International, Politique et Social

La terrible dérive d’une certaine gauche.

D’Alema, « Campista »à Pékin.

7 SEPTEMBRE 2025 

par Fabrizio Burattini

Fabrizio Burattini a raison de nous alerter sur » la terrible involution de la soi-disant gauche italienne ». Certes aucun responsable de gauche en France ne s’est rendu à Pékin. Mais le discours sur la Chine développé par la responsable internationale de LFI ou les déclarations « pacifistes » qui mettent sur un même plan agresseurs et agressés, loin d’une approche matérialiste qui voudrait que l’on parte de l’analyse concrète d’une situation concrète nous amènent à penser qu’en France aussi existe une terrible involution d’une soi-disant gauche.ML

De nombreux médias ont souligné la présence singulière de Massimo D’Alema, le seul ancien communiste parmi les présidents du Conseil des ministres de la République italienne, sur la photo de groupe de tous ceux qui ont participé à Pékin aux célébrations du 80e anniversaire de la défaite des Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale (ci-dessous, D’Alema est signalé par un cercle rouge et une flèche, source « Corriere della sera »). Bien sûr, cette célébration, ainsi que les autres qui ont eu lieu ces derniers mois en Occident et en Russie, sont toutes historiquement légitimes, car elles commémorent les événements qui ont mis fin à la tragique histoire de l’« Axe » entre les nazis allemands, les fascistes italiens et l’empire japonais.

Mais, comme c’est le cas pour la plupart des commémorations, outre leur valeur historique, celles-ci revêtent souvent une valeur politique pour l’actualité. Ainsi qu’à Berlin, à Paris et dans de nombreuses autres villes occidentales, les dirigeants du « monde démocratique » ont voulu réaffirmer le souvenir de la victoire de la « démocratie » sur les dictatures, tout comme à Moscou, Poutine a voulu souligner l’importance « patriotique » et « grande russe » de cet événement, les célébrations à Pékin ont été l’occasion d’une réunion de tous les représentants d’une « coalition anti-occidentale » en devenir. Ce n’est pas un hasard si, parmi les nombreux participants, outre le « maître de maison » Xi Jinping, figuraient le dirigeant du Kremlin, Vladimir Poutine, l’actuel représentant de la dynastie « communiste » régnant en Corée du Nord, Kim Jong-un, l’autocrate biélorusse Loukachenko et le président de la République islamique d’Iran Masoud Pezeshkian.

Certes, D’Alema, sur la photo bondée de personnalités puissantes, se trouvait au deuxième ou troisième rang, compte tenu de son rôle actuel d’ancien homme politique. Mais sa présence n’est bien sûr pas passée inaperçue.

À son retour en Italie, pressé par les journalistes qui lui demandaient pourquoi il avait ostensiblement participé à ce défilé, D’Alema a répondu que « compte tenu de la période difficile que traversent les relations internationales », il « espère et croit que Pékin enverra un message de paix, de coopération et de retour à un esprit d’amitié entre tous les peuples, afin de mettre fin aux guerres qui, malheureusement, ensanglantent de manière si tragique plusieurs pays du monde ». Des paroles pacifistes et nobles, évidemment, mais qui contrastent violemment avec les actions de l’ancien communiste qui, comme on le sait, a joué un rôle déterminant en 1998-1999 dans la guerre de l’OTAN au Kosovo (sur la photo ci-dessus avec Bill Clinton, précisément pendant la période des guerres yougoslaves). Et qui semblent particulièrement déplacées au vu des personnages au premier plan de la photo de groupe prise à Pékin : Vladimir Poutine, Alexandre Loukachenko (qui mènent depuis des années une guerre d’agression et d’occupation en Ukraine), Kim Jong-un (artisan du réarmement nucléaire nord-coréen) et, justement, Pezeshkian, chef du gouvernement islamique iranien, responsable d’une répression sanglante de la révolte des jeunes de son pays, qui a fait plus de 600 exécutions capitales depuis janvier 2025 seulement.

Disons-le clairement, D’Alema est le meilleur interprète de la dérive politique et morale du togliattisme italien, capable de mener la liquidation néolibérale du patrimoine de classe de l’Italie d’après-guerre, capable d’être pro-atlantiste quand cela est nécessaire pour se crédibiliser en tant que « force gouvernementale », mais aussi capable d’attribuer à une coterie d’autocrates militaristes et bellicistes une licence de « pacifistes »

Marco Rizzo, autre ancien « communiste » togliattien devenu convaincu « souverainiste » et « anti-migrants », met en garde Xi Jinping sur les réseaux sociaux, invitant le chef du capitalisme chinois « à ne pas faire confiance à quelqu’un comme D’Alema ». Mais il ne se rend pas compte que lui et D’Alema sont tous deux l’expression de la terrible involution de la soi-disant gauche italienne.

Traduction Deepl revue ML