L’ordre d’évacuer Téhéran, où des millions de personnes, y compris des prisonniers politiques, n’ont aucun moyen de partir et aucune possibilité de s’échapper, conduit à un déplacement forcé. Le déplacement forcé d’une population civile est un crime contre l’humanité au regard du droit international. Point final.
Cela fait maintenant six jours que nous, Iranien·nes exilé·es en raison de la persécution politique du régime, sommes rivé·es à nos téléphones portables, essayant d’obtenir des nouvelles de nos proches et de donner un sens aux informations qui nous parviennent d’Iran. Nous nous trouvons pris entre le marteau et l’enclume. Laissez-moi vous expliquer pourquoi.
À première vue, comme dans toute guerre, il semble y avoir deux camps : l’Iran et Israël. Mais en réalité, la situation est beaucoup plus nuancée. D’un côté de cette guerre se trouve la République islamique, dont les généraux et les responsables du Corps des gardiens de la révolution islamique, tués lors des attaques israéliennes, figuraient parmi les plus notoires violeurs des droits humains. Ils étaient responsables du meurtre, de la torture et des blessures infligées à des centaines de milliers de dissident·es, ainsi que de nombreux autres abus graves.
Pour celles et ceux d’entre nous qui ont documenté ces crimes, et pour les familles des victimes, la réalité la plus frustrante a été que le système judiciaire international n’offrait aucun moyen, absolument aucun, de demander des comptes aux responsables. Le seul espoir de justice résidait dans le renversement du régime. Nous nous battons pour cela depuis près de cinq décennies, depuis la création de la République islamique. Nous avons perdu d’innombrables vies magnifiques dans la lutte pour la démocratie et la liberté, et nous avons essuyé défaite après défaite.
Aujourd’hui, bon nombre de ces criminels sont morts, disparus en quelques jours seulement. Naturellement, de nombreuses familles, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Iran, ressentent de la joie, du soulagement et même du bonheur. Ces émotions sont partagées par d’autres qui avaient depuis longtemps perdu tout espoir, voyant l’incapacité du système judiciaire international à traiter les crimes atroces commis contre les Iranien·nes tout au long des 46 années de règne de la République islamique.
De l’autre côté de ce conflit se trouve l’État d’Israël, dont le Premier ministre est un fugitif accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, notamment d’avoir affamé de force la population de Gaza, parmi de nombreuses autres violations des droits humains. Un génocide est en cours depuis des mois, visant les Palestinien·nes sous les yeux du monde entier. Il ne fait aucun doute que les mêmes tactiques et méthodes pourraient être utilisées contre les Iranien·nes. Certains signes sont déjà très inquiétants : l’ordre d’évacuer Téhéran, la justification des attaques contre des zones densément peuplées en prétendant que la République islamique a caché ses infrastructures militaires dans ces quartiers, utilisant les civil·es comme boucliers humains, et bien d’autres encore.
Une fois de plus, nous sommes confronté·es à des choix impossibles et paralysants. Nous ne pouvons nous ranger ni du côté de la République islamique ni du côté d’Israël dans ce conflit. Ce n’était pas notre guerre, mais elle devient de plus en plus la nôtre, car nos proches sont pris en otage par deux États criminels. Nous sommes non seulement submergé·es par les nouvelles des explosions, des destructions, des mort·es et des blessé·es – dont l’ampleur reste inconnue en raison de la censure extrême –, mais nous sommes également en proie à des émotions et des pensées contradictoires. Celles-ci nous laissent souvent au bord de la désorientation totale, perdu·es dans le temps et l’espace.
La seule ligne de conduite possible et morale dans ces circonstances est de créer un front uni pour dire non à la guerre et non à la République islamique. Nous devons mettre fin à ces deux régimes criminels. Comment exactement ? C’est une question à laquelle nous devons réfléchir avec l’aide des individu·es et des mouvements progressistes du monde entier.
Nous vous demandons de ne pas vous ranger du côté de la République islamique lorsque vous condamnez les déplacements forcés et autres crimes de guerre commis par l’armée israélienne. Il est essentiel de faire la distinction entre le peuple iranien et le régime iranien, et de se ranger du côté du peuple en évitant toute action qui renforcerait le régime.
Ce n’est pas une position facile. Elle est extrêmement difficile et très éloignée de la zone de confort et des positions habituelles que beaucoup adoptent lorsque Israël est impliqué dans un conflit. Pourtant, c’est la seule position moralement et politiquement correcte à l’heure actuelle :
Ni avec la République islamique, ni avec Israël, mais une TROISIÈME VOIE. Seulement avec le peuple iranien, qui mérite la paix, la démocratie et la liberté.
Shadi Sadr
Fondatrice et directrice de Justice for Iran
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
Communiqué par MHL