Interview de Frieda Afary pour Posle Media

Pourquoi certaines féministes iraniennes soutiennent-elles l’Ukraine ? Que pouvons-nous apprendre des féministes iraniennes ?
La féministe socialiste irano-américaine Frieda Afary réfléchit à l’opposition iranienne en exil et expose sa vision d’une alternative mondiale au capitalisme
— Alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a plongé de nombreux militants de gauche à travers le monde dans une crise identitaire, certains tolérant voire même soutenant ouvertement le prétexte avancé par Poutine: résister à l’expansion de l’OTAN vers l’est, certains membres de l’opposition iranienne — et vous-même — n’avez vu aucune difficulté à vous ranger du côté de l’indépendance de l’Ukraine. Pourquoi ?
— L’opposition progressiste iranienne dans son ensemble s’oppose à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, car les Iraniens ont souffert des relations étroites et du soutien de la Russie à la République islamique. La Russie fournit à la République islamique des centrales nucléaires et des armes. Elle achète des drones et des missiles iraniens et les utilise pour attaquer les infrastructures civiles ukrainiennes. La Russie vote également en faveur de l’Iran à l’ONU.
Le 2 mars 2022, la leader féministe et militante des droits humains iranienne Nasrin Sotoudeh a publié une déclaration condamnant l’invasion russe et défendant l’Ukraine. Appelant le secrétaire général de l’ONU à utiliser « tous les moyens internationaux pour mettre fin à cette agression flagrante », elle a écrit :
« En solidarité avec le peuple ukrainien, et en le soutenant, je dis que la paix mondiale n’est pas possible sans s’opposer à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et sans soutenir l’Ukraine. »
Malheureusement, une grande partie de la gauche iranienne, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Iran, continue de répéter le discours de désinformation russe selon lequel il s’agit d’une guerre par procuration fomentée par l’OTAN. Elle adhère à la perspective stalinienne, qui ne voit que l’impérialisme américain et occidental comme source des problèmes mondiaux et qui continue de justifier les actions de la Russie aujourd’hui, même si celle-ci ne peut plus se revendiquer du socialisme.
Ma position est ancrée dans mon histoire d’opposition au soi-disant anti-impérialisme stalinien, qui a conduit une grande partie de la gauche iranienne à soutenir les fondamentalistes islamiques après la révolution de 1979 contre le shah soutenu par les États-Unis. Je suis issue d’une branche du marxisme appelée marxisme-humanisme, fondée par la philosophe et féministe d’origine ukrainienne Raya Dunayevskaya. Dunayevskaya a développé une théorie du capitalisme d’État pour s’opposer au totalitarisme en Union soviétique en 1941, puis a approfondi cette théorie en relation avec le capitalisme d’État totalitaire dans la Chine maoïste. J’ai également beaucoup appris des dialogues avec des féministes socialistes ukrainiennes et d’autres socialistes indépendants ukrainiens, notamment Oksana Dutchak, Yuliya Yurchenko, Hanna Perekhoda, Artem Chapeye et Vlodyslav Starodubtsev. Ils remettent fortement en question l’opinion défendue par la gauche occidentale selon laquelle la guerre en Ukraine est une « guerre par procuration ». Ils sont profondément enracinés dans l’histoire ukrainienne, s’opposant à l’impérialisme russe tout en luttant pour les droits des travailleurs, des femmes et pour l’émancipation des genres en Ukraine. Ils s’opposent au capitalisme d’un point de vue humaniste, se souciant sincèrement des luttes nationales et internationales, du Moyen-Orient à l’Afrique, en passant par l’Asie et l’Amérique latine, et ils travaillent en solidarité avec elles. J’ai également beaucoup appris d’Alla Solod et de l’atelier féministe de Lviv lors de la production d’un court métrage sur la solidarité féministe avec l’Ukraine. Malgré toutes les difficultés de la vie sous les bombardements russes, elles ont patiemment recherché et édité des enregistrements de déclarations de féministes ukrainiennes et ont accueilli les contributions de féministes noires américaines et iraniennes en solidarité avec l’Ukraine.
— J’aimerais que vous partagiez votre expérience avec l’opposition iranienne en exil, car les persécutions et la législation répressive en Russie ont contraint la plupart des dissidents à quitter le pays. Aujourd’hui, nous recevons de moins en moins d’informations provenant de journalistes et de chercheurs russes indépendants ; la plupart des informations sont simplement réinterprétées par les médias d’opposition à partir des sources officielles du gouvernement. Pensez-vous que l’opposition soit capable de représenter fidèlement l’évolution de la situation sur le terrain ? Comment l’opposition iranienne a-t-elle tenté de pallier le manque d’informations fiables ?
— Entre la fin des années 1990 et la guerre entre Israël/les États-Unis et l’Iran en juin 2025, Internet a créé des opportunités de communication en ligne avec les dissidents iraniens. Cependant, depuis lors, le gouvernement iranien a encore plus réprimé les dissidents et a fermé de nombreuses fenêtres de communication. Et de plus en plus de progressistes ont été arrêtés et certains ont été exécutés.
Zamaneh, un média persan indépendant très progressiste basé aux Pays-Bas, compte parmi ses rédacteurs de jeunes écrivains iraniens récemment exilés qui continuent de recevoir des contributions provenant d’Iran. Il existe également d’autres sites web progressistes et des journalistes en exil qui communiquent avec des personnes à l’intérieur de l’Iran.
— Les opposants libéraux russes en exil ont de plus en plus tendance à se considérer comme les représentants légitimes des Russes opposés à la guerre. Ils ont tenté de former des « gouvernements en exil »et comme on pouvait s’y attendre, ces tentatives ont échoué. À mesure que les contacts avec les personnes à l’intérieur du pays diminuent, certains semblent espérer que le régime sera renversé par l’Occident plutôt que par les Russes eux-mêmes. Les récentes attaques américaines et israéliennes contre l’Iran semblent avoir suscité des sentiments similaires parmi l’opposition iranienne. Dans quelle mesure cette attitude est-elle viable ? Pensez-vous qu’elle soit inévitable ? Votre expérience de la politique d’opposition iranienne pourrait-elle révéler davantage d’aspects que ces tendances simplistes et autoritaires parmi les forces « pro-démocratiques » ?
— L’aspect le plus révélateur des bombardements israéliens et américains sur l’Iran pendant la guerre de juin 2025 a été le bombardement de la prison d’Evin. La prison d’Evin est un symbole pour les dissidents progressistes et le lieu où étaient détenus certains des futurs dirigeants les plus prometteurs de l’Iran. Divers prisonniers, visiteurs familiaux et membres du personnel ont été tués et mutilés lors du bombardement. Les prisonniers survivants ont ensuite été transférés vers des prisons aux conditions bien pires encore.
Ce bombardement a démontré que ni Israël ni les États-Unis ne souhaitent voir des dirigeants progressistes accéder au pouvoir en Iran.
Israël comme les EU espèrent soit promouvoir les monarchistes iraniens, soit conclure un accord avec une faction du régime actuel, voire les deux solutions.
La guerre de juin 2025 a fait plus de 1 000 morts et 5 000 blessés en Iran. Elle a causé des dégâts considérables aux infrastructures et rendu l’air iranien, déjà pollué, encore plus toxique. Elle a également brisé les illusions de nombreux Iraniens qui croyaient qu’une invasion par Israël et les États-Unis pourrait les sauver. Cependant, cela ne signifie pas que l’opposition monarchiste ait perdu toute sa base.
Quant à l’opposition russe, je ne vois pas comment elle peut penser que l’administration Trump, qui est alliée à Poutine tant sur le plan idéologique que politique, renversera le régime russe.
— Le féminisme est-il associé à l’Occident en Iran ? Pensez-vous qu’il puisse exister un féminisme non occidental et non laïc ? En vous appuyant sur l’expérience du récent mouvement « Femme, vie, liberté » de 2022-2023, pensez-vous que le programme féministe pourrait bénéficier d’un large soutien dans la société iranienne ?
— Le féminisme a des racines indigènes en Iran, qui remontent à la révolution constitutionnelle de 1906-1911 et aux efforts de diverses femmes leaders pour promouvoir l’éducation des filles et des femmes. Au cours des trente dernières années, les féministes iraniennes ont traduit en persan certaines œuvres des féministes occidentales. Il existe déjà des féministes iraniennes indépendantes en Iran. Cependant, je ne pense pas qu’il soit possible d’avoir un féminisme non laïc. À tout le moins, le féminisme exige l’égalité des sexes et les droits reproductifs, y compris le droit à l’avortement. Il nécessite aussi des lois exemptes de dogmes religieux. De plus, après avoir connu plus de quatre décennies de République islamique, la société iranienne souhaite aujourd’hui majoritairement la séparation de la religion et de l’État.
Ce qui a été appelé le « mouvement Femme, Vie, Liberté » à la fin de 2022 et au début de 2023 n’était pas une révolution féministe à part entière, mais il présentait certaines caractéristiques féministes distinctes. Par exemple, les étudiants ont fait des efforts pour mettre fin à la ségrégation entre les sexes dans les cafétérias et les salles de classe des universités. Le mouvement a également bénéficié de la participation massive de femmes issues de la classe ouvrière, notamment des femmes kurdes du nord, des femmes arabes du sud et des femmes baloutches du sud-est de l’Iran, la province la plus défavorisée économiquement et la plus misogyne du pays.
Au cours des sept mois qu’ont duré les manifestations, la police et l’armée iraniennes ont arrêté plus de 20 000 manifestants. Plus de 500 personnes ont été tuées pendant les manifestations. Quatre jeunes ont été pendus à l’époque pour avoir participé aux manifestations, et d’autres jeunes participants arrêtés ont été exécutés au cours des trois dernières années. De nombreux manifestants, en particulier des femmes, ont été touchés aux yeux ou aux parties génitales par des tireurs d’élite. Beaucoup ont été violé.es par la police, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la prison. Certains manifestant.es qui ont été violé.es et torturé.es à mort ont été déclaré.es comme s’étant suicidé.es. Des milliers d’écolières ont été empoisonnées.
Divers groupes féministes et syndicaux en Iran ont publié des déclarations exprimant leurs revendications pour un Iran démocratique à l’avenir. Ces déclarations réclamaient les choses suivantes :
une éducation gratuite et de qualité égale pour les femmes et les hommes à tous les niveaux, sans ségrégation entre les sexes
la participation égale des femmes dans les sphères sociale, politique et économique les droits reproductifs et le droit à l’avortement
les droits au divorce et à la garde des enfants
l’interdiction des mutilations génitales féminines, des mariages d’enfants et de la polygamie
la criminalisation de la violence sexiste et du harcèlement sexuel ;
la classification du travail domestique comme travail pénible, nécessitant une meilleure rémunération
des services juridiques et de santé pour les femmes incarcérées.
Certaines féministes ont fait valoir que ces revendications devaient aller au-delà du niveau minimum de la société civile pour inclure aussi les droits humains des minorités nationales, religieuses et sexuelles opprimées, ainsi que ceux des migrants (principalement afghans), et plaider en faveur de la justice sociale et de la discrimination positive, que nous appelons aux États-Unis « affirmative action » (action positive).
Hélas, trois ans plus tard, plusieurs féministes iraniennes emprisonnées sont condamnées à mort. En septembre 2023, le gouvernement iranien a adopté la loi sur le hijab et la chasteté, qui impose une application plus stricte du code vestimentaire islamique et prévoit des sanctions allant de l’amende à l’expropriation et à l’emprisonnement. Les taux déclarés de féminicides, de violences sexistes et de suicides chez les femmes ont augmenté. Le taux d’exécution des prisonniers en général, et des femmes prisonnières en particulier, a augmenté. Depuis janvier 2025, le gouvernement iranien a également expulsé 1,8 million de migrants afghans d’Iran. Il encourage également la haine contre la population migrante afghane en Iran afin de détourner l’attention de son histoire et de ses politiques destructrices.
La contradiction entre le soutien massif reçu par le mouvement « Femme, vie, liberté » et les développements rétrogrades actuels ne peut que s’expliquer par le régime. Les pressions économiques, politiques, sociales et environnementales qui pèsent sur la société, combinées à la dernière guerre ouverte entre la coalition israélo-américaine et l’Iran, ainsi qu’aux dommages massifs causés aux infrastructures et au moral des Iraniens, ne laissent aucune place à un développement progressiste.
— Lorsque vous avez condamné l’invasion de Poutine, vous avez expliqué que l’État russe recourt fréquemment à une rhétorique misogyne. De plus, l’État russe est obsédé par le contrôle du corps des femmes et l’imposition à tous ce qu’il appelle les valeurs familiales. Ironiquement, ces valeurs sont basées sur des indicateurs démographiques plutôt que sur la spiritualité ou la Bible. Pensez-vous que les droits des femmes sont plus importants que les « valeurs familiales » ? Ou les « valeurs familiales » servent-elles simplement à justifier des politiques misogynes qui mettent la vie en danger ?
— La droite a défini les « valeurs familiales » comme le patriarcat, l’homophobie, les rôles familiaux traditionnels et les structures qui oppriment les femmes et les enfants. Ces valeurs ne permettent pas la création de relations familiales aimantes et attentionnées. Parmi les exemples de ces « valeurs », on peut citer les politiques de Poutine en Russie et en Ukraine, la mise en œuvre du projet 2025 par l’administration Trump et l’imposition de la charia par le régime iranien. Certaines féministes socialistes ont critiqué la famille traditionnelle et ont cherché à redéfinir les valeurs familiales. Elles envisagent les valeurs familiales libérées comme des relations humaines non oppressives et non exploitantes, dans lesquelles les gens ne s’utilisent pas les uns les autres comme de simples moyens pour atteindre une autre fin, mais se soucient sincèrement de la croissance, du développement et du bien-être de chacun.
Cet effort inclut les droits reproductifs et le droit à l’avortement, ainsi que le rejet des normes qui encouragent l’agressivité et la domination chez les hommes et l’obéissance chez les femmes.
Cependant, il ne suffit pas de transcender les normes de genre oppressives capitalistes et précapitalistes.
— Compte tenu du programme « traditionaliste » commun à l’extrême droite mondiale, pensez-vous que le féminisme offre une réponse unificatrice, au moins pour la gauche ?
— Le féminisme peut offrir une réponse unificatrice à l’extrême droite mondiale s’il cherche à dépasser les limites du capitalisme, qu’il soit privé ou d’État.
L’un des principaux obstacles à la solidarité féministe aujourd’hui est le carriérisme, qui réduit le féminisme à la promotion étroite de son propre programme.
Qu’il défende le capitalisme libéral occidental ou l’impérialisme postcolonial et anti-américain, le féminisme a réduit la libération à l’obtention du pouvoir et de la domination. Certaines féministes anti-impérialistes sont également des apologistes de l’autoritarisme russe, chinois, vénézuélien et cubain.
Le féminisme socialiste que je défends remet en question la marchandisation et la déshumanisation des femmes et des personnes non binaires, ainsi que les relations humaines aliénées sous le capitalisme. Dans mon livre Socialist Feminism: A New Approach (Pluto Press, 2022), j’aborde l’évolution des relations entre les sexes et de l’autoritarisme au XXIe siècle, j’évalue de manière critique les théories féministes socialistes sur l’oppression des genres et j’explore les alternatives socialistes-humanistes et féministes au capitalisme et à la domination.
Pour que le féminisme puisse offrir une réponse unificatrice à la montée de l’autoritarisme et du fascisme, il doit développer une alternative humaniste.
— Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre livre ? Quelles penseuses féministes trouvez-vous utiles aujourd’hui ? Qu’est-ce qui manque et comment combler cette lacune ?
— Je soutiens que, au XXIe siècle, nous avons besoin d’une alternative humaniste au capitalisme qui remette en question toutes les formes de domination et transcende les modèles oppressifs de l’ancienne URSS et de la Chine maoïste, ainsi que les revendications socialistes plus récentes, comme au Venezuela.
Mon effort pour repenser le féminisme socialiste est une tentative d’aller au cœur du problème auquel nous sommes confrontés : transcender le capitalisme, le racisme, le sexisme et l’hétérosexisme aux niveaux structurel et personnel, transformer les relations humaines et développer des relations réfléchies entre les humains, entre l’esprit et le corps, et entre l’humanité et la nature. Les cadres conceptuels féministes socialistes abordés dans cet ouvrage – reproduction sociale, aliénation, féminisme noir et théories queer – ont tous été des moyens de poser des questions sur le développement d’une alternative humaniste.
Des penseuses écoféministes telles que Maria Mies et Ariel Salleh, ainsi que d’autres féministes autonomistes telles que Silvia Federici et Kathi Weeks, ont fait des propositions importantes, telles que la récupération des biens communs, la création de coopératives et l’établissement d’un revenu de base universel. Cependant, elles n’abordent toujours pas la question de savoir comment surmonter le travail aliéné.
Je soutiens que, si l’on doit distinguer les idées de Marx des formes totalitaires de gouvernement qui se sont réclamées de son nom, sa philosophie humaniste dans son ensemble prône une révolution des relations humaines, y compris ce qu’Ann Ferguson a appelé en 2018 les « pratiques affectives ». La conception du capitalisme par Marx ne se limite pas à un système fondé sur les inégalités économiques. Il l’identifie plutôt comme un système fondé sur le travail aliéné qui pousse à l’extrême la division entre le travail intellectuel et le travail manuel, ainsi que la séparation entre l’esprit et le corps. Pour lui, la dégradation et la violence subies par les femmes sont des manifestations évidentes de cette séparation.
L’alternative affirmative de Marx ne se limite pas à la récupération des biens communs et à la collectivisation du travail, ni à l’abolition du travail et au recours exclusif aux machines et à la technologie pour effectuer le travail.
Il prône l’émancipation des êtres humains du travail aliéné et de « l’aliénation humaine » au profit d’une existence consciente et d’une relation bidirectionnelle entre l’esprit et le corps comme clé de la libération humaine.
La penseuse féministe noire Audre Lorde pose la question du travail et de la vie dans The Uses of the Erotic, offrant un aperçu d’une existence non aliénée. Pour Lorde, l’élément clé de l’émancipation est une existence consciente où l’esprit, le corps et le » cœur » communiquent entre eux et sont en harmonie avec soi-même et les autres, que ces autres soient des personnes ou du travail. Pour elle, l’émancipation est une existence dans laquelle nous ne sommes pas fragmentés, mais où nous avons plutôt la possibilité de développer tous nos talents naturels et acquis.
— Aujourd’hui, il semble y avoir un fossé entre ceux qui s’intéressent aux questions du féminisme et du genre et ceux qui s’intéressent à la « grande politique ». On le voit très clairement avec l’opposition russe. Alors que les hommes discutent principalement de manœuvres militaires, de politique internationale et d’économie, les féministes discutent de l’interdiction de l’avortement. L’inverse est rarement le cas. Pourquoi pensez-vous que cela se produit ? Cette division aide-t-elle à résoudre les problèmes ou en crée-t-elle davantage ?
— S’il n’est pas nouveau que ceux qui s’intéressent à la grande politique ignorent l’oppression liée au genre, nous devons également nous demander pourquoi tant de féministes se concentrent uniquement sur leurs luttes particulières en tant que femmes ou personnes non binaires, sans développer une vision globale démontrant une maîtrise de la politique et de la socio-économie mondiales. C’est peut-être parce que c’est un défi incroyablement difficile à relever. Il est plus facile de se concentrer sur un sujet particulier sans toujours avoir une vision globale.
Développer une alternative au capitalisme nécessite une vision globale qui transcende les divisions entre l’individualité, les luttes spécifiques au genre, les luttes universelles et les idées d’émancipation humaine.
La structure de mon livre vise à aider les féministes à briser ces divisions. Il se termine également par des idées pour une organisation révolutionnaire féministe socialiste mondiale, y compris la solidarité avec les féministes ukrainiennes et russes.
Le monde a désespérément besoin de féministes socialistes éthiques et internationalistes qui se soucient véritablement de l’avenir de l’humanité et reconnaissent l’urgence du moment présent, alors que le fascisme est en hausse et que nos acquis s’érodent rapidement.

Soutenir Posle signifie soutenir les voix contre la guerre criminelle déclenchée par la Russie en Ukraine. C’est une manière d’exprimer sa solidarité avec les personnes luttant contre la censure, la répression politique et l’injustice sociale. Ces militants, journalistes, et écrivains, tous ceux qui s’opposent au régime criminel de Poutine, ont besoin de nouveaux compagnons d’armes. Nous soutenir, c’est opter pour une alternative sociale et démocratique au-delà des frontières étatiques. Naturellement, cela signifie également nous aider à préparer du matériel et à maintenir notre plateforme en ligne.
Traduction Deepl revue ML pour Réseau Bastille.
https://www.posle.media/article/we-need-a-humanist-alternative-to-capitalism
