Par Yorgos Mitralias
Mais, de quel plan de paix en Palestine parlent-ils ? Celui qui, du haut de sa magnanimité, va jusqu’à consentir à laisser en vie les survivants du génocide des Palestiniens de Gaza ? Ou celui qui récompense leur recherche acharnée d’un État indépendant bien à eux, en les gratifiant d’un « gouvernement » d’étrangers pro-israéliens dirigé par un Américain (Trump) et/ou un Anglais (Blair) ? Un tel plan de paix n’a rien de pacifique, ressemble plutôt à une blague macabre et est condamné d’avance à rester lettre morte. Comme d’ailleurs, sont restés lettre morte tous ceux qui l’ont précédé. En d’autres mots, le génocide continue…
Alors, que faire ? D’abord, perdre les illusions qui sont aussi responsables de la situation actuelle. Et comprendre une fois pour toutes, que Netanyahou, comme d’ailleurs Poutine, sont intraitables, sûrs de leurs force (militaire) et surtout de l’appui sans faille de l’Internationale Brune dont ils sont tous les deux des éminences fondatrices et dirigeantes. Et aussi, que le salut des Palestiniens ne viendra jamais ni des « Grands » de ce monde, ni de ceux d’en haut, même s’ils sont arabes ou coreligionnaires. Et il ne viendra jamais d’eux parce qu’ils n’ont aucun intérêt de changer une situation qu’ils ont eux-mêmes créée et entretenue. Car même dans le meilleur des cas, leur reconnaissance si tardive d’un État Palestinien ressemble fort à la reconnaissance non pas d’un État mais plutôt d’un cimetière, du cimetière palestinien qu’est l’actuelle Gaza rasée au sol…
La leçon à tirer de ces constats crève les yeux : le salut tant des Palestiniens que des Ukrainiens ne peut venir que de ceux d’en bas. De cette humanité qui ne se contente plus de mots et passe aux actes, et manifeste sa solidarité dans la rue presque partout au monde. De ceux et celles, juifs de la Diaspora inclus, qui, armés de leur seul internationalisme militant, vont jusqu’à défier avec leur flottille désarmée la machine à tuer des génocidaires Israéliens. Et aussi de ces -malheureusement, encore peu nombreux- Juifs Israéliens qui sont solidaires du peuple palestinien et se battent courageusement au cœur même du monstre sioniste. Comme d’ailleurs, de ces Russes et Biélorusses héroïques qui n’hésitent pas de manifester leur solidarité au peuple Ukrainien bien que cela leur coute leur liberté et parfois même leur vie…
Alors, force est de constater que la scandaleuse hypocrisie de nos gouvernants, qui dénoncent l’écrasement de l’Ukraine par l’armée russe mais soutiennent sans condition celui de Gaza par l’armée israélienne, non seulement alimente grandement la révolte populaire quasi planétaire en cours contre les génocidaires Israéliens et leurs complices, mais exacerbe aussi la crise de ces gouvernants et de leurs régimes. C’est ainsi que le deux poids deux mesures pratiqué cyniquement par les droites et les extrêmes droites qui gouvernent désormais presque partout au monde, est en train de priver la domination bourgeoise de ce qui est son atout, probablement le plus précieux : sa crédibilité qu’elle construit patiemment depuis fort longtemps !
Cependant, force est aussi de constater que, cette crise majeure de la crédibilité bourgeoise et capitaliste ne profite pas du tout à la gauche internationale. Pourquoi ? Mais parce que la même hypocrisie et la même crise de crédibilité caractérisent actuellement la majeure partie de cette gauche internationale. En effet, si les droites soutiennent l’Ukraine mais arment, financent et couvrent diplomatiquement l’écrasement des Palestiniens de Gaza par Israël lequel, selon le ministre des affaires étrangères russe Serguei Lavrov, » poursuit des objectifs similaires à ceux de la Russie » en Ukraine (1), cette gauche internationale soutient sans réserves les Palestiniens contre Israël mais refuse ostensiblement de soutenir l’Ukraine agressée militairement par la Russie de Poutine. Et pire encore, une partie de cette gauche va jusqu’à soutenir Poutine auquel elle attribue des vertus… anti-impérialistes et progressistes totalement imaginaires.
Et pourtant, il y a -fort heureusement- une autre gauche internationale, minoritaire pour l’instant mais en pleine ascension, qui abhorre l’hypocrisie et refuse de pratiquer les deux poids et deux mesures : c’est pourquoi elle soutient tant les Palestiniens contre Israel de Netanyahou, que les Ukrainiens contre la Russie de Poutine. Et cela parce qu’ elle refuse de choisir le bon bourreau contre le mauvais bourreau, en faisant cause commune avec le prétendu bon impérialiste contre le mauvais parce que tout simplement il n’y a pas de bon impérialiste et de bon capitaliste ! C’est la gauche qui se bat contre toutes les injustices et sur tous les fronts aux cotés des humbles, des pauvres et des opprimés, et dont le personnage emblématique n’est autre que la jeune suédoise Greta Thunberg que le mentor du trumpisme triomphant, le milliardaire néonazi Peter Thiel a ciblé, à juste titre, comme l’ennemi No 1 de la contre-révolution réactionnaire mondiale, allant jusqu’à la qualifier de… « antéchrist » !
Mais, il n’y a pas seulement le sieur Thiel qui lance des anathèmes contre Greta. Comme nous l’écrivions il y a presque deux ans (2), M. Poutine en 2019, « réagissant au discours de Greta à l’ONU, a fait preuve d’un paternalisme pitoyable en la traitant de « gentille fillette » mal informée qui ne comprend pas à quel point le monde d’aujourd’hui est complexe ! » Et nous complétions le tableau des horreurs anti-Greta rappelant que « c’est avec le même ton paternaliste de procureur de pacotille, que le célèbre magazine allemand, Der Spiegel, a récemment attaqué Greta, la qualifiant de « naïve ou peut-être antisémite » lorsqu’elle a osé manifester dans les rues d’Amsterdam en solidarité avec les Palestiniens. Apparemment parce que, selon le bon magazine allemand, seules les personnes « naïves » et « antisémites » peuvent se sentir solidaires des civils palestiniens massacrés par l’armée israélienne. Encore plus grave, elle a subi des attaques hystériques, allant jusqu’à l’identifier à… la jeunesse hitlérienne ( !), lorsque Greta a osé scander, avec d’autres manifestants, le mot d’ordre Krossa Sionismen (écrasez le sionisme) devant l’ambassade d’Israël à Stockholm.
Et tout cela sans oublier que des « libéraux » occidentaux sont allés jusqu’à la menacer… d’une « balle entre les yeux » lorsque Greta les a dénoncés avec les mêmes mots que ceux qu’elle utilise contre Poutine et ses acolytes, car tant les uns que les autres s’obstinent à émettre toujours plus de gaz à effet de serre, commettant ainsi le plus grand des crimes contre la planète et ses habitants. D’ailleurs, lorsque Greta déclare que « pour sauver la planète, le monde doit se débarrasser du capitalisme », cette affirmation catégorique ressemble à une déclaration de guerre contre les uns et les autres, sans aucune exception… ».
Et voici comment nous concluions ces rappels utiles aux quels nous n’avons aujourd’hui absolument rien à ajouter :

« Greta est donc emblématique de notre époque aussi pour une autre raison : parce qu’elle rallie contre elle la coalition la plus hétéroclite et sans précédent historique de tyrans sanguinaires, de capitalistes milliardaires, de grands bourgeois cossus et autres dictateurs frustes et démocrates assassins aux bonnes manières, lesquels se battent entre eux mais sont unis par leur commune passion du pouvoir et leur commune avidité pour des profits toujours plus grands. Mais en provoquant cette unanimité sans précédent et en ralliant contre elle tous ces destructeurs de l’humanité, Greta révèle aux yeux de tous l’essence des choses, les auteurs et les responsables de la crise historique généralisée d’aujourd’hui. D’ailleurs, comme elle est entièrement d’accord avec le grand prisonnier palestinien Marwan Barghouti (22 ans dans les prisons israéliennes !) qui se déclare « pacifique mais pas pacifiste », Greta apparaît comme l’ennemie jurée numéro un de « ceux d’en haut », et la principale source d’inspiration militante pour la multitude de « ceux en bas » et leurs avant-gardes révoltées. Quant à la gauche désorientée et confuse d’aujourd’hui, l’esprit clair de Greta pourrait lui être utile pour clarifier une fois pour toutes ses idées, ses priorités et ses orientations… »
Notes
1. Voir Sergueï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères : « Israël poursuit des objectifs similaires à ceux de la Russie » ! : https://www.pressegauche.org/Serguei-Lavrov-ministre-russe-des-affaires-etrangeres-Israel-poursuit-des
2. Voir aussi Contre la Russie, l’OTAN et Israël – Greta montre la voie ! : https://aplutsoc.org/2024/01/06/contre-la-russie-lotan-et-israel-greta-montre-la-voie-un-billet-de-yorgos-mitralias/