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Serbie. Le NIS*, instrument de conflit d’intérêts entre la Russie et l’Occident

La place particulière (politique et historique) des Balkans et la guerre menée par Poutine contre l’Ukraine. Comment cette question d' »équilibre » se pose et comment elle peut être abordée par les étudiants et la fraction de la population en lutte contre le pouvoir de Vucic. Question complexe qui ne peut qu’être résolue par les  » bloqueurs » qu’à partir de la compréhension de la situation vécue par la population. Quelle élaboration politique pourront-ils proposer? ML

L’imposition de sanctions à *l’industrie pétrolière serbe (NIS) soulève la question de savoir si la Serbie a finalement perdu sa capacité à maintenir un équilibre entre la Russie et l’Occident. Nous avons discuté avec l’ancienne ambassadrice Branka Latinović et Jelica Minić, du Mouvement européen en Serbie, de l’impact de ces sanctions sur l’avenir des relations de la Serbie avec la Russie, les États-Unis et l’Union européenne.

Machine 17.10.2025.Ursula von der Leyen et Aleksandar VučićUrsula von der Leyen et Aleksandar Vučić ; Photo : Présidence de Serbie / Dimitrije Goll

Les sanctions, imposées le 1er octobre en raison de la participation majoritaire russe dans l’entreprise et des soupçons d’utilisation d’une partie des bénéfices pour financer la guerre en Ukraine, marquent un tournant dans la politique étrangère de Belgrade. Alors que le gouvernement persiste à prôner le « non-alignement », les événements sur le terrain montrent que la marge de manœuvre pour parvenir à un équilibre se réduit.

Selon Latinović, le NIS fonctionne aujourd’hui comme un instrument des intérêts concurrents des grandes puissances sur le territoire de la Serbie, ce qui, selon lui, est « la pire position dans laquelle un État puisse se trouver ». Bien que le président Vučić continue de mettre l’accent sur une politique de « non-alignement » en refusant de permettre à la Serbie de se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie, le fait que des armes serbes finissent entre les mains de l’armée ukrainienne montre que la Serbie participe en pratique au conflit.

Latinović interprète les dernières informations publiées par Novosti, selon lesquelles la Russie préférerait vendre sa part de la NIS à un troisième partenaire, même américain, plutôt qu’à la Serbie, comme une réponse de Moscou à la vente d’armes serbes à l’Ukraine.

Jelica Minic
Jelica Minic ; Photo : Centre des médias de Belgrade

Minic ajoute qu’une telle démarche témoigne de la perte de confiance de la Russie envers Belgrade, mais aussi que les sanctions ont rapproché la Serbie de l’Union européenne. Il voit dans la visite de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, une confirmation de ce processus, l’UE ayant offert son soutien à la Serbie dans le domaine de l’énergie et de l’approvisionnement commun en gaz.

Il convient toutefois de prêter attention à la pression exercée sur l’Union européenne pour qu’elle reconsidère son soutien au régime de Belgrade. Lors de sa visite, Ursula von der Leyen a déclaré qu’il n’y aurait pas d’ouverture du Cluster 3, ce qui signifierait un gel des négociations d’adhésion. La Serbie se trouve ainsi, selon ses propres termes, « entre deux camps qui ne lui font plus confiance ».La question qui reste ouverte est : pourquoi des sanctions maintenant ? Après près de trois ans de tolérance occidentale envers la«position d’ équilibriste » de la Serbie, les États-Unis ont décidé de tirer un trait. Minić estime que l’Occident n’a plus de patience envers les intérêts russes dans les Balkans, ce qui est d’autant plus vrai qu’il n’y a toujours pas de « vainqueur » en Ukraine. Parallèlement, de nombreux pays sous le coup de sanctions en 2022 ont trouvé des moyens de les contourner et de poursuivre leur coopération avec la Russie, ce qui a encore intensifié la concurrence géopolitique entre les grandes puissances.

Branka Latinovic
Branka Latinović ; Photo : écran d’impression / YouTube / NovaS

Latinović souligne que les sanctions contre le NIS ne sont pas une punition, mais un instrument de la politique étrangère américaine. Les conséquences de ces instruments seront particulièrement ressenties par les citoyens serbes. À compter du 1er novembre, le pays entre dans l’hiver, menacé de pénuries d’énergie et de hausse des prix, tout en étant confronté à une crise politique qui dure depuis près d’un an.

Dans ce contexte, l’« équilibre » de la Serbie apparaît de plus en plus comme un mythe s’effondrant sous le poids de la réalité. Entre un Occident qui ne lui fait plus confiance et une Russie qui prend ses distances, le gouvernement Vučić, confronté à une société rebelle, entre dans une période de pression encore plus forte.

Masina traduction ML