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Trump s’efforce de mettre fin à la liberté d’expression aux États-Unis

par Dan La Botz.

Le président Donald Trump a lancé une campagne visant à mettre fin à la liberté d’expression aux États-Unis. La liberté d’expression est non seulement protégée par la Constitution américaine et la loi, mais elle fait également partie intégrante de l’histoire et de la culture américaines. Cependant, Trump ne censure pas littéralement le contenu, mais utilise plutôt sa fortune personnelle ou le pouvoir économique du gouvernement pour intimider les médias, les universités et les cabinets d’avocats.

Contrôle de la télévision
La semaine dernière, Trump et son administration ont provoqué le licenciement immédiat et définitif de Jimmy Kimmel, un humoriste de fin de soirée qui s’était livré à une critique comique cinglante de Donald Trump. Kimmel avait fait une blague suggérant que Tyler Robinson, l’assassin du podcasteur de droite Charlie Kirk, pourrait être « l’un d’entre eux », ce qui a scandalisé l’extrême droite. Le président de la Commission fédérale des communications (FCC), Brendan Carr, a immédiatement suggéré que Jimmy Kimmel soit suspendu. La FCC n’a aucun contrôle légal sur le contenu des médias, mais Carr a laissé entendre que si la société ne se conformait pas à cette décision, la chaîne et ses filiales pourraient perdre leur licence de diffusion. Ainsi, ABC, la American Broadcasting Company, désormais détenue par la Walt Disney Company, a licencié Kimmel, qui comptait environ 1,7 million de téléspectateurs chaque soir.

En juillet, CBS, le Columbia Broadcasting Network, désormais détenu par Paramount Global, avait déjà licencié Stephen Colbert, avec effet en mai 2026, à la fin de son contrat. Colbert, qui compte trois millions de téléspectateurs, est également un critique comique cinglant de Trump, bien que CBS ait affirmé qu’il était licencié pour des raisons économiques. Les deux chaînes, ABC et CBS, dépendent de la FCC pour mener à bien des transactions, des fusions et des acquisitions de plusieurs milliards de dollars dans lesquelles elles sont engagées et qui nécessitent son approbation.

Les chaînes de télévision avaient déjà cédé à Trump. En juillet 2025, la société mère de CBS, Paramount Global, a versé 16 millions de dollars à Trump pour avoir prétendument monté une interview de Kamala Harris, sa rivale à la présidence, de manière à la favoriser et à le désavantager. Et en décembre 2024, ABC a fait un don de 15 millions de dollars à la bibliothèque présidentielle Trump en paiement pour l’avoir prétendument diffamé dans des propos sur Trump qui ont été jugés diffamatoires dans un procès civil pour le viol de l’écrivain E. Jean Carroll. Les deux sociétés ont été largement critiquées pour avoir réglé ces procès spécieux.

Poursuivre les journaux en justice
Trump s’en est également pris à la presse écrite. En juillet, Trump a intenté un procès contre le Wall Street Journal, News Corporation et son propriétaire Rupert Murdoch pour avoir publié un article sur la carte d’anniversaire que Trump avait envoyée et signée au pédophile condamné Jeffrey Epstein. Le Journal conteste cette action en justice.

Et en septembre 2025, Trump a poursuivi le New York Times pour 15 milliards de dollars pour diffamation visant à nuire à lui-même et à ses entreprises avant les élections de 2024. Un juge a rejeté la plainte de Trump et lui a donné un mois pour la modifier.

Pression sur les universités
Trump a également fait campagne pour changer le caractère des universités américaines, arguant qu’elles sont antisémites, qu’elles promeuvent les « idéologies   LGBT et transgenres et que leurs programmes de diversité, d’équité et d’inclusion sont racistes à l’égard des Blancs. Il a déclaré que l’enseignement supérieur était de gauche, voire communiste. Il a réduit de plusieurs centaines de millions de dollars le financement de la recherche et intenté des poursuites judiciaires pour forcer les universités à modifier leurs programmes d’études et même leur personnel. Certaines, comme Columbia, ont cédé, tandis que d’autres, comme Harvard, ont résisté mais ont également fait des concessions.

Et les cabinets d’avocat·es
Trump s’en est également pris aux cabinets d’avocat·es qui avaient représenté ses adversaires, utilisant des décrets pour leur refuser l’accès aux tribunaux fédéraux, leur retirer leurs habilitations de sécurité et annuler leurs contrats. Sous une telle pression, le cabinet Paul, Weiss a accepté de fournir 40 millions de dollars de services juridiques bénévoles à des causes soutenues par l’administration. Plusieurs autres cabinets d’avocats ont riposté et obtenu des ordonnances judiciaires pour mettre fin au harcèlement de Trump.

Trump suggère désormais que tout média audiovisuel qui le critique devrait perdre sa licence.

Nous continuerons à exercer la liberté d’expression en Amérique.

Dan La Botz, 21 septembre 2025
https://internationalviewpoint.org/spip.php?article9182
Traduit par DE