Un colon israélien a assassiné à bout portant un palestinien habitant du village d’Umm Al-Khair, près d’Hébron dans le sud de la Cisjordanie. Awdah Hathaleen était un enseignant palestinien de 31 ans, père de 3 enfants. Il avait notamment participé à No other land, film sur la lutte d’une communauté de bergers contre les colons en Cisjordanie, oscarisé cette année. Des femmes du village se sont mises en grève de la faim jeudi 31 dernier.
Il est mort il y a une semaine, lundi 28 juillet. Awdah Hathaleen, un homme palestinien âgé de 31 ans, enseignant et activiste, a été tué par un colon israélien. Le principal suspect est Yinon Levi, un colon israélien propriétaire d’une entreprise de travaux publics responsable de la démolition de plusieurs biens privés palestiniens en Cisjordanie occupée. Cet homme a déjà été condamné par plusieurs gouvernements étrangers, y compris l’ancienne administration américaine pré-Trump, pour sa responsabilité dans des faits de violence extrême à l’encontre de Palestiniens.
Les femmes du village se mettent en grève
Malgré son statut de coupable reconnu de violences, Yinon Levi a été assigné à résidence après que la justice israélienne a refusé de le placer en détention. Dans le même temps, une soixante de femmes du village d’Umm AL-Khair, où Awdah Hathaleen a été tué, ont commencé une grève de la faim jeudi 30 juillet. Elles réclament qu’on leur rende le corps d’Awdah Hathaleen actuellement détenu par les autorités israéliennes.
Autre motif à cette grève de la faim : la libération des habitants du village qui ont été arrêtés lorsque le meurtre a eu lieu. En effet, la scène s’est déroulée en plein jour. Une vidéo tournée par un habitant montre Yinon Levi muni d’une arme à feu, tirant au hasard sur les habitants du village présents. Ces derniers s’étaient réunis en apercevant un bulldozer qui entrait sur des terres privées leur appartenant. Lorsque l’engin a commencé à détruire des oliviers, ils se sont mis à lancer des pierres sur le bulldozer. Un des tirs a atteint Awdah Hathale en à la poitrine, provoquant sa mort. 17 personnes ont ensuite été arrêtées mais certaines sont toujours en détention.
La police israélienne refuse de retourner le corps du défunt
Les femmes du village en grève de la faim se disent indignées par les exigences de la police israélienne. Elle refuse de rendre le corps d’Awdah Hathaleen sauf sous conditions d’acceptation de demandes très strictes. Les autorités israéliennes ont déclaré qu’elles retourneraient le corps uniquement à condition que l’enterrement ait lieu de nuit, à l’extérieur du village et en présence de 15 personnes maximum.
Des conditions jugées scandaleuses par ces femmes qui se sont mises en grève de la faim : « Nous devons continuer cette grève de la faim, jusqu’à ce qu’avec l’aide de Dieu, ils rendent le corps. C’est le minimum que nous puissions faire pour Awdah. Awdah était aimé de tous ; il aidait tout le monde. Chaque petit enfant du village le connaît et l’aime. Il n’y a personne comme Awdah, et il n’y en aura jamais d’autres comme lui. Nous demandons au monde entier, à toute personne qui le peut, à toute personne qui a une voix, de nous aider à récupérer le corps d’Awdah. »
Deux femmes ont déjà eu besoin d’aide médicale depuis le début de la grève il y a cinq jours, mais leur détermination reste intacte. Les membres de la famille ont refusé les conditions d’enterrement proposées par les autorités israéliennes en expliquant : « Awdah n’est pas un voleur et nous ne l’enterrerons pas dans le noir ». Des manifestations de soutien à cette initiative ont eu lieu ce weekend à Jérusalem et Tel-Aviv.
L’impunité des violences coloniales en Cisjordanie
Awdah Hathaleen, l’homme abattu froidement lundi dernier, était un activiste connu pour son opposition aux expulsions illégales perpétrées par les colons israéliens à l’encontre des Palestiniens. Le village d’Umm Al-Khair, où a eu lieu le drame, fait partie de la zone de Masafer Yatta en Cisjordanie sud. Une zone où les attaques des colons se sont fortement intensifiées depuis plusieurs années.
Il avait d’ailleurs participé au tournage de No other land, un film co-réalisé par Basel Adra et Yuval Abraham et lauréat d’un oscar cette année. Ce film traitait justement des violences coloniales pratiquées depuis des dizaines d’années à Masafer Yatta, et contre lesquelles les habitants luttent depuis longtemps.
Ces violences, qu’elles soient directement physiques ou bien qu’elles se caractérisent par l’appropriation illégales de terres, le harcèlement répété des habitants de cette zone de Cisjordanie occupée, sont souvent laissées sans réponse par la justice israélienne. Preuve en est une nouvelle fois avec Yinon Levi. Alors même qu’il est suspecté d’avoir abattu en plein jour un Palestinien, le voilà désormais libre. La justice israélienne vient de lever son assignation à résidence, estimant qu’il avait agi en état de légitime défense. A propos de son ami tué de sang froid, Basel Adra avait déclaré : « Mon cher ami Awdah a été abattu ce soir… Voilà comment Israël nous anéantit, une vie après l’autre. »
Agence Média Palestine, le 4 août 2025.
https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/08/04/en-cisjordanie-des-femmes-en-greve-de-la-faim-apres-le-meurtre-dawdah-hathaleen-assassine-par-un-colon-israelien/
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Israël détient le corps d’Awdah Hathaleen. Son assassin se promène librement dans son village
En grève de la faim pour exiger son retour, les femmes d’Umm Al-Khair ne peuvent même pas dormir tranquillement car l’armée détient les hommes du village lors de raids nocturnes.
https://www.972mag.com/awdah-hathaleen-umm-al-khair-hunger-strike/