[Communiqué unitaire] Appel pour une grande marche contre la répression le 23 septembre 2023

Nous appelons à reprendre la rue samedi 23 septembre, à organiser des manifestations ou d’autres initiatives sur tout le territoire, pour faire front ensemble contre la répression des contestations sociales démocratiques et écologiques, pour la fin du racisme systémique, des violences policières, et pour la justice sociale climatique, féministe et les libertés publiques.

Le meurtre de Nahel, tué par un policier à bout portant le 27 juin 2023 à Nanterre, a mis de nouveau la lumière sur ce qui doit cesser : le racisme systémique, les violences policières, et les inégalités sociales que creuse la politique de Macron. Une politique néolibérale imposée par des méthodes autoritaires, des lois sécuritaires et une doctrine du maintien de l’ordre décriée jusque dans les plus grandes instances internationales. Une politique régressive qui fait le lit de l’extrême-droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique.

En première ligne des victimes de ces choix politiques, les habitant·es, et notamment les jeunes des quartiers populaires et des territoires ultramarins, qui subissent de plein fouet l’aggravation de toutes les inégalités sociales dans un contexte économique d’inflation, de hausse des loyers, des prix de l’énergie et de politiques d’urbanisme brutales. Les réformes de la Macronie accentuent la pauvreté en durcissant notamment l’accès aux prestations sociales. La scandaleuse réforme de l’assurance chômage en est un exemple significatif alors que la précarité au travail augmente.

Les révoltes dans les quartiers populaires ne peuvent s’analyser que dans ce contexte global. Les habitant·es de ces quartiers, et notamment les mères isolées, pallient bien souvent seul·es les carences de services publics dont la destruction s’accélère de jour en jour.
A côté de cela, de nombreuses violences sont perpétrées contre les populations : délocalisation et destruction de l’emploi, évasion et fraude fiscale, mode de vie des ultras riches écocidaire, supers profits des multinationales, modes de production hypers polluants responsables de la crise climatique. Et pour cela, l’État laisse faire ! De plus, les populations racisées et/ou issues des classes sociales défavorisées, des quartiers populaires, des zones rurales et périurbaines appauvries, des territoires ultramarins sont victimes de violences institutionnelles et systémiques, notamment policières.

La politique répressive de l’État est encore renforcée par le dernier remaniement ministériel, qui a élargi les compétences du ministère de l’Intérieur à la ville, l’Outre-mer et la citoyenneté. La répression s’étend avec toujours plus d’intensité et de violences policières, d’interdictions de manifester, contre le mouvement social et écologiste, comme lors de la lutte contre la réforme des retraites rejetée par l’immense majorité des travailleur-ses et leurs syndicats et à Sainte-Soline. La liberté associative, directement et indirectement, est de plus en plus mise en cause.

Cette situation est d’autant plus inquiétante que l’institution policière paraît hors de contrôle du pouvoir politique. Des déclarations factieuses de certains syndicats de policiers suite au meurtre de Nahel aux déclarations du Directeur général de la police nationale et à celle du Préfet de police de Paris ainsi que le ministre de l’intérieur, c’est l’institution policière qui aujourd’hui remet en cause l’État de droit, plutôt que de mettre fin à l’impunité des auteurs de violences policières.

Nos organisations syndicales, associations, collectifs, comités de quartiers populaires, de victimes de violences policières et partis politiques se mobilisent ensemble dans la durée pour la convergence des justices antiraciste, sociale et écologique, féministes et pour que cessent les politiques sécuritaires et anti sociales. (Lire notre premier communiqué unitaire “Notre pays est en deuil et en colère”)

La crise démocratique, sociale, politique que nous traversons est très grave.

Nous ne pouvons accepter qu’il y ait encore d’autres morts comme Nahel, ou d’autres blessé-es, victimes des violences policières.

Nous appelons à reprendre la rue samedi 23 septembre, à organiser des manifestations ou d’autres initiatives sur tout le territoire, pour faire front ensemble contre la répression des contestations sociales démocratiques et écologiques, pour la fin du racisme systémique, des violences policières, et pour la justice sociale climatique, féministe et les libertés publiques.

Nous exigeons des réponses immédiates et dans l’urgence :

  • abrogation de la loi de 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre ;
  • une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement
  • le remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique ;
  • la création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse au sein de l’autorité administrative présidée par le Défenseur des droits et le renforcement des moyens de lutte contre le racisme, y compris dans la police ;
  • Un plan d’investissement public ambitieux dans les quartiers populaires et sur l’ensemble du territoire pour rétablir les services publics, le financement des associations et des centres sociaux

Marchons toutes et tous ensemble le 23 septembre !

PREMIÈRES ORGANISATIONS SIGNATAIRES

Collectifs/comités de quartiers populaires, de victimes de violences policières :Coordination pour la Défense des habitants des Quartiers Populaires, Coordination nationale contre les violences policières, Coordination nationale “Marche 40 ans”, Collectif Justice pour Claude Jean-Pierre, Comité Justice pour Othmane, Collectif Justice et Vérité pour Yanis, Comité Justice pour Alassane, Collectif Stop Violences Policières à Saint-Denis, Comité vérité et justice pour Safyatou, Salif et Ilan, Mémoire en marche Marseille.

Organisations syndicales : CGT, FSU, Union syndicale Solidaires, Fédération Syndicale Étudiante (FSE), Mouvement national lycéen ( MNL ), L’Union étudiante.

Associations et autres collectifs : Alternatiba, ANV-COP21, Attac France, Collectif National pour les Droits des Femmes (CNDF), Coudes à Coudes, Dernière Rénovation, Droit Au Logement (DAL), FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s), Fédération nationale de la LIbre Pensée, Femmes Egalité, Fondation Copernic, Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·es), Les Amis de la Terre France, La Révolution est en marche, Marche des Solidarités, Memorial 98, Planning familial, Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR), Association Stop Aux Violences d’État, Alternatiba Paris, Association Intergénérationelle de la Rabière (AIR-37), Association Naya (37), Association Nouveaux Souffle pour l’Insertion Sociale et Professionnelle (ANSIP-37)

Organisations politiques : EELV Europe Ecologie Les Verts, ENSEMBLE Mouvement pour une Alternative de Gauche, Écologiste et Solidaire, LFI – La France insoumise, Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires ( FUIQP), Gauche démocratique et sociale (GDS), La Gauche Ecosocialiste, Génération.s, Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Nouvelle Donne, Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti Ouvrier Indépendant (POI), Révolution Écologique pour le Vivant (REV), Vivre Ensemble Solidaires en Métropole Tourangelle (VESEMT-37)

Compte rendu de la réunion du RB, 10-04-2023

RB le 10 avril 2023, compte rendu par Be. R.

Br., R., P. S., Ch., Be., Je., C. C., M. L., M.P., C. D., Ja..

Br. préside.

C. C. se présente. EELV, RESU, à la recherche d’une association pour l’Uk. à Clermont-Ferrand ou environs

M.L. introduit. 49.3 -> renouveau des manifestations exprimant (voir petites villes) la profondeur du monde du travail. Souvent dans les services : voir CFDT. Ces gens-là sont très mobilisés, mais ce sont aussi des électeurs RN. Mobilisation commençante de la jeunesse. Augmentation des violences, principalement policières (Sainte-Soline : situation de «guerre»). Le 14 est le prochain tournant. Je ne pense pas que le RIP pourrait affaiblir le mouvement. Enfin un congrès de la CGT qui se passe comme un congrès de l’UNEF! Le conflit a entraîné un renforcement des organisations syndicales. Bon papier de Claude sur l’Ariège (et la crise de la FI). Le PC cherche l’Union de la gauche pour faire exploser la NUPES. Voir la place prise par Le Poing Levé (Révolution Permanente). Deuxième scission dans l’UNEF vers la FI. Certaines organisations gauchistes (RP) : rien ne peut se faire sans la grève générale. Et elles ont une influence dans la jeunesse. Sud-Education : oui à l’Intersyndicale, mais oui aussi à la grève générale. L’union des communistes libertaires propose des initiatives partout. Toute la discussion porte sur l’agit-prop. Il faut penser autre chose. Besancenot propose une discussion entre syndicats et partis politiques. Appel à un texte du RB vers vers un projet politique à moyen terme (merci à C. pour le pré-projet).

R. : je viens de terminer un travail sur le livre de Claude Serfati, qui approfondit l’analyse de la Ve République. Le PC est profondément divisé. «Parler avec l’électorat du RN» me paraît inquiétant. Offensive de Darmanin contre la LDH. Je pense que la LDH reste un outil.

C. : les directions syndicales sont allées beaucoup plus loin qu’elles ne le voulaient. Laurent Berger exprime le désarroi des autres. La dispersion continue (voir congrès de la CGT). Le PC n’existe plus, pas davantage que le PS. Aujourd’hui, Mélenchon a besoin du NPA. Réfléchir à un gouvernement d’urgence, qui reviendrait sur toutes les lois libérales, sortie de l’OTAN.

J.P. : OK avec C. : voir interview de Berger à BFM et son désarroi. Les propos de Martinez sur la médiation ont radicalisé le congrès. Mettre en avant un gouvernement de transition. Après 62 ans, s’extraire de la productivité capitaliste et avoir sa libre production. Dommage que Claude n’ait pas exploré les positions de Raffarin en vue d’un front républicain contre la NUPES, qui va dans le sens de Roussel. Historique des référendums précédents. LE RIP peut être un moment politique important.

P. S. : la situation est ambiguë. Disponibilité, mais assez peu de lieux de politisation. Pas d’AG, etc. Sur le gvt d’urgence : ça me fait penser à l’ancienne revendication de gvt PS-PC. Un gvt d’urgence avec quelques revendications transitoires. Nécessité de comités unitaires avec les organisations, les syndicats, les individus, etc. Il faut associer ceux qui se sentent représentés par le RN. C’est essentiel de mettre au centre ces assemblées citoyennes». Besancenot disait : «Macron a perdu, mais nous n’avons pas gagné». Il faut offrir des perspectives. La 5e veut dépasser ses limites. Darmanin et la LDH ne sont pas un hasard.

C.D. : en province, quand les jeunes sont absents, ça pèse (voir Nevers). A contrario, à Paris, ils étaient présents. Force d’inertie de la population contre la réforme. Précisions sur le texte. En Ariège, la question de l’ours a pesé lourd. Le PS est macron-compatible, mais l’inertie des masses l’empêche de réaliser ce trajet. Perspective d’une Assemblée Constituante.

Ja. : «gvt d’urgence» ne me paraît pas bon. Je préférerais un programme de revendications. Quel serait le gouvernement qui les accepterait ?

M.L. : urgence à établir les mesures démocratiques et de justice sociale. La notion de gvt d’urgence est trop lointaine.

R.: question de l’eau urgente (Pyrénées-Orientales). Les maires n’ouvrent pas la discussion par peur d’effrayer.

M.L.: appel à production d’un texte.

C., R.s’y collent.

M.: premier mai et quinzaine pour l’Ukraine. Banquet organisé par Patrick F. (expos, musique, etc.). Il serait bien qu’il y ait des initiatives provinciales. Le salon du livre : 30-06 et 01-07 (Maltais Rouge).

Je. : une camarade iranienne est intervenue sur le rôle joué par la FSM en Iran et cela a eu un impact sur le congrès de la CGT. Discussion sur le congrès de la CGT.

Prochaine réunion : lundi 17, 18h.

Appel à signature du SSTI

Appel à signatures individuelles et/ou d’organisations du texte figurant en italique ci-dessous

Les signatures de la déclaration sont à envoyer à contact@lacoalition.fr et sstiran@yahoo.fr et, en indiquant NOM, prénom, statut, organisation.

Nous exprimons notre soutien à la déclaration parue en Iran le 15 février, dont le texte intégral est disponible en cliquant sur le lien suivant http://www.iran-echo.com/echo_pdf/soutien_charte.pdf Cette déclaration émane de 20 organisations de terrain impliquées dans le soulèvement actuel : syndicats indépendants du pouvoir, associations de défense des droits des salarié.es, associations de femmes, de retraité.es, d’étudiant.es et des droits humains. Cette déclaration ne se limite pas dénoncer la répression sanglante et le despotisme religieux (ou non-religieux d’hier). Elle propose simultanément une ébauche d’alternative.

Signatures individuelles (avec quelques mots de présentation) et/ou d’organisations à retourner à :

Support Iran <declaration.1502@gmail.com>
NB : En ce qui concerne les signatures individuelles, merci de mettre en premier le nom de famille en lettres MAJUSCULES.

Voici un rapide résumé de la déclaration du 15 février

Démocratie et laïcité

Libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers·ères politiques, abolition immédiate de la peine de mort, liberté d’expression, d’organisation, de manifestation et de grève Démantèlement des organes de répression existants (points 1, 2, 3 et 8).
Séparation stricte entre les religions et l’Etat, abrogation des discriminations religieuses (points 5 et 7).

Droits des femmes et LGBTIQ+

En finir avec la misogynie et l’exclusion sexiste, égalité totale des droits entre les hommes et les femmes. Droit inconditionnel des femmes sur leur corps et leur avenir (point 4).
Abolition de toute discrimination envers les LGBTIQ+ (point 4).

Oppression des minorités nationales

Suppression des lois basées sur l’oppression nationale. Mise en oeuvre de mesures permettant de parvenir à l’égalité entre les différentes nationalités (point 7).

Justice sociale

Garantie de l’emploi, hausse immédiate des salaires et pensions, amélioration de la sécurité au travail, droit à la négociation collective (point 6).
Interdiction du travail des enfants. Garanties pour leur vie quotidienne et leur éducation (point 11). Confiscation des richesses injustement acquises et leur utilisation pour la satisfaction des besoins sociaux (point 9).

Accès de tous et toutes à la sécurité sociale, à l’assurance chômage, à l’éducation et au système de santé (point 11).

Mesures écologiques radicales (point 10).

La nécessité de rupture (introduction)
Aucune perspective permettant l’émancipation de la grande majorité de la population n’est envisageable dans le cadre du système politique actuel.

Pour parvenir à une société débarrassée de toute forme de dictature, d’exploitation, d’oppression et d’exclusion, une révolution politique, économique et sociale est nécessaire. C’est seulement ainsi qu’il sera possible d’instaurer une société libre, moderne, de bien-être, égalitaire et humaine

Un processus par en bas

Une intervention en masse et partir d’en bas est indispensable pour parvenir à :
– un développement de liens entre mouvements sociaux et revendicatifs.
– l’intervention directe et permanente de tous et toutes dans l’administration des affaires du pays par le biais de conseils locaux et nationaux. Le pouvoir de révoquer à tout moment tout responsable national ou local, devrait être un droit fondamental des électeurs et électrices (point 8).
Un tel processus mettrait un terme à l’existence d’un pouvoir imposé par en haut. (point 8).

Instaurer des relations internationales justes et basées sur le respect réciproque

Celles-ci permettraient d’œuvrer à la paix mondiale, et inclure notamment l’interdiction des armes atomiques (point 12).

On ne dissout pas un mouvement

Nous sommes les Soulèvements de la terre

Nous sommes les Soulèvements de la terre

Nous nous soulevons, chacun.e depuis notre endroit, chacun.e à notre manière. Le mouvement des Soulèvements de la Terre ne peut pas être dissout car il est multiple et vivant. On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte. 

Nous appelons toutes et tous à nous rejoindre pour rendre caduque cette tentative d’étouffement. Nous sommes, toutes et tous ensemble, les Soulèvements de la Terre.

SIGNER LA TRIBUNE

Appel à se rassembler jeudi 30 mars à 19h devant les préfectures du pays.



  En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessé.es de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières. 

La brutalité concomitante de la réponse d’État à la poursuite du mouvement des retraites et à la mobilisation de Sainte-Soline est en train de marquer au fer rouge l’histoire du pays. Elle appelle aujourd’hui à faire front ensemble.

Face à l’inaction climatique du gouvernement, à son soutien intangible à des lobbys industriels écocidaires et à l’aggravation flagrante de la crise écologique, le mouvement contre les méga-bassines a, ces derniers mois, offert une prise. Si le peuple de l’eau, plus nombreux que jamais à braver les interdictions préfectorales, est allé de nouveau jusqu’au chantier de la bassine de Sainte-Soline le 25 mars ce n’était pas par goût inconsidéré du risque. Tout ce qui a été dit sur les soi-disantes motivations obscures des manifestant·es par Darmanin et consorts avant et après la mobilisation est à cet égard une profonde insulte à l’engagement des 30 000 personnes qui se sont rassemblées samedi. Si depuis un an et demi, ces foules grandissantes ne se contentent plus de défiler mais recherchent des gestes ad hoc pour freiner concrètement certains chantiers, pour empêcher le pillage de l’eau ou des terres, c’est bien parce qu’il y a une urgence vitale à agir. Et ce sentiment d’urgence ne fera qu’augmenter tant que l’on continuera à construire dans ce pays des infrastructures dont les conséquences sont telles qu’elles incarnent une violence écologique et sociale qui n’est plus aujourd’hui tolérable.

Cet élan vital, E. Macron l’a accueilli samedi avec une pluie de grenades létales, 4000 en 2h. Alors que 30 000 personnes s’approchaient d’un trou grillagé que l’État avait transformé en symbole de son autorité, 200 personnes ont été percées d’éclats dans leurs chairs, 40 gravement. L’une a perdu l’oeil, d’autres se sont faits arracher la mâchoire ou risquent de perdre le pied. Deux sont toujours aujourd’hui dans le coma, entre la vie et la mort. Comme à Malville face à la déferlante anti-nucléaire en 77 ou à Sivens en 2014 face à l’éclosion des zads en divers endroits du pays, l’État français a choisi délibérément le 25 mars de se donner sciemment la possibilité de tuer.

Ce 25 mars, le gouvernement Macron a tenté de faire taire un espoir politique par la mutilation de masse.
Il a ainsi affirmé brutalement que la montée en puissance du mouvement de défense de l’eau ne pouvait qu’être considérée comme un affront intolérable à son égard. Depuis des années, ce mouvement réitère pourtant les demandes d’ouverture d’un réel dialogue avec les habitant·es des territoires, les paysan·nes, les associations environnementales. La seule réponse gouvernementale à ces issues au conflit aura été est la terreur. Cette violence sourde face au mouvement écologiste est la même que le gouvernement Macron a déployé pour mater les gilets jaunes en 2019 et aujourd’hui contre le peuple qui persiste à refuser sa réforme injuste des retraites. C’est aujourd’hui cette réduction du champ politique à la grenade, ces cowboys en roue libre en quad ou en moto qui vont jusqu’à inquiéter les institutions internationales. A cette violence de rue, Darmanin ajoute aujourd’hui la persécution légale des mouvements organisateurs avec l’engagement d’une procédure de dissolution à l’encontre des Soulèvements de la terre.

De Sainte-Soline, ce week-end nous retenons heureusement aussi les tracteurs paysans qui déjouent les escortes de police, le camp qui surgit des champs au milieu du dispositif, les camarades des 4 continents, les animaux géants et les danses, la foule de tout âge qui serpente les champs à l’infini, son courage, sa solidarité inouïe face à l’adversité. Toute cette force est encore en nous et nous la retrouverons. Mais elle est aujourd’hui profondément entachée par les chairs mutilées, par ces vies encore en suspens. C’est pour nos blessé·es, pour leur rendre hommage, appui, pour que cela cesse qu’il y a un impératif à se retrouver de nouveau dans la rue. Non pas concentrés sur une même prairie cette fois. Mais partout dans le pays, devant les préfectures. Bien plus nombreux et nombreuses encore.

Alors que nous continuons à manifester contre la réforme des retraites, alors que nous continuerons à converger pour arrêter les méga-bassines, nous appelons ànous rassembler: jeudi à 19h devant toutes les (sous)-préfectures. En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessées de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières, pour la dissolution de la brav-m et l’interdiction des grenades GM2L.Pour que celles et ceux qui étaient là de toute la France puissent dire et témoigner. Parce que le gouvernement est triplement coupable : d’avoir lancé des grenades létales, de l’avoir prémédité, et d’avoir ensuite obstrué l’arrivée des secours. Montrons leur massivement jeudi que nous ne les laisserons pas étouffer l’espoir à coup de grenades. Que nous sommes là. Toujours.

Confédération Paysanne – Bassines Non Merci – Les Soulèvements de la terre, les organisateurs de la mobilisation du 25 mars à Sainte-soline et toutes les organisations sociales, syndicales, et associations qui souhaiteront s’y associer.

Pour co-signer l’appel :https://cryptpad.fr/form/#/2/form/view/rrhj+rHU1B6GjNTtwnKQMEJ+p5Xd9cQDToQZ9J9nwzo/

Merci de partager largement cet appel. 

Médecin à Sainte-Soline, je témoigne de la répression

Agathe, médecin urgentiste présente à la manifestation à Sainte-Soline

 

Alors que le pronostic vital d’un opposant aux mégabassines de Sainte-Soline est toujours engagé, une médecin urgentiste lui ayant porté secours témoigne. Elle pointe la responsabilité de la préfecture pour le retard de sa prise en charge par les urgences.

Le week-end de mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) a été marqué par de nombreuses violences policières et des blessures très graves, avec une personne encore entre la vie et la mort.

En attendant de plus amples informations, Reporterre publie d’ores et déjà le témoignage d’Agathe, médecin urgentiste présente à la manifestation, qui a suivi et s’est occupée de cette personne toujours dans le coma et au pronostic vital engagé. Elle pointe la gravité des faits et la responsabilité de la préfecture pour le retard de sa prise en charge par les urgences.


• La marche de printemps

Départ du camp vers 11 h. Trois cortèges marchent à travers champs. Le premier cortège nous annonce qu’il n’y a aucun barrage des forces de l’ordre sur le parcours. Ils gardent la bassine. Un vulgaire trou recouvert de béton. Ils la gardent comme une forteresse. Ils auraient même creusé une tranchée de huit mètres de profondeur et un talus de plusieurs mètres de hauteur sur tout le tour de la bassine pour la rendre inaccessible. Les douves du château-fort. Le cortège au sein duquel je me trouve est joyeux, les manifestants marchent dans la boue, un champ de colza, premières fleurs du printemps.

• Arrivée à proximité de la mégabassine

Les cortèges se retrouvent. Ils fusionnent. Une marée humaine. La victoire d’être si nombreux. 20 000, 25 000, 30 000 personnes, impossible d’estimer. On aperçoit les forces de l’ordre soigneusement disposées autour du bassin, enceinte de camions de gardes mobiles, plusieurs blindés. Une colonne de quads avec un binôme de gardes mobiles dessus. Certains auraient vu la cavalerie. Personne n’est inquiet à cet instant. Que peuvent-ils faire contre cette foule hétéroclite et déterminée ?

Un instant je me demande pourquoi les forces de l’ordre sont là. Ils ont creusé une tranchée de huit mètres de profondeur et un énorme talus. La bassine nous est inaccessible. Je me demande pourquoi la présence de toute cette artillerie est nécessaire. Qu’aurions-nous fait en leur absence ? J’en discute avec un·e ami·e, on se dit qu’ils font de la lutte contre les mégabassines un symbole de l’autorité de l’État.

• Premiers gaz

Je suis venue manifester avec une bande d’ami·es, je marche avec une copine. Dans mon sac à dos des compresses, du désinfectant, des antalgiques, des bandes, des pommades anti-inflammatoires, quelques kits de sutures si nécessaires pour l’après. Nos expériences de manifestations des dernières années nous ont appris qu’il fallait s’équiper en matériel de secourisme. Je ne me suis pas identifiée comme « medic » officiel. Mais il me semble évident d’avoir un minimum de matériel, au moins pour les copin·es.

Les cortèges se rejoignent à proximité de la bassine. Le cortège à notre droite est déjà noyé par les gaz alors que nous sommes encore à plusieurs centaines de mètres. Ils remontent vers nous, alors que nous continuons à avancer, heureux de se retrouver après ces nombreux kilomètres parcourus à travers champ.

Les manifestants s’approchent des gardes mobiles avec leurs banderoles. On avance ensemble. Nous apercevons les visages familiers de quelques vieilles amitiés. À peine le temps de se retourner. Il pleut des grenades lacrymogènes, et d’autres, assourdissantes ou désencerclantes. Nous reculons. Je vois une femme faire demi-tour et repartir en arrière. Énorme détonation entre ses jambes. Elle boite. Nous reculons pour l’accompagner, la soutenir. Ça commence fort. On constate les blessures, un bel hématome sur la cuisse, un peu de gel anti-inflammatoire, deux gorgées d’eau. On se retourne, les manifestants crient « medic » de tous les côtés. On vient à peine d’arriver.

« Derrière nous, un deuxième blessé est transporté par des manifestants »

C’est un homme jeune avec une plaie délabrante de la main. Grenade de désencerclement. Je nettoie, une compresse, une bande, un antalgique. « Tu devras refaire le point sur la base medic arrière, être sûr qu’il n’y ait pas de corps étrangers. » D’autres « medic » s’affairent. On continue. On entend dire que quelqu’un serait inconscient au sol à proximité d’une banderole devant. On cherche cette personne. Impossible de la trouver. Un ami nous arrête, il s’est pris un Flash-Ball à l’arrière de la tête. On s’assoit pour l’examiner derrière une haie. On remonte sur un chemin en terre.

• Le chemin des blessés

Le niveau d’intensité a été maximal d’emblée. Pas de demi-mesure. Tous ces blessés qui reculent. Allongé dans un champ. Assis dans un fossé. La haine monte contre les forces de l’ordre. Que font-ils, que défendent-ils, quelques mètres cubes de béton valent-ils tous ces corps mutilés ?

Quelqu’un nous attrape par le bras. Un infirmier avec lequel j’ai discuté un peu plus tôt dans la journée. Il nous emmène à proximité d’un homme allongé à côté d’un fossé. « Fracture ouverte de fémur », me dit-il. Un pansement est déjà installé, je ne vois pas la plaie. Je vois un hématome de cuisse volumineux. Il n’y a pas d’extériorisation de sang. Je sens son pouls. Il est conscient. La première chose à faire : le mettre en sécurité. Un antalgique. À huit personnes, on le déplace plus loin. Quelqu’un prend des constantes. La fréquence cardiaque est normale. Je suis rassurée, il n’est pas en train de se vider de son sang. Pour une fracture ouverte de fémur, le risque hémorragique est majeur. Je demande à ce que quelqu’un appelle le Samu pour une évacuation.

Derrière nous, un deuxième blessé est transporté par des manifestants. Une plaie délabrante de la fesse gauche. La plaie n’est pas hémorragique. Elle est douloureuse. Il ne peut pas marcher.Selon les organisateurs, 200 manifestants ont été blessés — dont 40 grièvement— durant ces affrontements. © Bertrand Sinssaine 

On aperçoit une nouvelle charge de la police. Des quads ? Des lacrymos ? Je ne sais pas, je n’ai pas le temps de lever le nez des blessés. Il va falloir qu’on recule de nouveau pour mettre les blessés en sécurité. On fait un portage sur le chemin en terre pour s’éloigner vraiment définitivement des zones d’agressions.

On arrive à un croisement. Je demande à ce que les constantes des blessés soient prises de nouveau pour s’assurer de leur stabilité. Je demande à ce qu’on rappelle le Samu pour qu’il nous envoie des secours. Je vois que sur le chemin d’autres blessés continuent d’affluer.

Je refais le point sur la suspicion de fracture ouverte du fémur. Je déballe la plaie. La plaie est profonde. Il y a quelque chose de dur et de blanc qui ressort en son sein. Ce n’est pas de l’os. C’est un corps étranger en plastique blanc, une part cylindrique, une part plate. Je laisse le corps étranger en place. Il doit être retiré dans un bloc opératoire au cas où il existe une plaie vasculaire sous-jacente. Je rectifie le diagnostic à la régulation du Samu.

À ce croisement de routes où se retrouvent de nombreux blessés, des élus et des observateurs de la Ligue des droits de l’Homme sont présents.

« Mon petit matériel ne va pas suffire. Quelle impuissance… »

Un homme est installé par des manifestants juste à ma gauche. Il a le visage déformé. Il s’est pris une grenade dans le visage. Je l’examine. Il a une plaie de la paupière hémorragique. L’œdème de la paupière ne me permet pas d’examiner l’œil, sa vision, sa motricité. Il a une très probable fracture du maxillaire gauche, je ne peux rien dire pour son œil.

Des personnes viennent me voir pour me dire que les ambulances sont bloquées par les gardes mobiles en amont. Je commence à m’énerver. Je transmets : « Nous avons appelé le Samu, nous avons des blessés graves. Ils doivent laisser passer les ambulances. Nos appels sont enregistrés sur les bandes de la régulation du Samu. S’ils entravent le passage des ambulances, ils seront pleinement responsables du retard de soins. On ne se laissera pas faire. Y compris sur plan juridique. » « Mettez-leur la pression, c’est pas possible autrement. »

D’autres blessés arrivent entre-temps, ils ont l’air stables. Je n’ai pas le temps de les voir. Certaines personnes s’occupent d’eux. Des complicités de bord de route.

• L’« urgence absolue »

Quelqu’un vient me chercher pour me demander d’intervenir plus en amont sur le chemin. Mon amie reste avec les blessés.

Je remonte vers la zone où un homme est au sol. Du monde autour de lui. Je m’approche de sa tête. Un « medic » réalise une compression du cuir chevelu. Des gens essayent de le faire parler. Du sang coule sur le chemin. Il est en position latérale de sécurité. Je me présente auprès des autres personnes qui prennent soin de lui. « Je suis médecin urgentiste, est-ce qu’il a déjà été évalué par un médecin ? Est-ce que quelqu’un a déjà appelé le Samu ? » Le Samu est prévenu. Pour l’instant aucun moyen ne semble engagé. Je l’évalue rapidement. L’histoire rapporte un tir tendu de grenade au niveau temporal droit (juste en arrière de l’oreille). Il se serait effondré. Extrait par des manifestants. Au début il aurait été agité. Là, il est en position latérale de sécurité. Il est trop calme.

« Le coma est de plus en plus profond »

Je fais un bilan de débrouillage :

–  une plaie du scalp de plusieurs centimètres en arrière de l’oreille. La plaie est hémorragique ;

–  un traumatisme crânien grave avec un score de Glasgow initial à 9 (M6 Y1 V2), une otorragie qui fait suspecter une fracture du rocher ;

–  pupilles en myosis aréactives ;

–  vomissement de sang avec inhalation ;

–  les premières constantes qu’on me transmet sont très inquiétantes. La fréquence cardiaque serait à 160, la tension artérielle systolique à 85. Le shock index est à presque 2.

Je demande à ce qu’on rappelle la régulation du 15 et qu’on me les passe au téléphone. Mon petit matériel ne va pas suffire. Quelle impuissance…

Je prends la régulation du 15 au téléphone. Je demande à parler au médecin. Je me présente en tant que médecin urgentiste : je demande un Smur [service d’aide médicale urgente] d’emblée pour un patient traumatisé crânien grave, avec une plaie du scalp hémorragique, et des constantes faisant redouter un choc hémorragique. Le médecin me répond que la zone ne semble pas sécurisée et qu’il est impossible pour eux d’intervenir au milieu des affrontements. J’explique que nous sommes à distance des zones d’affrontement. Qu’il y a des champs autour où il est possible de faire atterrir un hélicoptère. Il me dit qu’un point de rassemblement des victimes (PRV) est en cours d’organisation, qu’il va nous envoyer des pompiers pour extraire les victimes. J’insiste sur le fait que cet homme a besoin d’un Smur d’emblée, qu’il s’agit d’une urgence vitale immédiate et qu’il n’est pas en état d’être transporté vers un PRV. L’appel téléphonique prend fin, je n’ai pas l’impression que ma demande ait été entendue.

Un traumatisme crânien grave peut aboutir à la mort cérébrale, ou à la présence de séquelles extrêmement lourdes.

Je retourne auprès de la victime. Je la réévalue. Son score de Glasgow est tombé à 7. Le coma est de plus en plus profond. Une équipe de médecins infirmiers des gardes mobiles arrive. Je suis en colère. Ils viennent apporter les bons soins à ceux qu’ils ont presque tués. Je ravale ma colère, il faut penser à cet homme, à ce qu’il y a de mieux pour lui. Je fais une transmission médicale. Je propose que le médecin rappelle la régulation pour appuyer ma demande de Smur dans le cadre d’une urgence vitale immédiate. En attendant, j’aide l’infirmier à poser une perfusion. Traitement de l’hypertension intracrânienne. Traitement pour l’hémorragie. Le médecin des gardes mobiles me demande si j’ai de l’oxygène. Je ris nerveusement. Non, moi j’ai des compresses et de la biseptine, j’étais là pour manifester initialement.

Leur matériel est limité. Ils n’ont pas de quoi faire des soins de réanimation. Je ressens leur stress. Nous sommes dépendants du Smur.

Des pompiers en pick-up arrivent, ils nous demandent pourquoi le Smur et les VSAV[véhicules de secours et d’assistance aux victimes] ne sont pas là. Je craque et leur hurle dessus, je dis que les ambulances sont bloquées par les GM [gardes mobiles]en amont.

Combien de temps s’est écoulé ? Depuis combien de temps était-il au sol avant mon arrivée ? Comment peuvent-ils assumer un tel niveau de violence pour quelques mètres cubes de béton ?

Je pense à Rémi Fraisse.

Le Smur arrive. J’aide à son installation sur le brancard du Samu. Le médecin du Smur prépare de quoi l’intuber dans le camion. Je quitte les lieux pour rejoindre les autres blessés.

Je pense à cet homme. À ses amis. Aux miens. Je me demande où ils sont. Y en a-t-il d’autres comme lui ? Je pense à tous ceux qui ont été blessés ces dernières années par les armes de la police. À la zad, au Chefresne, au Testet, pendant la loi Travail, les Gilets jaunes. À ceux qui ont perdu des doigts, une main. Un œil. Ceux qui ont perdu la vie. À lui.

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Cerveaux non disponibles

La rage de vivre ça

Quand l’émotion est trop forte, quand les événements nous retournent les tripes, il nous semble impossible de poser des mots sur ce qu’il se passe. Mais, dans le même temps, il nous semble inimaginable de ne pas écrire ce qui ne peut être dit. 
Alors nous écrivons ces lignes, quelques heures après les drames de Sainte-Soline.

Ce weekend le pouvoir, par l’intermédiaire de son bras armé, a volontairement voulu blesser, mutiler, voire tuer des personnes. Il ne s’agit pas d’accusations. Mais d’un fait. Ce fait, il va falloir qu’un nombre important de personnes et de structures présentes à Sainte Soline l’écrivent, le disent, le crient !

Chez CND, on nous accuse souvent d’être des amoureux de l’émeute, de la violence urbaine, du chaos. La plupart du temps, plutôt que de tenter de « raisonner » nos détracteurs, nous préférons répondre à ces accusations en singeant les stigmates dont on nous pare. 
A l’image de certains Gilets Jaunes ou Black Blocs qui ne cherchent plus à convaincre BFM qu’ils ne sont pas des assoiffés de sang… 
Sauf que nous savons bien que ce qui nous anime : ce n’est pas la violence mais bien l’amour. Dire cela peut paraître niais pour certains, une contre vérité pour d’autres.

Mais ceux qui ont été dans les cortèges de tête, à la ZAD ou sur les ronds points avec les Gilets Jaunes savent que ce qui entretient le feu se trouve bien du côté de l’amour et de l’entraide, de l’espoir d’un avenir meilleur. Pour soi, pour sa famille, pour ses amis, pour tous ceux qui souffrent, qui galèrent.

Si voir des poubelles brûlées peut offrir de l’adrénaline et un certain plaisir, c’est plus par ce qu’il provoque d’inquiétude chez les puissants de ce monde que par l’aspect « destructeur » de ce feu. 
Dire cela nous paraît important par rapport aux horreurs vécues par des centaines de manifestants ce weekend. Pour ceux qui ont été blessés, mutilés ou qui se retrouvent entre la vie et la mort. Ces personnes sont venues à Sainte-Soline parce qu’elles croient en un projet de vie plus respectueux des uns et des autres, et surtout plus respectueux de la planète.

Elles sont venues lutter pour respecter le vivant et pour lui donner un meilleur avenir. Et pour ça, elles se sont fait tirer dessus par la police, à coup de LBD et de grenades désencerclantes…

Il faut prendre la mesure de ce que nous vivons depuis quelques années, et notamment depuis les Gilets Jaunes. Le pouvoir a décidé d’étendre à l’ensemble de la contestation sociale la barbarie policière institutionnalisée pendant les contre-insurrections coloniales, qui ne se déployait jusque là que dans les quartiers populaires et dans les territoires dits d’outremer. Signe de cette dérive, il a même créé de nouvelles unités clairement conçues pour frapper les corps et les esprits.
La France est un pays qui accepte de vivre avec des centaines de ses concitoyens éborgnés, mutilés, et même tués, pour avoir participé à une manifestation, à un rassemblement politique, ou à une fête de la musique.

Au moment de la sortie de son film Un pays qui se tient sage, David Dufresne faisait remarquer à quel point, lors des actes GJ les plus insurrectionnels et alors que des dizaines de milliers de personnes étaient dans la rue et en demande d’une révolution, aucun manifestant n’avait sorti un fusil de chasse ou un pistolet pour tenter de tirer sur les forces de l’ordre. 
Car malgré une haine de la police de plus en plus répandue, quasiment personne ne souhaitait la mort d’un policier.

En cela, les seuils de tolérance de la violence ont été très très nettement abaissés en quelques décennies. Qu’importe ce qu’en disent BFM ou Cnews, la société s’est spectaculairement pacifiée, et notamment dans le secteur des luttes sociales et politiques.

Sauf que du côté des forces de l’ordre, la tendance est totalement inverse avec une objective hausse du degré de violence, et même de terreur, qui est désormais « acceptée ». Acceptée par ces forces de l’ordre, par leurs supérieurs, par le pouvoir, par les médias et, in fine, par l’ensemble de la population.

Au point d’en arriver à ce weekend meurtrier à Sainte-Soline, celui-ci faisant suite à plusieurs nuits de déferlement de terreur policière dans les rues des grandes villes. 
On ne compte plus les vidéos prouvant la cruauté verbale et physique de policiers, de séquences où certains tabassent pour le plaisir, écrasent par terre, où la Brav roule volontairement sur des manifestants, frappe des journalistes, balance des insultes racistes et sexistes. C’est devenu « normal ».

Si ce système accepte ce degré de cruauté, dans l’espoir de se maintenir en place, c’est la confirmation qu’il a perdu toute légitimité à prétendre aux principes humanistes dont il se pare à longueur de temps.

Au-delà du côté immoral et inhumain de ce que le pouvoir est en train de faire, il faudra aussi qu’il assume les conséquences d’une telle violence dans sa réponse aux colères de ses propres citoyens. Et qu’il ne s’étonne pas si le degré de pacification de la société redescend d’un cran dans les prochaines années.

De notre côté, il sera important de ne pas se laisser aveugler par la colère, hautement légitime, et l’envie de vengeance, compréhensible mais potentiellement destructrice. Pour cela, il faudra se souvenir, et se marteler, les raisons pour lesquelles les personnes blessées sont venues à Saint-Soline ou dans les rues en feu. 
Qu’il s’agissait de construire un monde meilleur et plus juste. Moins violent aussi. Plus humain surtout.

CND

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Compte rendu de manifestation

La manifestation organisée par l’Union des Ukrainiens de France mardi 14 mars 2023 a rassemblé un nombre plus important de participants qu’usuellement, notamment grâce à la présence de géorgiens. La lutte conjointe des peuples ukrainien et géorgien contre l’impérialisme poutinien a été soulignée, et aussi par un intervenant polonais et le consul de Lituanie en France. Le RESU, par la voix de Bernard Randé, a informé de l’accentuation de sa campagne en faveur de Maksym Boutkevich, condamné comme on le sait à treize ans de prison pour dégradation de biens matériels (dans des combats de rue, dégradation expertisée par des séparatistes) et blessures contre deux civils (que les autorités des territoires de Louhansk et de Donetsk ont oublié d’expertiser). Deux autres soldats ukrainiens ont été condamnés, l’un à huit ans et demi de prison (pour coups de pied sur civils), l’autre à dix-huit ans (pour tentative d’intimidation sur civil).

Compte rendu de la réunion à distance du Réseau Bastille, 13 mars 2023

Compte rendu de la réunion à distance du Réseau Bastille, 13 mars 2023 par Bernard R.
(notes incomplètes)

Participants : Bruno, Robert, Patrick S., Charles, Claude, Michel L., Michel P., Jacky, Bernard R., Marc.

Michel L. introduit sur la base de l’éditorial en ligne, page d’accueil du Réseau Bastille

Claude confirme que nous sommes en fin de cycle de mobilisation, comme il l’a constaté à Nevers le 11, dans un contexte inflationniste qui atteint beaucoup de travailleurs. Il donne lecture d’un texte de la FSU transmis par Vincent Présumey.

Charles estime que les dirigeants syndicaux ne savent ni comment poursuivre, ni comment arrêter le mouvement. L’Ukraine et le mouvement social ont des rapports. Il reprend la formulation de Patrick sur la «défaite rampante» et constate que la jeunesse n’est pas intervenue.

Robert estime que les manifestants ont l’impression de se promener, voire de se faire promener. Cependant, l’intersyndicale conserve la direction, et il n’y a pas d’auto-organisation.

Patrick pense que l’on doit nuancer, que l’intersyndicale a permis la mobilisation. Certains petits secteurs restent actifs. Les AG ont été quasi-inexistantes, et l’auto-organisation est en recul, comme nos idées sont en recul. L’extrême-gauche a été inutile. Il n’y a pas d’horizon.

Jacky s’interroge sur les perspectives.

Bernard signale que l’absence de la jeunesse est liée à ses préoccupations, qui ne sont pas nécessairement de nature sociale, mais plutôt liées à l’état général du monde.

Michel L. : si on ne se fonde que sur l’unité intersyndicale, on se dirige vers le moins-disant politique ; il faut tenir les deux bouts : unité et AG . Il estime que la jeunesse se place dans le cadre capitaliste dans ses combats environnementaux, par exemple.

Robert pense qu’il ne faut pas oublier la crise de l’autre camp.

Dans la discussion sur le site, il est prévu que nous nous réunissions physiquement, Jacky, Marc (qui n’a pas donné un accord ferme), Michel L. et moi-même, pour établir une rotation de la prise en charge. Tous les candidats sont bienvenus.

Ukraine : pas mal d’initiatives sont en cours, notamment une campagne pour la libération de Maksym Butkevitch, et une discussion approfondie sur les positions d’Habermas, d’Autain, de Badie concernant la disposition politique internationale, ainsi que la question de la paix et du soutien à l’Ukraine. Les contributions sont bienvenues. Voir le texte de Robert Duguet (pas encore sur le site), et le livre de Claude Serfati dont a parlé Patrick S. mais dont je ne me rappelle plus le titre exact (Patrick, merci de le transmettre!) On envisage un texte s’adressant plus spécifiquement à la jeunesse étudiante.

Il est prévu un nouveau rendez-vous à distance le lundi 27 mars à 18h, et dans les semaines suivantes une réunion en présence.

Compte rendu de la réunion à distance du réseau Bastille, 6 février 2023

10 présents

Michel L. Énorme succès du 19 janvier, permis par l’unité des organisations syndicales. À opposer à la caractérisation donnée par Révolution Permanente : «l’unité empêche la spontanéité». Beaucoup pensaient que 19 inaugurerait un mouvement de grèves, alors que le 31, il y avait davantage de monde mais moins de grévistes.Les appels à la grève reconductible font place aux journées d’action. Le mouvement va durer. Cette semaine-ci est bloquée par le débat parlementaire. La journée de samedi prochain sera cruciale. Le 31, beaucoup de monde dans les petites villes. Le mouvement se rapproche de celui des gilets jaunes. La société actuelle n’est plus celle de 1995 ou de 2007 (effacement du service public, par exemple). Volonté d’être tous ensemble, face à la crise de LFI, du NPA, des organisations syndicales qui voient une baisse de leurs effectifs tout en conservant une pensée d’appareil.

La manifestation du 11 ouvre un mouvement long. Ce n’est pas la question des mots d’ordre, mais de quelle société nous voulons. Il faudra réfléchir à ces questions lors de la réunion en présence de mars.

Robert Il y a radicalisation du mouvement politique. La cible, c’est Macron. Dans LFI, muselé par Mélenchon, il y a une aspiration à la démocratie, aspiration qui se manifeste dans l’appel des groupes d’action. La contradiction entre le score à la présidentielle et l’absence d’implantation locale fait sentir aux militants que leur dirigeant leur vole la démocratie. La question d’un parti politique est posée.

Claude Je vis dans une zone rurale et suis d’accord avec ML. On retrouve la sociologie du vote de 2005 sur le référendum et du mouvement des gilets jaunes, avec des nuances entre la Nièvre, département pauvre, et le Cher, département un peu mieux loti. On retrouve des structures sociologiques identitaires, avec de nombreux électeurs du RN. Le slogan «révolution!» tombe à plat, les gens sont là pour défendre leur retraite. Si la réforme est votée, il faudra trouver les forces pour la faire retirer.

Charles À Paris, la manifestation a été paisible, dans le cadre d’un mouvement qui se cherche. Samedi, ce sera massif, mais la question de la grève n’est pas posée. La crise de LFI et du NPA peut être l’expression d’une possible renaissance. Je signale qu’un livre de Jean-Pierre Boudine, membre de LFI (Critique de la raison gazeuse) exprime les espoirs et les désespoirs internes, et pose la question d’un parti du travail, social et écologique. Je propose qu’on invite l’auteur le 6 mars à notre réunion en présence.

Bruno Il y a 35 ans, on se battait en vain pour que les grandes organisations exigent le retrait de la réforme en cause. Aujourd’hui, ce mot d’ordre de retrait a été avancé sans aucun problème : c’est la manifestation de l’échec de Macron. La manifestation à Clermont a été très calme.

Michel P. Dans le Cher et la Nièvre, les gens manifestaient dans le même état d’esprit que celui où ils allaient voter non au référendum de 2005, ou même voter Mitterrand. À noter la forte mobilisation simultanée contre les fermetures d’écoles dans l’Allier.

Bernard Les raisons de l’aventure dans laquelle s’est engagée Macron en ne lâchant pas prise sur la réforme des retraites ne me semblent pas claires, ni son attitude avec son principal allié syndical, la CFDT. Tout se passe comme s’il avait voulu tenter un coup de force, comme un pari. Cette situation de jeu irrationnel peut amener à toutes sortes de péripéties.

Patrick L’intersyndicle maintient le cap autour du mot d’ordre de retrait (mais Révolution Permanente voit venir la trahison…) Le prolétariat actuel est d’un type nouveau. Sud-rail a retiré son mot d’ordre de grève reconductible. Mais l’intersyndicale est faible localement, pas structurée dans la plupart des localités. À Aubervilliers, l’interpro joue le rôle d’animation, grâce seulement aux capacités logistiques des militants du PC. De même, la NUPES n’est pas structurée. À noter que dans les deux manifestations, il y avait très peu de banlieusards (quartiers peuplés de descendant de l’immigration récente). On va s’installer dans un mouvement protestataire long : Macron voulait frapper un grand coup et est tombé sur un bec.

Michel L. Anasse Kazib dit clairement que l’unité syndicale empêche la grève reconductible. Dans les facs, il n’y a pas pour l’instant de mouvement profond. Macron a voulu casser les retraites par répartition (cf. BlackRock) en s’appuyant sur la crise des syndicats. Le mouvement est profond, et met à jour l’inadéquation des organisations avec le nouveau prolétariat.

Robert J’ai suivi les travaux de l’institut La Boétie, où LFI tente d’organiser un débat en contre feu à la démocratie, débat à mourir d’ennui et à tendance corporatiste (présence d’Édouard Leclerc).

La discussion a continué quelques minutes sans que je prenne de notes. Elle a porté sur l’Ukraine, mais rien n’a été vraiment abordé sur le fond. Bernard signale qu’on est en face d’une montée en puissance des forces qui refusent d’armer les Ukrainiens, et qu’il faut se préparer à y répondre. En tous cas, un appel à la mobilisation pour le meeting du 23 février à Paris (Ukrainiens de France soutenu par le RESU et de nombreuses autres organisations) et la manifestation de soutien à l’Ukraine le 25 a été lancé.

Désolé pour les erreurs, imprécisions, manques du compte rendu. Bernard