Idées et Sociétés, International

Mon blasphème est plus grand que le tien

Les dictionnaires définissent le blasphème comme une attaque (physique, symbolique, idéologique, etc.) contre le sacré (objets, divinités, symboles, lieux, etc.). Même si, pour certain·es d’entre nous, « rien n’est sacré », cette définition ne tient pas compte du fait que ce qui est sacré pour l’un·e peut être totalement différent de ce qui est sacré pour l’autre ou, en d’autres termes, ce qui est sacré pour l’un·e peut ne pas l’être du tout pour l’autre. Comment puis-je être « blasphématoire » si je ne crois pas en ce qui est sacré pour vous ?

Religions organisées dominantes versus « croyances subalternes »
Nous pensons généralement au blasphème, au mépris de la religion, au fait de parler de Dieu de manière irrévérencieuse ou sacrilège, etc. en faisant implicitement référence à l’une des trois religions monothéistes dominantes ; mais il existe de nombreuses autres croyances qui ne sont pas prises en compte et qui sont bafouées par des personnes qui ignorent la transgression qu’elles commettent ou qui sont convaincues de la supériorité de leurs croyances sur celles des autres. Cela est particulièrement visible lorsque des peuples dits indigènes entrent en contact, par exemple, mais pas exclusivement, avec la culture occidentale dominante. Cela est également visible dans les pays où une religion majoritaire tente de prendre le dessus sur la ou les religions minoritaires.

Si vous parlez de respecter les terres sacrées et la Terre Mère alors que les capitaux internationaux sont convaincus qu’il y a du pétrole sous terre, vous serez certainement ridiculisé·e. Si vous demandez le respect des cercles de fées, des djinns ou des trolls, des arbres et des rochers sacrés, votre demande sera certainement rejetée. Pourtant, les chrétien·nes peuvent s’attendre à ce que vous respectiez les anges et celles et ceux qui croient en eux. On peut s’attendre à ce que vous doutiez de l’existence des fantômes et des esprits des ancêtres, tels qu’ils existent dans de nombreuses sociétés, mais pas de celle du Saint-Esprit, que le catholicisme intègre à la Trinité divine. On attend toutefois de vous que vous vous moquiez de la multiplicité des divinités hindoues. (Trois, ça va, mais pas plus…)

Il est clair que ce qui est considéré par certains comme « sacré » et potentiellement menacé par les non-croyant·es et les « blasphémateurs/blaspéhmatrices» a varié au cours de l’histoire et diffère encore aujourd’hui d’une région du globe à l’autre.

Je ne vais pas ici tenter de ridiculiser les innombrables fantasmes incroyables, les miracles, les interventions surnaturelles, ni les nombreux tabous et règles totalement irrationnelles que toute religion dominante attend de nous que nous acceptions sans poser de questions. Je me contente de pointer du doigt une forme de domination culturelle et l’asservissement qui en découle de certaines cultures par d’autres.

Il est clair que ce qui est considéré par certains comme « sacré » et potentiellement menacé par les incroyant·es et les « blasphémateurs/blaspéhmatrices » a varié au cours de l’histoire et varie encore d’une région du globe à l’autre. Ainsi, pour moi, le premier problème avec le concept de « blasphème », tel qu’il est généralement compris aujourd’hui, est qu’il exclut un grand nombre de croyances humaines du cercle très exclusif de celles qui ont droit au respect.

Il s’ensuit que seules les religions dominantes imposent le respect de leurs croyances. Les autres n’ont pas le pouvoir de le faire. Mais qu’en serait-il si elles le pouvaient ?

Si l’on considère le monde dans son ensemble, il est tentant de dire qu’aujourd’hui, ce sont principalement les monothéismes qui utilisent la force pour imposer leurs croyances et réprimer l’absence de croyance.

Cependant, si l’on considère la situation à un niveau plus local, il est facile de constater que d’autres religions imposent tout aussi farouchement leurs opinions aux autres. Prenons l’exemple de l’Inde et de l’imposition dévastatrice de l’hindouisme sur les autres minorités religieuses aujourd’hui, au point que même la citoyenneté est désormais assimilée à la religion dominante, et parfois subordonnée à celle-ci. Si l’on examine ce qui s’est passé au Sri Lanka et au Myanmar ces dernières années, le bouddhisme, qui jouit généralement d’une réputation de tolérance et de paix, peut être un autre bon exemple. Il est intéressant de noter que l’hindouisme et le bouddhisme se sont tous deux montrés violents et oppressifs lorsque leurs représentant·es détenaient le pouvoir politique.

Quand le « respect » mène au totalitarisme
Le fait est que, même si toutes les religions ont tendance à s’imposer à tout le monde, seules celles qui bénéficient du soutien de l’appareil étatique peuvent avoir des effets véritablement dévastateurs. D’où la nécessité de séparer les religions de l’État, en particulier le pouvoir religieux du pouvoir politique. Car les diktats religieux ne peuvent être modifiés par la volonté du peuple, alors que les décisions politiques peuvent, doivent et devraient, du moins en principe, pouvoir être modifiées dans une démocratie.

Il est important de noter que les religions organisées et leurs adeptes ne se contentent généralement pas du droit de vivre selon leurs croyances qui leur est accordé par l’État ; les personnes religieuses ont tendance à vouloir imposer leurs croyances aux autres. En fin de compte, la simple existence et les actions de celles et ceux qui ne suivent pas leurs préceptes sont considérées comme un manque de respect envers leurs croyances. C’est alors que la revendication du respect de ses propres croyances se transforme en une agression envers les croyances des autres.

Par exemple, les catholiques croient que leur Dieu ne leur permet pas de pratiquer la contraception et l’avortement. Même si aucune loi ne les oblige à pratiquer le contrôle des naissances – comme c’est le cas dans les démocraties occidentales où l’incitation à des campagnes massives d’avortement ou de stérilisation n’a pas été pratiquée, contrairement à ce qui a été fait dans de nombreux pays africains et asiatiques – même si elles ou ils peuvent librement avoir des familles nombreuses si elles ou ils le souhaitent, la hiérarchie de l’Église catholique n’a jamais cessé de lutter contre les lois européennes qui permettent à tous et toutes les citoyen·nes de réguler la taille de leur famille en utilisant des moyens contraceptifs modernes.

Il en va de même pour les chrétiens évangéliques aux États-Unis qui se battent bec et ongles (et avec beaucoup de succès) pour modifier les lois sur les droits reproductifs dans tout le pays et qui attaquent physiquement les cliniques pratiquant l’avortement.

Le problème, comme nous pouvons le constater, n’est pas d’être autorisé à vivre selon ses croyances, mais d’avoir la capacité politique d’imposer son mode de vie à des personnes qui ne partagent pas les mêmes croyances, soit parce qu’elles n’appartiennent pas à la même religion, soit parce qu’elles n’en ont aucune. Le simple fait de vivre différemment est un défi à leurs croyances quelles et ils ne peuvent tolérer. Celles et ceux qui vivent différemment sont assimilé·es à des blasphémateurs/blasphématrices.

De même, les musulman·es croient que leur Dieu n’accorde pas la même part d’héritage aux hommes et aux femmes. Aucune loi nationale n’oblige une femme musulmane croyante à accepter une part égale d’héritage ; même dans un pays où la loi accorde des droits égaux aux hommes et aux femmes en matière d’héritage, rien ne l’empêche de disposer librement de sa part égale et d’en laisser la moitié à ses frères, si elle pense que c’est ce qu’exige la religion. Un notaire finalisera facilement son testament selon ses souhaits. Cependant, nous pouvons clairement voir que, comme ce fut récemment le cas au Royaume-Uni, les religieux musulmans exigent, au nom de leurs croyances, une modification de la loi générale, c’est-à-dire une modification des droits des femmes qui ont été acquis démocratiquement par le vote du peuple.

Nous pouvons constater que les religions organisées transforment la demande de « respect » de leurs propres croyances en une imposition de ces croyances, comportements et modes de vie à tous, sans tenir compte de la liberté de conscience des croyant·es et des non-croyant·es, y compris celles et ceux qui sont considérés comme appartenant à une religion en raison de leur lieu de naissance.

Dans ce contexte de domination totalitaire, la loi sur le « blasphème » peut être un instrument puissant pour faire taire la dissidence, lorsqu’elle est placée entre les mains d’une coalition entre les pouvoirs religieux et politiques. Les États ayant une religion d’État utilisent leur pouvoir pour faire respecter des règles religieuses qui n’ont pas été approuvées par le peuple dans le cadre d’un processus démocratique. Pourtant, nombre d’entre eux continuent de se qualifier de démocraties.

L’« industrie des sentiments blessés » aux mains de l’extrême droite religieuse
L’une des dernières victimes de la loi sur le blasphème dans le royaume catholique de France fut un jeune homme qui refusa d’ôter son chapeau et de s’agenouiller lors du passage d’une procession religieuse dans la rue ; il s’appelait François Jean Lefebvre, Chevalier de la Barre, et il avait à peine 20 ans. C’était un libre penseur, disciple de Diderot et Voltaire. Il fut atrocement torturé avant d’être exécuté, et son corps fut réduit en cendres en 1766. On pense que les circonstances de son martyre ont été l’un des éléments qui ont déclenché la Révolution française de 1789 et inspiré la loi ultérieure sur la séparation de la religion et de l’État.

En 2013, lors de la création du Conseil des ex-musulman·es de France, une référence explicite a été faite au chevalier de la Barre: « Aujourd’hui, de nombreuses et nombreux Jean François Lefebvre de la Barre sont menacés, torturés, emprisonnés et mis à mort pour apostasie, blasphème, hérésie et refus de se plier aux diktats islamistes ». Le Conseil des ex-musulman·es est la première organisation qui regroupe, en France, des athées, des laïcs et des libres penseur/penseuses d’origine musulmane. En reconnaissant les similitudes entre leur situation et celle du chevalier de la Barre, les ex-musulman·es soulignent la situation terrible à laquelle sont confrontés les non-croyant·es dans les pays dits musulmans, en particulier dans les situations où l’islam est la religion d’État, où les lois sont imposées au nom de Dieu et où la liberté de conscience ne s’applique qu’à celles et ceux qui adhèrent à l’islam.

De nouvelles et nouveaux Chevaliers de la Barre ont été martyrisés dans nombre de nos pays au cours des dernières décennies : par exemple, dans les années 90, dans mon pays, l’Algérie, où environ 200 000 victimes sont tombées aux mains des « islamistes », c’est-à-dire des forces politiques d’extrême droite visant le pouvoir politique et opérant sous le couvert de la religion. Beaucoup de leurs victimes – parmi lesquelles une majorité de femmes – étaient considérées comme « insultant l’islam » parce qu’elles ne respectaient pas les règles que les nouveaux dirigeants voulaient imposer : les femmes étaient qualifiées de blasphématrices et massacrées lorsqu’elles ne se couvraient pas la tête, lorsqu’elles travaillaient pour un salaire en dehors de leur foyer, lorsqu’elles étaient étudiantes et lorsqu’elles enseignaient aux enfants dans les écoles selon les programmes officiels (c’est-à-dire non religieux). Ces accusations de blasphème s’appliquaient également aux femmes qui allaient chez le coiffeur ou dans un salon de beauté, et même lorsqu’elles allaient se baigner au hammam, etc. parmi de nombreuses autres circonstances. Tous ces comportements, par ailleurs normaux, étaient considérés comme « blasphématoires ». Sans parler des personnes qui professaient ouvertement leur athéisme ou étaient partisan·es d’un État laïc… Les croyant·es musulman·es n’étaient pas épargné·es non plus : elles et eux aussi étaient considéré·es comme des « blasphémateurs/blaspéhmatrices » si leur pratique de l’islam ne correspondait pas aux vues des nouvelles autorités religieuses.

De nos jours, il n’est plus nécessaire de cracher sur une croix ou de manger du porc en public pendant le ramadan pour être traité de blasphémateur/basphématrice… il suffit simplement de penser différemment des fondamentalistes. La prolifération des groupes armés, qui se chargent d’imposer leur propre vision de ce qui est blasphématoire et de ce qui ne l’est pas, a clairement montré l’utilisation croissante de la force des armes pour défendre la religion : les talibans, Al-Qaïda, Boko Haram, le Front islamique du salut, les Gardiens de la révolution, les groupes armés islamiques, les Shebab et bien d’autres encore.

Une décennie avant nous, les Algérien-nes, les Iranien·nes ont subi le choc dans les années 70, alors qu’elles et ils vivaient dans un État religieux sous le régime des ayatollahs. Tous les continents ont connu une montée similaire du fondamentalisme religieux islamiste et la vague de répression qui s’en est suivie contre les « blasphémateurs/blasphématrices », c’est-à-dire tous ceux et toutes cellesqui ne se pliaient pas aux nouvelles règles religieuses décrétées par eux– dont beaucoup, comme nous l’avons vu en Algérie, étaient totalement inconnues des croyant·es locaux.

Les femmes maliennes ont rapidement appris que le boubou qu’elles portaient depuis des siècles était « non islamique », et les femmes sénégalaises, qui avaient l’habitude de danser jusqu’au petit matin lors des festivités villageoises au son de ce qui est devenu l’une des musiques les plus appréciées au monde, ont été informées que leur comportement était également « non islamique ». L’ Asie du Sud a été le théâtre du massacre des libres penseurs/penseuses, que ce soit en Inde, au Pakistan, au Bangladesh ou en Afghanistan. Les femmes afghanes étaient notoirement confinées à leur domicile et ne pouvaient participer à la vie publique sous aucune forme. Ces dernières années, le Moyen-Orient a été dévasté par des forces armées islamistes fondamentalistes qui ont pris le contrôle de territoires entiers et ont contraint la population à se plier à leurs règles, toute transgression étant considérée comme « non islamique ». L’Europe et les États-Unis ont subi de nombreuses attaques meurtrières de la part de croyants fondamentalistes qui considéraient leur mode de vie comme une menace intrinsèque aux principes islamiques. Et cela est loin d’être terminé.

De plus en plus d’allié·es potentiel·les font défection, à savoir des progressistes et des défenseur·es des droits humains du monde entier qui n’hésiteraient pas à défendre les chrétien·nes ou les juifs/juives si elles ou ils étaient attaqués par des partisans d’extrême droite de leur propre religion, mais qui ne tendent pas la main à celles et ceux qui, consciemment ou inconsciemment, sont qualifiés de musulman·es. La « tolérance » est leur mot à la mode, alors que nous ne bénéficions d’aucune tolérance de la part de l’extrême droite religieuse qui accuse tant d’entre nous de blasphème.

Alors que dans un passé pas si lointain, c’était le christianisme qui dominait, cooptant et s’alliant aux pouvoirs politiques pour imposer ses opinions à tous, il semble que nous vivions aujourd’hui à une époque où c’est principalement l’islam qui joue ce rôle à l’échelle mondiale et qui est à la tête de la montée des mouvements politico-religieux d’extrême droite. Si la résistance existe absolument partout et persiste même dans les circonstances les plus difficiles dans toutes les régions touchées, il est de plus en plus difficile de se faire entendre en dehors de notre contexte national. De plus en plus d’allié·es potentiel|es font défection, à savoir des progressistes et des défenseur·es des droits humains du monde entier qui n’hésiteraient pas à défendre les chrétien·nes ou les juifs/juives si elles ou ils étaient attaqués par des partisans d’extrême droite de leur propre religion, mais qui ne tendent pas la main à ceux qui, consciemment ou inconsciemment, sont qualifiés de musulman·es. La « tolérance » est leur mot d’ordre, alors que nous ne bénéficions d’aucune tolérance de la part de l’extrême droite religieuse qui accuse tant d’entre nous de blasphème.

Même dans un pays comme la France laïque, où de nombreuses et nombreux Algériens ont trouvé refuge dans les années 90, fuyant la menace qui pesait sur leur vie de la part de groupes islamistes armés, le concept même de blasphème, qui avait été supprimé de la loi depuis la Révolution française, refait surface (comme ce fut le cas très récemment dans l’affaire dite « Mila ») sous le prétexte de « sentiments blessés ».

Un mot d’avertissement : mes chers ami·es d’Afrique et d’Asie, vous pensez peut-être qu’il s’agit là d’une histoire lointaine qui ne vous concerne pas en priorité, mais laissez-moi vous dire que si le bastion laïc qu’est la France venait à tomber, cela aurait des répercussions pour nous tous et toutes à travers le monde.

Cette évolution mérite notre attention. Il semble que les laïcs, les agnostiques et les athées devraient être moins visibles et parler moins fort afin de ne pas « heurter » les sentiments religieux de cette extrême droite religieuse bruyante   comme si nous ne méritions pas le même respect que les croyant·es, comme si nos « sentiments » – et nos corps et nos vies ! – ne pouvaient être « blessées» par l’application féroce de ce que les fondamentalistes considèrent comme l’islam ; comme si nous ne pouvions pas jouir des mêmes droits humains universels, qui dans ce cas sont notre simple liberté d’expression. Notre simple liberté de conscience et notre liberté d’expression sont considérées comme blasphématoires par les forces d’extrême droite qui prétendent représenter exclusivement l’islam.

Ce à quoi nous assistons, c’est la fragmentation des personnes, de nos concitoyen·nes, en entités concurrentes de plus en plus petites qui exigent chacune que des règles différentes s’appliquent à elles et à leur « communauté » au nom de leurs identités culturelles et religieuses. Elles se font concurrence pour forcer l’État à négocier avec elles et à leur accorder plus de droits qu’à une autre « communauté ». Elles rivalisent pour amener l’État à reconnaître qu’elles sont « blessées » par le mode de vie des autres (et que ce sont les autres qui doivent changer leurs habitudes). Selon leurs critères, elles et ils affirment que cette différence constitue en soi une forme de blasphème. Elles et ils se livrent à un dangereux jeu de pouvoir qui évolue d’une position de victime : « ton blasphème me blesse plus que le mien ne te blesse », à une position de domination et de menace : « mon blasphème est plus puissant que le tien »… et si tu ne cèdes pas, tu verras ce que je peux te faire.

Le communautarisme et ses « communautés » rivales pour le pouvoir étatique sont le véritable fléau de notre époque. Les lois votées par tous et toutes les citoyen·nes sont remises en cause au profit de lois prétendument d’origine divine, ce qui constitue une attaque directe contre le principe même de la démocratie. Avec la résurgence du concept de blasphème, nous assistons à l’éradication de la notion même de citoyenneté et de droits universels.

Marieme Helie Lucas
Marieme Helie Lucas est une sociologue algérienne ; elle a enseigné l’épistémologie en sciences sociales à l’université d’Alger. Elle est la fondatrice du réseau international de solidarité Women Living Under Muslim Laws (wluml.org) et en a été la coordinatrice internationale pendant 18 ans. Elle a également fondé et coordonne Secularism Is A Women’s Issue (siawi.org).
https://shuddhashar.com/my-blasphemy-is-bigger-than-yours-marieme-helie-lucas/
Traduit par DE blog Entre les lignes entre les mots