par Fabrizio Burattini
Dans quelques jours, Trump et Poutine se rencontreront pour offrir à ce dernier des territoires ukrainiens et donner le « feu vert » des « grands » à l’occupation de Gaza
Il y a deux jours, à Zaporizhia, en Ukraine, David Shishkan, anarchiste, « anti-autoritaire de gauche », comme il se définissait lui-même lors d’une interview réalisée par Patrick Le Tréhondat en février 2024, a été assassiné. David était un opposant à toute forme de domination, disciple de la tradition de Bakounine et Makhno. Il s’était enrôlé dans l’armée ukrainienne, mais c’ était également un artiste reconnu bien au-delà des cercles de gauche, l’un des plus grands « performers » du pays. Pour lui, la défense de l’autodétermination de l’Ukraine était « un projet de gauche et anti-autoritaire ».
Hier, le 10 août 2025, à Gaza, Anas Al-Sharif, journaliste palestinien d’Ashkelon, correspondant d’AlJazeera, fils d’une victime de l’armée israélienne, a été assassiné. Dans la bande de Gaza, il filmait, documentait et dénonçait la famine, la famine organisée par l’État sioniste, famine dont il souffrait lui-même, comme deux millions d’autres Palestiniens. L’armée israélienne l’avait dénoncé comme « responsable de l’attaque terroriste du Hamas », car filmer la famine voulue par cet État serait « du terrorisme ». Amnesty International Australie avait décerné à Anas Al-Sharif le prix Human Rights Defender Award pour honorer son extraordinaire résilience, son courage et son engagement en faveur de la liberté de la presse, prix qu’Al-Sharif avait dédié à tous les journalistes palestiniens qui ont rendu compte des événements et des crimes de l’occupation israélienne pendant la guerre et le siège en cours dans la bande de Gaza. Il a été assassiné de manière consciente et délibérée par des coups de feu tirés contre sa tente montée devant un hôpital. Il la partageait avec quatre de ses collègues.
Il n’y a absolument rien de fortuit dans ces deux assassinats de jeunes combattants pour la liberté. Et dans les deux cas, les assassins affirment « combattre le nazisme » dans le cas de l’armée russe, et « combattre le Hamas » dans le cas de l’armée israélienne, alors que ce sont eux les responsables des massacres, ce sont eux les héritiers du fascisme réactionnaire du XXe siècle.
Il n’y a rien de fortuit dans l’ordre-désordre mondial que Trump et Poutine aiment tant, un ordre/désordre mondial qui doit tuer pour se maintenir, car la résistance armée et désarmée ukrainienne, la résistance désarmée du peuple palestinien et les révoltes sociales et démocratiques dans le monde le menacent.
Face à la résistance démocratique du peuple américain, Trump a choisi d’offrir à Poutine un sommet entre « grands », en Alaska, le 15 août, pour parler de l’Ukraine, mais sans l’Ukraine. Ainsi, tous ceux qui, à droite comme à gauche, ont refusé de soutenir la résistance ukrainienne peuvent être satisfaits. La « paix » est entre de bonnes mains.
Pendant ce temps, Netanyahu a rendu public l’objectif de l’occupation militaire de Gaza City, malgré les protestations massives des proches des otages, des démocrates israéliens et des villes arabes d’Israël.
Les bandits impérialistes sont déterminés à sacrifier les peuples ukrainien et palestinien et à asservir l’Europe. Pour ce faire, ils peuvent compter sur les campistes et les « pacifistes » qui dénoncent la duplicité de l’Union européenne (qui soutiendrait la résistance ukrainienne contre l’envahisseur, mais qui soutient l’agresseur sioniste contre Gaza) .Or, campistes et pacifistes utilisent une duplicité symétrique et tout aussi honteuse (en soutenant les Palestiniens tout en insultant la résistance ukrainienne).
Pendant ce temps, l’Union européenne, le « bastion de la démocratie », a choisi de capituler, avec l’acceptation par Von Der Leyen devant les diktats commerciaux et politiques de Donald Trump.
Même les acquis culturels, sociaux et démocratiques européens auxquels l’Ukraine souhaite adhérer sont menacés par l’axe impérialiste Trump/Poutine et par la montée en puissance de leurs acolytes ici et là dans les pays du continent, et ils ne seront pas défendus par cette Union européenne ni par ses institutions. Leur défense est entre nos mains et dépend de notre capacité et de celle de toute la gauche politique et sociale à faire face au conflit social qui se profile. Ils se préparent. Et nous ?
Traduction Deepl revue ML
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