Près de 200 syndicalistes mandaté·es par des organisations syndicales, des collectifs syndicaux ont participé à cette rencontre, du 13 au 16 novembre. Ils et elles venaient de Palestine, d’Ukraine, du Brésil, du Pakistan, de Côte d’Ivoire, d’Italie, d’Argentine, de Centrafrique, de l’État espagnol, du Venezuela, du Sénégal, de France, de Pologne, de Grande-Bretagne, de Colombie, du Portugal, de l’Équateur, des États-Unis d’Amérique, d’Allemagne, de Suisse… Les syndicats du Soudan, du Bénin, du Togo, de la DR Congo et du Burkina Faso qui devaient participer n’ont pu le faire faute de visa [1 – Ce fut aussi le cas de militants et militants du Sénégal et du Pakistan. Le NGWF du Bangladesh a dû annuler sa participation au dernier moment]. Cette participation de militantes et militants de divers continents est rendue possible par la mise en place d’un fonds de solidarité alimentée par les organisations européennes et nord-américaines. La conclusion du manifeste qui fonde l’appartenance au Réseau est claire : « Un réseau du syndicalisme combatif, de luttes et démocratique, autonome, indépendant des patrons et des gouvernements, anticapitaliste, féministe, écologiste, autogestionnaire, internationaliste, construisant le changement par les luttes collectives, combattant toutes les formes d’oppression (machisme, racisme, homophobie, xénophobie, etc.) ». Mais toute aussi important est le souci que ce syndicalisme internationaliste ne se limite pas à des discussions générales, mais s’ancre dans les pratiques quotidiennes ; d’où la volonté de mettre en avant le travail par secteur professionnel, celui-ci s’entendant comme partie intégrante du syndicalisme interprofessionnel.
Ces journées ont permis d’organiser des réunions par secteurs professionnels. D’autres temps ont été consacrés à approfondir les discussions autour de thèmes transversaux. Deux débats ont été organisés en séance plénière ; le premier à propos du syndicalisme en temps de guerre, avec les camarades de Palestine et d’Ukraine ; les représentants de la Coordination des professionnels et syndicats soudanais devaient également animer cette soirée, mais aucun n’a pu obtenir de visa ; le second débat, introduit notamment par des représentants de syndicats de base italiens [2 La participation de nombreux « syndicats de base » italiens est un événement et s’inscrit dans le travail unitaire mené par certains d’entre eux depuis quelque temps. Étaient présents à cette rencontre du Réseau : Confederazione Unitaria di Base (CUB), Sindacato Intercategoriale Cobas (SI COBAS), Unione Sindacale Italiana (USI), Sindicato Autorganizzato Lavorator Cobas (SIAL-COBAS), Associazione Diritti Lavoratori dei Comitati di Base (ADL COBAS), COBAS Scuola Sardegna (COBAS Sardegna), Sindicato Generale di Base (SGB) et Coordinamento del Precariato Universitario (CPU – Siena)] et une représentante du syndicat du métro de Buenos Aires [3. Asociación Gremial de Trabajadores del Subterráneo y Premetro, Buenos Aires, affilié à la Central de Trabajadores de la Argentina de los trabajadores (CTA-T). Au printemps dernier, l’Union syndicale Solidaires avait organisé une tournée de réunions publiques en France avec un autre camarade de ce syndicat], portait sur les réponses syndicales à la montée de l’extrême droite. Enfin, diverses motions ont été approuvées, en soutien à des luttes syndicales et populaires ou pour dénoncer des répressions.
Trois syndicats ukrainiens étaient représentés
* Priama Diia, syndicat d’étudiants et étudiantes, représenté par Katya Gritseva ;
* Soyez comme nous sommes, syndicat du secteur médical, représenté par Yulia Lipitch-Kotchirka et Oksana Slobodyna ;
* l’union régionale KVPU de Kryvyï Rih, représentée par Yuriy Samoylov.
Ne pouvant se rendre en Italie, la section locale de Krivih Rih du syndicat des cheminots de la KVPU avait adressé un message de son président, Vyacheslav Fedorenko.
Pour les quatre camarades d’Ukraine, ce fut l’occasion de rappeler en direct à des syndicalistes de différents continents la situation sur place, mais aussi de participer pleinement à la construction d’un réseau syndical international, à travers les réunions par secteurs professionnels (éducation, industrie, santé-social) ou thématiques. La séance plénière consacrée aux pays en guerre a été un moment fort. Ces quatre jours ont permis de nombreux échanges, quelques mises au point quand deux syndicats italiens paraissaient oublier le peuple ukrainien, les syndicalistes ukrainien·nes, dans leurs interventions à propos d’impérialisme, de blocs militaires, d’économies de guerre (sujets par ailleurs bien présents dans le manifeste adopté par le Réseau).
Sur son site, Soyez comme nous sommes a rendu compte, au retour de ces rencontres :
Soyez comme nous sommes a participé à la conférence du Réseau syndical international de solidarité et de luttes. Cette organisation internationale s’oppose à la réduction des droits du travail et sociaux, est en faveur de l’annulation des dettes extérieures des pays qui se trouvent dans un état de subordination, et s’oppose à toutes les formes de discrimination et d’agression armée.
Ses militants ont exprimé leur soutien au peuple ukrainien.
Ses convois syndicaux organisés depuis le 1er mai 2022 sont l’expression de cette solidarité concrète.
Mais ce n’est pas tout : « des syndicats ukrainiens, qui participent activement à la résistance populaire contre l’occupation du territoire et s’opposent au libéralisme économique qui règne dans leur pays, sont membres de notre Réseau, et nous les soutenons ! », lit-on dans le manifeste du réseau.
Les militantes de Soyez comme nous sommes ont parlé de la situation des infirmières en Ukraine en temps de guerre et de leur lutte pour de meilleures conditions de travail.
Le Réseau a appelé à la solidarité et à la résistance contre une telle exploitation partout dans le monde.
Cela nécessite le développement d’actions solidaires actives, coordonnées au niveau mondial, tant par catégorie que par secteur, pays et continent, souligne son manifeste.
Présentation faite au nom de Priama Diia
Malheureusement, nous ne pouvons pas aujourd’hui prononcer un discours débordant d’enthousiasme, d’espoir ou de ferveur révolutionnaire, si chers à certains de nos camarades naïfs. La situation du peuple ukrainien est grave, peut-être la plus difficile depuis le début de la guerre. Le régime bonapartiste russe, mélange toxique de fascisme, d’inégalités sociales catastrophiques et d’atomisation, reste aussi réactionnaire et ignoble que jamais. Et pourtant, le peuple semble épuisé, ses forces de résistance épuisées. Des dizaines, voire des centaines de milliers d’hommes se cachent aujourd’hui pour échapper à la violence de la mobilisation forcée.
Que faire ?
Nous sommes un syndicat étudiant aux convictions radicalement démocratiques, qui lutte pour les droits sociaux et les intérêts de ceux qui vivent en Ukraine. Notre réponse doit donc commencer là où notre lutte trouve ses racines : dans le système d’enseignement supérieur. Et dans ce domaine, il reste beaucoup à faire.
Commençons par les problèmes sociaux et politiques, car l’un découle de l’autre. Les universités ukrainiennes ne sont pas vraiment libres. L’admission à des études gratuites est compétitive ; la plupart des étudiants doivent payer. Aujourd’hui, environ 60% d’entre eux paient leurs études supérieures, et le gouvernement fait tout pour que les frais d’inscription soient aussi élevés que possible. En seulement deux ans, les frais de scolarité ont grimpé en flèche de 82%, ce qui est stupéfiant. L’étudiant moyen paie désormais environ 1 000 euros par an, soit environ 80 UAH par mois, alors que le salaire minimum n’est que de 160 UAH.
Dans le même temps, la qualité de l’enseignement, en particulier dans les sciences humaines, est alarmante. Cela s’explique en partie par la bureaucratisation et le sous-financement chronique : en 2025, le budget national de l’éducation représente à peine 6% de celui de la France.
La situation sociale précaire des étudiants — la plupart commencent à travailler dès leur deuxième année — les empêche également de s’organiser efficacement et de participer à la prise de décision. Les syndicats étudiants officiels, absorbés par la Fédération des syndicats d’Ukraine, non seulement ne parviennent pas à initier le changement, mais calomnient activement notre syndicat, Priama Diia, et collaborent avec des organisations de jeunesse d’extrême droite.
Mais l’attaque va au-delà des droits sociaux : elle porte atteinte au droit même à l’autonomie et à l’éducation. Sous la pression de la Banque mondiale, le ministère de l’éducation et des sciences, dirigé par Oksen Lisovyi, a « réorganisé » les universités afin de réduire les dépenses publiques, sans débat public ni consultation. En conséquence, les étudiants perdent leur place dans les établissements d’enseignement. Parallèlement, les étudiants de sexe masculin, soupçonnés d’échapper à la conscription simplement parce que leur inscription leur accorde un report, sont illégalement privés de leur droit de poursuivre leurs études, une pratique particulièrement visible dans la persécution des doctorants.
Il est difficile, mais nécessaire, d’aborder ces questions en Ukraine. Sans éducation, il ne peut y avoir de reconstruction du pays, ni d’espoir d’un avenir socialement juste. C’est pourquoi nous appelons à la solidarité et à l’action dans les domaines clés suivants pour la lutte dans l’enseignement supérieur ukrainien :
1. Le peuple porte le plus lourd fardeau de la guerre. Il défend le pays, soutient l’arrière et paie le prix le plus élevé. Les oligarques, les bureaucrates, les intellectuels nationalistes et les fonctionnaires tentent de vaincre le Kremlin avec des hymnes et des fanfares, comme si l’ennemi ne venait pas de bases militaires mais de Jéricho. Les travailleurs ukrainiens portent les armes et font preuve de courage ; laissons les oligarques supporter les coûts : soins de santé, éducation, science, etc. Nous appelons le gouvernement à geler les frais de scolarité en redistribuant les revenus des grandes entreprises qui nous ont pillés pendant trente ans.
2. La Constitution garantit l’égalité d’accès à l’éducation. La restreindre sous prétexte de mobilisation est absurde et criminel. Nous appelons le gouvernement à affirmer que tous les étudiants inscrits ont un droit inconditionnel à être exemptés de la conscription. L’avenir de l’Ukraine n’est possible qu’en tant qu’État véritablement social doté d’une classe ouvrière éduquée.
3. La gouvernance universitaire reste étouffée par la bureaucratie. Après le Maïdan de 2014, les universités ont obtenu l’autonomie, mais sans financement ni outils efficaces pour l’exercer. Chaque dépense nécessite des rapports absurdement détaillés ; les revendications des étudiants se perdent ainsi dans la paperasserie. Nous exigeons que le gouvernement accorde aux universités une large autonomie socio-financière. Sans cela, la voix des étudiants restera un simple bruit de fond.
4. Enfin, la corruption et l’inefficacité persistent parce que les bureaucrates à tous les niveaux ne se soucient pas de l’éducation, mais de leur propre reproduction. Seuls deux groupes souhaitent véritablement de meilleures conditions sociales et une éducation de haute qualité : les étudiants et le personnel technique. Nous exigeons donc que les universités élargissent le pouvoir décisionnel des étudiants et du personnel technique à tous les niveaux de la gouvernance.
Chers camarades, nous vous remercions pour votre solidarité. Nous avons toujours ressenti le soutien indéfectible du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, qui s’est tenu aux côtés du peuple ukrainien, non seulement contre le régime fasciste russe, mais aussi contre la corruption et l’oligarchie au sein de notre propre pays. Nous espérons que cette conférence permettra d’approfondir notre compréhension mutuelle, nous aidera à mieux comprendre la situation de nos nations respectives et renforcera notre cause commune. Le syndicat étudiant indépendant Priama Diia adresse ses salutations et sa solidarité à tous les participants : le mouvement étudiant radical et progressiste d’Ukraine est à vos côtés !
Présentation du syndicat indépendant du secteur médical Soyez comme nous sommes
La guerre totale a causé des dégâts considérables au système de santé ukrainien. Des milliers d’hôpitaux ont été détruits ou endommagés, certains d’entre eux ont été complètement rasés. Les professionnels de santé sont blessés et tués dans l’exercice de leurs fonctions, dans des conditions extrêmement dangereuses. La guerre engendre un risque constant et un manque d’accès aux services médicaux essentiels pour la population, en particulier dans les zones de front et les zones libérées, où le système de santé est soumis à une pression constante. La mobilisation, le danger constant, les bombardements et la surcharge de travail ont entraîné une pénurie de personnel médical. Ceux qui restent travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, souvent sans fournitures, ressources et soutien psychologique adéquats. Cela conduit à l’épuisement du personnel, au burn-out et à une détérioration de la qualité des services, ce qui, à long terme, menace la stabilité du système de santé.
Parallèlement aux défis posés par la guerre, la réforme du secteur de la santé, malgré ses objectifs stratégiques, a eu un certain nombre de conséquences négatives qui se sont particulièrement accentuées pendant la guerre. Le travail des infirmières et du personnel subalterne a été dévalorisé, leurs salaires restant faibles et leur protection sociale limitée. Les infirmières, qui remplissent des fonctions essentielles en temps de guerre, ne bénéficient souvent pas d’une rémunération adéquate, de conditions de travail convenables ou d’un soutien suffisant. Au cours du processus de réforme, de nombreux petits hôpitaux, voire des hôpitaux de district, ont été réorganisés ou fermés, ce qui a considérablement réduit l’accès aux soins de santé dans les municipalités rurales et isolées. Cette situation est particulièrement critique en temps de guerre, lorsque les besoins en infrastructures de santé augmentent et que les trajets des patients vers les grands hôpitaux sont souvent dangereux ou bloqués, ou qu’il y a tout simplement d’énormes files d’attente pour consulter un médecin dans les hôpitaux centraux. En outre, le passage à un financement basé sur le principe « l’argent suit le patient » dans le contexte de la guerre ne tient pas compte de la forte baisse du nombre de visites dans les régions situées en première ligne. En conséquence, de nombreux hôpitaux sont en mode de survie, manquant de fonds suffisants pour conserver leur personnel, leur équipement et fournir des soins d’urgence. Nous demandons sincèrement à la communauté internationale de soutenir l’Ukraine dans la préservation de son système de santé, fondement de la vie et de la stabilité de notre société. Nous vous appelons à :
* renforcer le soutien au système de santé ukrainien ;
* faciliter la reconstruction des hôpitaux détruits et la fourniture d’équipements médicaux ;
* assurer la protection et le soutien des professionnels de santé opérant dans la zone de combat ;
* développer des programmes conjoints de réadaptation psychologique et professionnelle pour les professionnels de santé ;
* promouvoir la stabilité financière des établissements de santé ukrainiens dans les régions situées en première ligne.
Les personnels médicaux ukrainiens sont aujourd’hui en première ligne pour sauver des vies. Leur courage et leur dévouement méritent le soutien inconditionnel de l’ensemble du monde civilisé. L’Ukraine tient bon, mais nous avons besoin d’aide pour continuer à sauver des vies. L’Ukraine apprécie énormément chaque manifestation de solidarité dont elle a déjà fait l’objet. Nous sommes reconnaissants à tous les partenaires, gouvernements, organisations et bénévoles qui aident notre pays à survivre. Nous ne demandons pas de la sympathie, nous demandons du soutien afin de pouvoir continuer à sauver des vies, à prendre soin des gens et à rétablir un avenir pacifique.
Ensemble, nous pouvons préserver ce qui compte le plus : l’humanité, la dignité et la vie.
Message adressé par la section du dépôt de Kryvyï Rih du syndicat libre des travailleurs du chemin de fer d’Ukraine (KVPU)
Depuis le début de la guerre à grande échelle, le syndicat PPO VPZU KLD joue un rôle organisationnel et de soutien, agissant en tant que porte-parole du personnel ferroviaire, rassemblant les employés et défendant leurs droits sociaux et économiques.
L’invasion à grande échelle par la Fédération de Russie a eu un impact sur tous les aspects de la vie ukrainienne. Les activités syndicales n’ont pas fait exception. Les droits et libertés constitutionnels des citoyens, y compris les droits du travail, ont été restreints pendant cette période difficile pour l’Ukraine. La protection des droits sociaux et économiques des travailleurs a été reléguée au second plan, et les victoires des travailleurs devant les tribunaux ont perdu de leur pertinence et de leur importance face aux décès incessants de nos défenseurs.
Nos cheminots se sont instantanément transformés en soldats, formant un rempart contre l’agression militaire de la Russie fasciste. Aujourd’hui, nos défenseurs, qui hier encore conduisaient des trains, réparaient des voies et s’occupaient des passagers, sont en première ligne pour défendre l’ensemble de l’Europe contre la horde. Les forces armées ukrainiennes sont tout ce que nous avons, la fine ligne entre la lumière et les ténèbres, entre les valeurs démocratiques et le régime totalitaire. Aujourd’hui, nos défenseurs ont besoin d’aide pour préserver leur vie et leur santé et protéger leurs droits socio-économiques.
Les mots « solidarité, unité, soutien », communs à toutes les organisations syndicales du monde entier, sont aujourd’hui plus pertinents et nécessaires que jamais pour la victoire de l’Ukraine et de toute la société progressiste sur le totalitarisme.
Ensemble vers la victoire !
Avec tout notre respect et notre gratitude pour votre aide.
*-*
Extrait du manifeste qui fonde l’appartenance au Réseau syndical international de solidarité et de luttes
[…] Les blocs militaires renforcent les menaces de guerre impérialiste partout dans le monde. Il faut les dissoudre (NATO, CSTO, etc.). Ce sont des instruments des impérialismes et nous combattons tous les impérialismes – américain, russe, chinois, mais aussi français par exemple. La classe ouvrière n’a pas à choisir entre les impérialismes et se doit de soutenir tous les peuples agressés. Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes appelle à l’unification de l’opposition des travailleurs et travailleuses à toute intervention impérialiste et au renforcement des mouvements contre la guerre, la militarisation et l’économie de guerre.
Le génocide perpétré par l’État israélien envers les Palestiniens et les Palestiniennes, avec le soutien actif des États-Unis d’Amérique et des régimes qui y sont alliés, est la suite de la politique raciste, colonialiste, assassine, de répression féroce et à grande échelle, menée depuis des années. Notre Réseau, à travers les organisations membres, a été présent dans nombre de mobilisations en ce sens (manifestations populaires, campagne de boycott-désinvestissement-sanctions, flottilles de la liberté, délégations sur place, syndicalistes venu·es de Palestine pour témoigner, soutien financier, etc.). Nous continuerons à répondre du mieux possible aux sollicitations des syndicats palestiniens, dont certains sont membres de notre Réseau.
Depuis plus de trois ans, le peuple ukrainien fait face à la guerre déclenchée par le gouvernement russe. Syndicalistes, internationalistes, nous apportons notre soutien à celles et ceux qui résistent en Ukraine, mais aussi au Bélarus et en Russie, en tentant de répondre aux besoins exprimés par nos camarades syndicalistes de cette région du monde. Les convois syndicaux organisés depuis celui du 1er mai 2022 marquent cette solidarité concrète. Mais cela va au-delà : des syndicats ukrainiens, qui participent activement à la résistance populaire contre l’occupation du territoire et agissent contre le « libéralisme économique » en vigueur dans leur pays, sont membres de notre Réseau et nous les soutenons !
Au Soudan, le coup d’État d’octobre 2022 a mis un terme au processus entamé par la révolution de décembre 2018 et a débouché sur la guerre aux conséquences effroyables. C’est une guerre entre deux ensembles d’oppresseurs contre les opprimé·es, un affrontement entre deux forces contre-révolutionnaires et les aspirations révolutionnaires du peuple soudanais. Les racines de cette guerre se trouvent dans la contradiction croissante entre la révolution de 2018, qui visait à renverser des décennies de dictature, et les forces contre-révolutionnaires qui ont détourné l’appareil d’État, soutenues par des puissances extérieures pour écraser cette même révolution. Dans cette situation, les syndicats indépendants poursuivent un travail important, tant de prise en charge de la population locale – dans des conditions extrêmement difficiles – que d’information vers le monde extérieur sur cette guerre.
Palestine, Ukraine, Soudan, bien d’autres régions du monde pourraient être citées. Il ne s’agit pas ici de dresser une hiérarchie des horreurs du capitalisme, des guerres, des impérialismes… Notre syndicalisme, ancré sur les réalités de terrain, s’oppose à tous ces méfaits. Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes appelle à unifier l’opposition des travailleuses et travailleurs à toute intervention impérialiste, à renforcer les mouvements contre la guerre, la militarisation et l’économie de guerre. Là encore, le syndicalisme ne doit occulter aucun sujet : quels moyens de défense collective et démocratique ? Comment contrôler la fabrication d’armement ? Comment organiser la reconversion de certains secteurs ? Tout cela concerne les travailleurs et les travailleuses, donc le syndicalisme. […]
Christian Mahieux
Christian Mahieux est membre de l’Union syndicale Solidaires. Il coanime le Réseau international de solidarité et de luttes, participe aux Brigades éditoriales de solidarité et au Comité français du RESU.
Publié dans le N°44 de Soutien à l’Ukraine résistante
