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Venezuela, un accord est passé entre plus de 50 organisations sociales

18 DÉCEMBRE 2025  issu de Refrattario e controcorrente

L’accord place la protection salariale au centre de la lutte des travailleurs

Lors d’un événement d’une grande importance politique, sociale et syndicale, plus de cinquante organisations syndicales, professionnelles et sociales vénézuéliennes, de différentes idéologies et politiques, ont signé un accord d’unité nationale qui marque un tournant historique, mettant fin à la fragmentation imposée au mouvement ouvrier et faisant passer l’unité de classe avant les différences, en réponse collective à la paupérisation généralisée, à la répression et à la criminalisation de la contestation. Expression ferme de la lutte pour le rétablissement des salaires, des retraites, de la liberté syndicale et des droits du travail systématiquement violés par l’État vénézuélien.

Salaires et retraites réduits à des niveaux abyssaux

Le cœur de l’accord d’unité est la lutte pour le sauvetage des salaires et des retraites, dévastés par des politiques anti-travail qui ont détruit les revenus des travailleurs actifs, des retraités, dans les secteurs public et privé, en remplaçant le salaire constitutionnel par des primes discrétionnaires sans incidence sur les droits du travail ou la sécurité sociale, en violation flagrante de l’article 91 de la Constitution et de la loi organique sur le travail, condamnant des millions de familles à la précarité tandis que le discours officiel cache cette réalité derrière des discours sur la croissance économique qui ne profitent pas aux travailleurs.

Lois anti-travail et destruction des acquis historiques

L’accord désigne comme directement responsables de cette situation des instruments tels que la loi anti-blocage, les zones économiques spéciales, le mémorandum 2792 et la directive ONAPRE, qui ont permis l’évasion des droits, l’externalisation et la suspension des conventions collectives, favorisant les intérêts des employeurs des secteurs public et privé.

Ces mesures ont décimé la négociation collective et laissé les travailleurs sans protection juridique efficace contre les abus de l’État-employeur.

Répression, criminalisation et atteintes à la liberté d’association

Un autre point clé de l’accord est la défense inébranlable de la liberté d’association, considérée comme un droit humain fondamental. Les organisations dénoncent une politique systématique de persécution par la police et la magistrature, d’intervention dans les syndicats, d’emprisonnement des dirigeants syndicaux, de déni du droit de grève et de criminalisation des protestations syndicales, le tout en violation des conventions 87 et 98 de l’OIT.

Dans ce contexte, l’accord exige la pleine liberté de tous les membres de syndicat qui ont été emprisonnés, jugés ou disparus, réaffirmant que la lutte syndicale n’est pas un crime et que sans liberté syndicale, il ne peut y avoir de véritable démocratie.

Une unité plurielle pour reconstruire la valeur du travail

L’accord repose sur le principe de l’unité dans la diversité, dans le respect de l’autonomie, du pluralisme idéologique et de l’indépendance de chaque organisation. Loin d’imposer des structures, les syndicats et fédérations signataires s’engagent à maintenir un organe unitaire, pluraliste et représentatif pour coordonner les actions communes et suivre efficacement les engagements pris.

Ils soulignent que l’unité n’est pas une question de circonstances, mais une réponse éthique à la faim, aux inégalités et au déni des droits qui affligent la classe ouvrière.

Des engagements concrets envers les travailleurs

Parmi les engagements pris figurent la lutte pour un salaire et une pension couvrant les besoins vitaux, le rétablissement de la valeur réelle des prestations sociales, le paiement de la dette historique accumulée, la réactivation complète des conventions collectives, l’abrogation des lois anti-travail et la garantie de conditions de travail décentes pour tous les secteurs, y compris les travailleurs informels (précaires), qui constituent désormais la majorité dans le pays.

En outre, les organisations s’engagent à dénoncer ces violations auprès des organismes internationaux et à promouvoir une vaste campagne nationale d’organisation, de communication et de mobilisation syndicale.

Une grande mobilisation nationale le 15 janvier prochain

Comme expression concrète de ce nouveau moment d’unité, l’accord annonce une grande journée nationale de mobilisation le 15 janvier 2026, dans le cadre de la Journée des enseignants, invitant tous les travailleurs actifs et retraités, du secteur public et privé, à lutter pour le rétablissement des salaires, des pensions et des revendications syndicales.

L’unité pour récupérer ce qui a été volé

Cet accord se termine par une définition claire du moment historique : ce qui a été enlevé à la classe ouvrière ne sera pas récupéré par le silence ou la résignation, mais par l’unité, l’organisation et la lutte. Affirmant que le salaire n’est pas seulement un chiffre, mais la vie, la dignité et la justice sociale, les organisations signataires transforment cet engagement en une feuille de route pour la reconquête des droits du travail, précisant qu’il ne s’agit pas d’une déclaration rhétorique, mais d’un accord de lutte, de défense de la vie et de l’unité historique, par lequel le mouvement ouvrier vénézuélien annonce sa volonté d’affronter la pauvreté et la répression pour récupérer ce qui appartient légitimement à ceux qui soutiennent le pays par leur travail.

Soutien pluriel

L’Accord d’unité nationale bénéficie du soutien des principales expressions du mouvement syndical, professionnel et social du pays, notamment les centrales historiques CTV, CUTV, UNETE, CODESA.

Vous trouverez ci-dessous la liste complète des 55 organisations qui ont signé l’accord.

  1. Confederación de Trabajadores de Venezuela (CTV)
  2. Central Unitaria de Trabajadores de Venezuela(CUTV)
  3. Central Unión Nacional de Trabajadores (UNETE)
  4. Confederación Sindicatos Autónomos de Venezuela(CODESA)
  5. Central de Trabajadores Alianza Sindical Independiente (ASI)
  6. Confederación General de Trabajadores (CGT)
  7. FETRA-Carabobo
  8. Asociación de Profesores de la Universidad Central de Venezuela (APUCV)
  9. Colegio de Enfermería del Distrito Capital
  10. Federación de Trabajadores Sindicalizados de la Educación (FETRASINED)
  11. Sindicato Nacional de Trabajadores de la UCV (SINATRAUCV)
  12. Federación de Trabajadores Universitarios (FETRASUV)
  13. Union nationale d’action sociale, syndicale et professionnelle de Zulia (UNASSG)
  14. Alliance sociale des travailleurs d’Aragua (ASTA)
  15. Syndicat unique des travailleurs de l’éducation publique, privée et similaire de l’État d’Apure (SUTEPPS)
  16. Association des professionnels universitaires exerçant des fonctions administratives et techniques à l’UCV(APUFAT)
  17. Collège des bioanalystes de l’État de Sucre
  18. Syndicat unique des employés et ouvriers électriciens et assimilés de l’État de Cojedes (SUDEOECEC)
  19. Syndicat des travailleurs de l’éducation de l’État de Portuguesa (SITE-filiale FETRASINED)
  20. Association des professeurs de l’UPEL Maracay(APROUPEL-Maracay)
  21. Syndicat des professionnels de l’enseignement – Collège des enseignants de Yaracuy (SINPRODO-CPV)
  22. Syndicat bolivarien des employés de la municipalité de Boconó (SIBOEMBO)
  23. Syndicat des travailleurs et travailleuses « Eusebio Baptista » de la mairie de Boconó (SITTEBAMB)
  24. Syndicat des ouvriers de la mairie de Caracas (SUOMGIA DCML)
  25. Coordination des retraités et pensionnés du Venezuela (COPENJUVE)
  26. Association des éducateurs retraités et pensionnés unis de la région capitale (ASOCEJUPRC)
  27. Coalition magistrale de l’État de Sucre (Sinvema, Sinproted, Suma, Fenatev)
  28. Association des professeurs de l’université Simón Bolívar del Litoral (APUSB)
  29. Syndicat des travailleurs de l’éducation de Barinas(SINDITEBA-FENATEV)
  30. Syndicat des employés de la Fondation Institut d’ingénierie (SEFII)
  31. Syndicat des travailleurs de la santé du district capital (SIRTRA-SALUD DC)
  32. Mouvement des éducateurs Simón Rodríguez (MESR)
  33. Comité des droits de l’homme pour la défense des retraités, des personnes âgées et des personnes handicapées(El COMITÉ)
  34. Association des éducateurs retraités et pensionnés unis de l’État d’Aragua
  35. Mouvement pédagogique REDEDUCADORES
  36. Front national de lutte de la classe ouvrière (FNLCT)
  37. Mouvement des éducateurs unis pour le Venezuela(MEUPV)
  38. Plateforme citoyenne pour la défense de la Constitution
  39. Syndicat unique des employés des pouvoirs publics de l’exécutif de l’État de Sucre (SUEPPLES)
  40. Ordre des économistes de l’État de Sucre
  41. Comité de conflit de l’Université de l’Orient
  42. Organisation des hommes pour l’équité et l’égalité
  43. Secrétariat d’organisation de l’Association des travailleurs de l’Université nationale expérimentale de Guayana
  44. Syndicat unique des travailleurs des municipalités de l’État de Portuguesa (SUTMEP)
  45. Syndicat bolivarien des employés de la mairie de la municipalité de Páez de l’État de Portuguesa (SIBEPAEZ)
  46. Movimiento 23 BAUXILUM
  47. Comité Nacional de Conflicto de Trabajadores en Lucha (CNCTL)
  48. Coordinadora de Trabajadores en Lucha de los Altos Mirandinos (CTLAM)
  49. Coordinadora Metropolitana de Trabajadores en Lucha (CMTL)
  50. Vanguardia Laboral (VL)
  51. Courant syndical Palabra Obrera
  52. Union des travailleurs révolutionnaires (UTR)
  53. Syndicat des travailleurs de l’éducation de l’État de Portuguesa
  54. Front autonome du secteur électrique (FASE)
  55. Fédération unitaire des syndicats bolivariens de l’État de Carabobo (FUSBEC)