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Trump : Heurs et surtout malheurs d’un pacificateur pyromane !

La rencontre Trump-Mamdani à la Maison Blanche n’a pas été seulement « étrange » et « surprenante » vu tout ce qui l’avait précédé. Elle a été surtout pleine d’enseignements pour la suite des évènements tant pour l’un que pour l’autre de ses protagonistes. Et le premier de ces enseignements est que Mamdani en sort clairement renforcé ! Pourquoi ? Mais, parce que les effusions d’amitié auxquelles s’est adonné Trump à son égard, se traduisent en désarroi des dirigeants et supporters newyorkais de Trump, qui ne savent plus quoi penser de Mamdani. Ce qui contribue à éloigner la mise en exécution des menaces trumpiennes au moins jusqu’à la prise de fonction de Mamdani en janvier prochain, et probablement pour les 4-5 mois suivants. Et évidemment, ce n’est pas du tout un hasard que Trump s’est empressé de déclarer qu’à la suite de l’échange qu’il a eu avec Mamdani, il ne compte pas envoyer ICE et ses autres milices a New York sauf si… Mamdani le lui demande ! En somme, Mamdani gagne un temps précieux pour s’enraciner et organiser sa défense et surtout son mouvement populaire…

Évidemment, ce succès de Mamdani doit beaucoup non pas à son incontestable « charme » personnel, comme le prétendent nos bons médias, mais plutôt à sa fermeté et détermination qui impressionnent et déstabilisent Trump, ainsi qu’à la très méticuleuse préparation de la rencontre de sa part. Cependant, tout ça est secondaire comparé à l’état d’infériorité où se trouvait Trump au moment de sa rencontre avec Mamdani. Tout d’abord, il affrontait celui qui venait de triompher en traduisant en programme d’action le mot « affordability» (abordabilité), qu’un Trump dans le besoin s’est empressé d’adopter donnant même l’ordre à ses ministres d’en faire autant. Et il est dans le besoin parce qu’il est en train de cumuler les déceptions dont la plus importante concerne ses accomplissements économiques : selon une enquête d’opinion de la très trumpienne chaine de télévision FOX publiée le jour de la rencontre Trump-Mamdani, 76% des citoyens américains désapprouvent sa politique économique !

Mais, les malheurs de Trump ne se limitent pas à ces sondages catastrophiques. Son parti Républicain est dans la tourmente depuis qu’un jeune néonazi, antisémite, homophobe, misogyne, négationniste et suprémaciste de 27 ans appelé Nick Fuentes a été interviewé sur Youtube par la star des chaines d’extreme-droite – et intervieweur habituel de Trump et de Poutine – Tucker Carlson. Le fait que Carlson ait offert une tribune a un tel individu qui était déjà en train de prendre la place du regretté Charlie Kirk dans le cœur des jeunes Républicains, a soulevé une véritable tempête dans les milieux trumpistes. D’abord, en défendant le choix de Carlson, le président du bastion américain et internationale du conservatisme le plus réactionnaire qu’est la vénérable Heritage Foundation, a provoqué un tollé et la démission de plusieurs de ses dirigeants, tandis qu’une majorité des milliardaires qui financent la Fondation annonçaient qu’ils arrêtaient de la soutenir !

Mais, ce n’était pas tout. Trump lui-même non seulement prenait la défense de son ami Carlson mais se déclarait aussi d’accord avec certaines thèses de Fuentes, sans expliciter lesquelles. C’en était trop, d’autant plus qu’Israel et son lobby américain demandaient les têtes des responsables en sentant monter l’influence néonazie et antisémite dans les rangs d’un mouvement Maga désormais en crise et divisé, tandis que le grand admirateur de Hitler mais aussi de… Staline et accessoirement de Poutine qu’est ce Nick Fuentes voyait son emprise sur le parti du président Trump monter en flèche…

Devant cette multiplication d’échecs et de malheurs, Trump a tenté de redorer son blason en se mettant de nouveau en scène comme pacificateur (1). D’abord, à Gaza et ensuite en Ukraine. Mais, malgré le tapage triomphaliste médiatique, les résultats sont pour le moins plus que médiocres pour lui et tragiques pour les peuples intéressés. A Gaza, le tant célébré cessez-le-feu trumpien a été mort-né dès le départ. Pour tout dire, dès son premier jour, il n’a été qu’une blague macabre, l’apothéose du cynisme meurtrier du tandem Trump-Netanyahou. C’est ainsi que pendant que les médias et nos gouvernants persistent à louer le « cessez-le-feu globalement respecté » à Gaza, l’armée israélienne tue jour après jour, 30, 35 ou 40 civils Palestiniens dans l’indifférence générale. Comme si tuer 30 ou 35 Palestiniens de Gaza par jour est quelque chose de « normal », dans l’ordre des choses, qui n’a rien a voir avec le cessez-le-feu et son fameux… « respect ». D’ailleurs, ce tant célébré cessez-le-feu assassin, ne vaut que pour Gaza, laissant Israël, son armée et ses bandes de colons libres d’agir, de tuer, de saccager, bruler, démolir, déraciner (des dizaines de milliers d’oliviers) et terroriser en Cisjordanie occupée. Ainsi qu’au sud Liban, à Beyrouth et en Syrie !

Alors, fort de son succès à Gaza, Trump a voulu parfaire sa mission (divine ?) de pacification proposant ses services à l’Ukraine. Sauf que, selon son ministre des affaires étrangères Marco Rubio, son plan de paix a été rédigé par le bras droit de… Poutine. Ce qui a fait sensation même dans son propre parti aux Etats-Unis. Mais, ce ne sont pas de tels « détails » qui peuvent faire reculer Trump. « Things happen », ce sont des choses qui arrivent, comme il a dit de l’assassinat, du démembrement et de la dissolution dans l’acide du pauvre journaliste saoudien Khashoggi, en présence de son bourreau MBS dans la Maison Blanche.

Et la gauche européenne dans tout cela ? Qu’en pense-t-elle et surtout que fait-elle en ce moment si critique pour le présent et l’avenir de l’humanité ? Malheureusement, pas grand-chose. Quand évidemment, elle ne fait l’opposé de ce qu’elle devrait faire. Comme par exemple, ce parti de Sarah Wagenknecht en Allemagne, qui a ambitionné de devenir le bateau amiral de cette gauche internationale qui flirte ouvertement avec Poutine, soutient sa « dénazification » de l’Ukraine et trouve tout à fait fréquentables des « anti-impérialistes » comme Assad ou Orban. Malheureusement pour ce parti au nom de sa fondatrice et leader incontestable, Sarah Wagenknecht vient d’annoncer son départ de la direction, après une série de résultats électoraux catastrophiques. Mais le pire est le – très didactique – aboutissement actuel de ces échecs à répétition : une fraction du BSW et Sarah Wagenknecht elle-même déclarent maintenant vouloir faire quelque chose que même le partis bourgeois les plus droitiers comme la CDU et la CSU refusent de faire : vouloir s’allier aux néonazis de l’AFD, avec l’ambition de co-gouverner des Länder en Allemagne de l’est où les deux partis pourraient avoir une majorité de députés locaux ! Triste et pitoyable aboutissement d’un parcours qui a commencé à l’extreme gauche et semble vouloir se conclure à l’extrême droite. Que ceux qui suivent des parcours analogues y réfléchissent et en tiennent compte…

Yorgos Mitralias

Note (1). Voir aussi Trump le «pacificateur» comme Hitler le « chancelier de la paix »! :
https://www.cadtm.org/Trump-le-pacificateur-comme-Hitler-le-chancelier-de-la-paix

Trump, gli alti e bassi di un pacificatore piromane
https://andream94.wordpress.com/2025/11/26/trump-gli-alti-e-bassi-di-un-pacificatore/