forme désinvolte d’équivalence morale ou d’argutie, mais un premier principe éthique. Une véritable solidarité cohérente ne signifie pas que l’on considère tout le monde comme identique et que l’on ignore les différences structurelles entre les victimes, mais que l’on reconnaît et que l’on respecte la différenciation.

La gauche devrait se préoccuper de tous les décès de civil·es, qu’ils soient causés par l’État juif ou par les États arabes, par les États du camp occidental ou par les États qui s’opposent à ce camp, ou encore par des acteurs non étatiques.

Les fins sont substantiellement conditionnées et préfigurées par les moyens ; une politique menée au moyen de massacres aveugles de civil·es ne peut servir des fins émancipatrices.

Particulièrement problématiques sont les courants politiques qui centrent la souffrance palestinienne à Gaza mais qui sont restés silencieux – ou même enthousiastes – lorsque les Syrien·nes (y compris les Palestinien·nes syrien·nes) ont été massacré·es par le gouvernement Assad et ses alliés (souvent justifiés par exactement la même rhétorique de guerre contre le terrorisme qu’Israël utilise parfois pour excuser le fait de cibler des civil·es) ou lorsque les Ouïghours et d’autres minorités ethniques principalement musulmanes sont confrontés à l’incarcération de masse, à la surveillance totale et à l’effacement culturel en Chine.

Centrer les voix et les expériences de la classe ouvrière, des progressistes et des forces de construction de la paix des deux côtés.
Un changement démocratique radical est impossible sans un organisme qui lutte consciemment et activement en sa faveur. Une gauche internationale qui concentre son énergie à encourager les forces réactionnaires ne contribue en rien au développement de cet organisme ; en fait, elle l’inhibe.

En Israël/Palestine, comme dans toute lutte internationale, une gauche véritablement internationaliste et résolument démocratique devrait concentrer son activité sur l’écoute, l’engagement et le soutien pratique des forces qui, sur le terrain, s’organisent pour faire progresser la politique démocratique. Cela signifie qu’elle doit amplifier les voix des acteurs de terrain – féministes, militant·es queer, syndicalistes, militant·es écologistes – dans les sociétés israélienne et palestinienne, qui s’opposent à la violence perpétuelle de l’État et à la division raciste.

Critiquer les États ne signifie pas s’opposer aux droits fondamentaux de leur population
Les groupes nationaux dans leur ensemble bénéficient souvent des politiques de colonialisme et d’oppression des autres peuples menées par leurs États. Mais ces avantages ne sont pas uniformes et ne signifient pas non plus que tous les membres d’un peuple donné sont également complices des politiques de leur État ou qu’ils ont le même pouvoir sur celles-ci.

La solidarité avec les Palestinien·nes ne doit pas signifier une hostilité radicale à l’égard des Juifs et des Juives israélien·nes en tant que peuple, ni s’opposer à leurs droits. La politique de gauche devrait viser à niveler par le haut et à égaliser les droits démocratiques, et non à les retirer à certain·es pour les « redistribuer » à d’autres.

Les Juifs et les Juives du monde entier – qui sont souvent lié·es de multiples façons à des personnes et à des lieux en Israël – se sentent attaqué·es lorsque les Israéliens·ne en général sont pris pour cible. Pour soutenir les droits des Palestinien·nes, il faut identifier soigneusement l’État israélien – et ses appareils idéologiques – comme les auteurs de l’injustice, et non le peuple israélien dans son ensemble, considéré comme un bloc homogène et politiquement indifférencié.

Comprendre Israël dans le monde
L’antisémitisme attribue traditionnellement le pouvoir absolu aux Juifs/Juives. Lorsque cette attribution est appliquée à Israël, elle reste antisémite. Israël existe dans un monde complexe, liquide et « multipolaire » ; c’est un État puissant, mais son pouvoir est limité au sein du système mondial. Il n’est certainement pas le moteur de l’impérialisme mondial qu’on décrit parfois dans les récits gauchistes.

Beaucoup des choses pour lesquelles il est juste et nécessaire de critiquer Israël sont des choses qu’il a en commun avec beaucoup d’autres États dans le monde, y compris certains des pays où nous vivons nous-mêmes. Refuser de diaboliser Israël ou de le considérer comme totalement exceptionnel ne signifie pas se réconcilier avec ses politiques, mais plutôt situer ces politiques dans des tendances dont elles sont l’une des expressions, plutôt que la quintessence. Même la brutalité de l’ampleur de celle qu’Israël inflige aujourd’hui à la population de Gaza a un précédent direct récent, la guerre du régime Assad contre le peuple syrien.

Les courants de gauche qui critiquent le colonialisme israélien tout en faisant l’apologie du colonialisme russe en Ukraine font deux poids deux mesures. Nous invitons également les camarades à se demander si elleux-mêmes et leurs organisations utilisent le même type de langage et de registres émotionnels à propos, par exemple, de l’oppression des Kurdes par la Turquie ou de l’oppression des Tamouls par le Sri Lanka, qu’à propos de l’oppression des Palestiniens·ne par Israël. Si la réponse est négative, examinez l’impact et les implications politiques de cette exceptionnalisation.

Une approche critique du nationalisme
Les nations sont des constructions sociales qui fonctionnent en partie pour masquer les exploitations et les oppressions au sein de la nation, telles que la classe, le sexe, la race et autres, au nom d’un « intérêt national » unitaire. Notre objectif à long terme est une libre association de tous les êtres humains, c’est-à-dire un monde sans nations, dans lequel les identifications ethniques sont devenues secondaires. Cependant, il est difficile de concevoir le dépassement de la nation dans un monde où les personnes sont opprimées, occupées et parfois massacrées sur la base de leur appartenance nationale.

Les gauchistes doivent prendre position contre l’oppression de personnes en raison de leur nationalité. Mais nous devons également reconnaître que tous les nationalismes – y compris ceux des groupes actuellement opprimés – sont au moins potentiellement excluants et oppressifs. Soutenir le droit d’un peuple donné à défendre ou à gagner l’autodétermination ne signifie pas adopter son nationalisme par procuration. Une gauche internationaliste ne devrait pas brandir sans esprit critique un drapeau national, ni soutenir sans esprit critique un État ou un mouvement national.

La gauche doit soutenir le droit à l’autodétermination dans le cadre d’un programme d’égalité démocratique. Cela signifie qu’elle doit soutenir le droit de tous les peuples à l’autodétermination sur une base égale et s’opposer à tout programme visant à la domination d’un peuple sur un autre.

L’objectif du Hamas de remplacer la domination nationaliste juive par une domination nationaliste islamique – un État théocratique dans lequel les « usurpateurs » juifs seraient chassés – est réactionnaire. Le fait qu’il soit très improbable qu’ils atteignent cet objectif ne le rend pas plus soutenable du point de vue d’une politique démocratique et internationaliste.

Antiracisme inconditionnel
La raison pour laquelle il faut soutenir les victimes du racisme n’est pas seulement la compassion pour les sentiments blessés des personnes – bien que la compassion soit préférable à l’insouciance insensible parfois affichée par la gauche. C’est aussi parce que les idées qui poussent au sectarisme empoisonnent les efforts pour faire avancer les luttes démocratiques.

Cela signifie que nous devons refuser de conditionner politiquement notre solidarité contre le racisme.

De même qu’il est erroné d’exiger des Palestinien·nes (ou d’autres Arabes ou musulman·es) qu’iels condamnent le Hamas avant d’avoir le droit de soutenir la lutte contre le racisme, il est erroné d’exiger des Israélien·nes ou des Juifs/Juives de la diaspora qu’iels fassent la preuve de leur pureté idéologique – qu’iels soient de « bons » Juifs et de « bonnes » Juives – avant de prendre au sérieux le sectarisme dont elles et ils sont victimes.

La solidarité contre le racisme n’exige pas l’approbation de la politique dominante de la personne ou du groupe victime. Mais elle exige que l’opposition au racisme et aux autres sectarismes soit inconditionnelle, même si les membres du groupe ciblé peuvent avoir des opinions réactionnaires.

La gauche peut et doit s’opposer inconditionnellement au sectarisme anti-palestinien et anti-musulman sans approuver le Hamas ; elle peut et doit s’opposer inconditionnellement à l’antisémitisme sans approuver le chauvinisme israélien.

Ne pas promouvoir de faux amis.
Une caractéristique particulière de la crise actuelle et de ses répliques mondiales est que les militant·es d’extrême droite (y compris les fascistes purs et durs et les nazis au sens propre) utilisent cyniquement la solidarité avec la Palestine pour promouvoir l’antisémitisme. Un petit nombre de militant·es d’extrême droite se joignent aux marches anti-israéliennes. Un grand nombre d’utilisateurs pro-palestiniens des médias sociaux amplifient les désinfluenceurs d’extrême droite qui se sont insérés dans le discours, souvent soutenus par les réseaux d’influence de l’État russe et iranien. Dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre, des comptes tels que Jackson Hinkle (défenseur du « communisme MAGA ») et Anastasia Loupis (militante de droite contre la vaccination) ont accumulé des millions de followers parmi les utilisateurs et les utilisatrices hostiles à Israël grâce à leurs posts viraux (dont beaucoup contiennent de fausses histoires) sur le conflit.

D’autre part, l’extrême droite n’est pas homogène et les militant·es islamophobes d’extrême droite, dont beaucoup se révèlent elleux-mêmes antisémites en grattant un peu, utilisent cyniquement la peur des Juifs/Juives et l’indignation générale face au terrorisme du Hamas pour promouvoir l’hostilité antimusulmane et blanchir leur réputation raciste. Nous devons dénoncer et marginaliser ces mauvais acteurs. Nous devons tracer des lignes claires. Nous ne devons pas permettre que la souffrance juive et palestinienne soit instrumentalisée par des entrepreneurs politiques. Tous les groupes qui offrent une plate-forme active aux orateurs nazis, fascistes et apparentés doivent être traités de la même manière que ceux qui soutiennent le séparatisme blanc.

Conclusion
Nous avons rédigé ce texte comme une critique d’un sens commun qui est devenu prédominant dans une grande partie de la gauche. Il s’agit d’une critique de la gauche et pour la gauche.

En tant que militant·es et organisateurs de gauche, nous ne considérons pas les tendances que nous décrivons comme des conséquences inévitables des principes fondamentaux de la gauche. Nous considérons qu’elles résultent de la déformation et de l’abandon de ces principes.

Nous accueillons volontiers d’autres cosignataires, y compris celles et ceux qui souhaitent approuver certaines parties du texte et pas d’autres, ainsi que des réponses critiques. Compte tenu du contexte, nous souhaitons tout particulièrement recevoir des réponses, y compris des réponses critiques, de la part de membres de la gauche palestinien·nes et israélien·nes. Nous espérons que ce texte pourra contribuer à un débat plus large sur la manière de transformer et de renouveler la gauche.

Nous considérons cet effort de renouvellement et de transformation comme une tâche nécessaire pour quiconque ne souhaite pas exclure la possibilité d’un changement systémique. Nous nous réjouissons de l’engagement de toute personne qui souhaite un tel changement et qui comprend que, pour être un instrument efficace pour y parvenir, la gauche doit se changer elle-même.

10 décembre 2023
Ben Gidley, Daniel Mang, Daniel Randall
https://leftrenewal.net

Signataires : https://leftrenewal.net/signatories/
Contact : https://leftrenewal.net/contact/

Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
traduction profane en attendant mieux

13 commentaires sur “POUR UNE GAUCHE DEMOCRATIQUE ET INTERNATIONALISTE.”

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