Montargis le 9 juin 2026 – Meeting unitaire contre le fascisme.
« Il faut toujours avoir un peu d’espoir, il faut combattre, le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et cultiver l’amitié entre les peuples. Il faut vraiment se battre dans la vie pour avoir quelque chose, il faut s’engager. »Il est des moments où l’Histoire nous appelle, non pas à commenter le cours des choses, mais à y intervenir. C’est ce que nous rappellent ces paroles de Camille Senon, notre camarade rescapée d’Oradour sur Glane dont nous avons fêté les 100 ans la semaine dernière.
Aujourd’hui, face à la montée de l’extrême droite, ce moment est venu. Nous sommes ici pour dire notre grande inquiétude et notre détermination à agir. Les travailleuses et les travailleurs de ce pays n’ont jamais cédé aux sirènes de la haine. Ce n’est pas aujourd’hui qu’ils le feront. Camille, tu peux compter sur nous. Nous sommes à un moment de bascule. Alors que nous fêtons les 80 ans de la victoire contre le fascisme et le nazisme, l’histoire semble bégayer. L’extrême droite progresse partout dans le monde et ses idées font des ravages.
Je veux rendre hommage à Hichem Miraoui et Aboubacar Cissé, assassinés par des agresseurs racistes et islamophobes. Je veux aussi dénoncer et condamner cette montée continue des actes et propos antisémites, comme l’agression infâme dont a été victime le rabbin d’Orléans, Arié Engelberg. Nous en sommes témoins partout, et aussi sur les lieux de travail, comme à Grenoble où un chauffeur de bus a reçu des menaces de mort accompagnées de messages islamophobes.Face à cette vague de haine, les organisations syndicales prennent leurs responsabilités : nous avons lancé une campagne contre le racisme et l’antisémitisme sur les lieux de travail car il faut lutter avec la même intransigeance contre ces deux fléaux. Contrairement aux mensonges instillés par l’extrême droite, on ne peut pas répondre à l’antisémitisme par un autre racisme !
L’extrême droite c’est aussi le grand recul pour les femmes et les personnes LGBTQIA+.
L’extrême droite n’arrive pas au pouvoir par magie. Elle y accède avec le soutien de milliardaires comme Elon Musk aux Etats Unis, Bolloré et Sterin en France, dont elle sert les intérêts. Son bilan c’est donc aussi et surtout la remise en cause des droits des travailleurs et des travailleuses .
L’extrême droite c’est aussi la guerre.
Quel point commun entre Poutine, Netanyahu et Trump ? Ils sont d’extrême droite et ils visent à remplacer le droit international par la loi du plus fort ou plutôt du plus riche. Les travailleurs et travailleuses s’organisent et refusent le 2 poids 2 mesures de nombreux gouvernements en exigeant la paix en Ukraine comme en Palestine. L’action éclatante des dockers de Fos en soutien à Gaza fait maintenant tâche d’huile au plan mondial. Nous manifesterons ensemble samedi prochain partout en France pour exiger un cesser le feu et la reconnaissance de la Palestine ! Ces exemples confirment pourquoi l’extrême droite ne doit jamais être traitée comme un parti comme les autres. Elle est un danger pour nos démocraties et s’attaque à tous les contre-pouvoir : à l’indépendance de la justice, de la presse, de la recherche, et aux libertés syndicales. Si en général elle arrive au pouvoir par les urnes, sa particularité c’est qu’elle cherche à y rester par tous les moyens.
Nous sommes ici surtout pour dire notre détermination et notre combativité.
Face à cette internationale d’extrême droite, notre internationale syndicale est unie. C’est maintenant aussi une internationale anti fasciste. Etre syndicaliste aujourd’hui, c’est refuser que le mot travailleur soit confisqué par les faussaires de la nation, c’est rappeler que la solidarité n’a pas de frontières, mais que la haine en trace partout. Pépé, un immense merci pour ta présence aujourd’hui à nos côtés. Il y a 2 ans, par la mobilisation des deux grands syndicats espagnols – l’UGT que tu diriges et les commissions ouvrières – vous avez non seulement réussi à empêcher Vox d’arriver au pouvoir mais aussi à gagner l’élection d’un gouvernement progressiste qui a augmenté le Smic de 60% et qui vient de signer un accord de réduction du temps de travail.
En France, il y a un an, alors que tout le monde prédisait l’entrée de Jordan Bardella à Matignon, la mobilisation de la société civile a empêché cette catastrophe.Cela démontre que rien n’est jamais écrit d’avance et que notre mobilisation fait la différence. Comment ? Par l’unité d’abord. Comme le dit magnifiquement Louis Aragon, « Quand le blé est sous la grêle, fou qui fait le délicat ». Il faut être à la hauteur de la gravité du moment. L’histoire nous l’enseigne avec clarté : quand les forces progressistes sont divisées, l’extrême droite avance. Quand elles sont unies, elle recule. L’unité, dans le respect de l’indépendance syndicale, n’est pas un luxe, ni un discours. C’est un acte de résistance.
L’extrême droite prospère sur le déclassement, le déclassement du travail qui ne permet plus de vivre, le déclassement de nos industries qui partent à l’autre bout du monde, le déclassement de nos services publics qui sont paupérisés comme jamais. Il faut se le dire franchement, tant que la gauche renoncera à transformer la société, tant que la gauche n’aura pas le courage d’affronter les forces du capital, cela ouvrira un boulevard à l’extrême droite. Il faut donc pour la combattre ouvrir des perspectives sociales. Montrer un chemin pour relocaliser l’industrie, pour remplacer le libre échange qui fait des ravages d’un point de vue environnemental et social, par un juste échange. Mettre fin à l’Europe du dumping et de la concurrence pour construire enfin une Europe des travailleurs et des travailleuses. Réinvestir le principe de solidarité et lui donner corps, face au chacun pour soi de l’extrême droite. La solidarité ce n’est pas l’assistanat, ce n’est pas payer toujours pour les autres, c’est se protéger tous et toutes car c’est le meilleur moyen de se protéger chacun et chacune. Et c’est ce qu’Emmanuel Macron nous empêche de faire en France. Prêt à tout pour maintenir sa politique au service des plus riches, il préfère dérouler le tapis rouge à l’extrême droite plutôt que d’abroger la réforme des retraites.
L’extrême droite n’est pas l’amie des travailleurs et des travailleuses : elle est leur ennemie la plus habile, la plus perfide. Elle parle au nom du peuple mais elle gouverne pour les puissants. Derrière ses discours populistes, derrière ses promesses creuses, il y a des faits : partout où l’extrême droite a gouverné, les droits sociaux ont reculé, la répression s’est accrue, et les inégalités ont explosé.
Je veux finir par un message solennel. Il n’est plus minuit moins le quart mais minuit moins une. Soyons au rendez-vous!
Le monde du travail ne pliera pas. Et face à l’extrême droite, nous sommes un rempart. Inébranlable. Incontournable. Indispensable. Ce combat n’est pas une option, c’est notre devoir. Celui que nous devons à celles et ceux qui nous ont précédés, et à celles et ceux qui viendront après.
No Pasaran !