Nous, les trois peuples de Mindanao, Lumad, Moro et et migrants colons [1], nous tenons aux côtés de la jeunesse et des peuples qui, partout en Asie et dans le monde, condamnent le pillage systématique des deniers public (corruption), qui privent celles et ceux qui vivent de leur travail, les paysan.nes, les pêcheur.es, et les pauvres, de leur nourriture, de la paix, de la sécurité climatique et de leur avenir.
La corruption, ce n’est pas seulement le détournement de fonds publics, c’est aussi une forme de violence. C’est le déni de notre droit à vivre dans la dignité. Dans nos communautés, cela se traduit par des programmes de contrôle des inondations qui ne voient jamais le jour, des systèmes de drainage inachevés et des milliards perdus en pots-de-vin, tandis que les familles pataugent dans des eaux qui leur arrivent à la taille et voient leurs récoltes pourrir, leurs maisons et leurs moyens de subsistance disparaître. Des vies sont ensevelies et emportées, comme on l’a vu lors des récentes catastrophes aux Philippines et au Pakistan.
Le remaniement ministériel philippin de mai 2025 était censé annoncer un changement, mais quelques mois plus tard, des contrats portant sur des installations de contrôle des inondations d’une valeur de 545 milliards de pesos philippins ont fait l’objet d’enquêtes judiciaires en raison de projets fantômes, des constructions non conformes aux normes et de signatures de contrats en faveur du même groupe d’entrepreneurs. Les gouvernants forment des commissions, suspendent des projets et promettent des enquêtes, mais le simple remplacement de fonctionnaires ne peut démanteler la corruption profondément ancrée dans les systèmes de pouvoir, de budgétisation, de passation de marchés et de contrôle.
À Mindanao et dans toutes les Philippines, la corruption aggrave les catastrophes :
• Les programmes de lutte contre les inondations, d’aide aux écoles, de soutien à l’agriculture et de soutien aux moyens de subsistance disparaissent dans les poches des bureaucrates, des entreprises de construction et des représentants du gouvernement.
• Les plus pauvres, en particulier les agriculteurs, les pêcheurs, les Lumad, les Moro et les colons, en subissent les pires conséquences : pertes de récoltes, maisons endommagées, famine, déplacements et aggravation des conflits.
Notre lutte contre la corruption est indissociable de notre combat pour avoir de quoi manger, pour la paix sur nos terres et pour la justice climatique. De Mindanao au Népal, en passant par l’Indonésie et le Timor oriental, les jeunes et les communautés résistent à la corruption qui prive les populations des services de base, détruit les forêts et les mers et sape la souveraineté et le développement.
Nous voulons plus que des aménagements et des démissions, nous exigeons que des comptes soient rendus, et un changement pour de vrai, dans les faits, et radical :
1. Transparence réelle et contrôle :
• des audits complets dans toutes les institutions, tous les services et tous les projets gouvernementaux avec des données accessibles, une surveillance indépendante et que tous les représentants des autorités, les entrepreneurs et les institutions. soient comptables de leurs actes.
• mise en place d’une commission indépendante sous contrôle parlementaire pour l’évaluation des programmes d’équipement.
Publicité des déclarations de patrimoine, de passif et de valeur nette (SALN) ainsi que des informations bancaires de tous les responsables gouvernementaux.
2. Récupération des biens publics :
• Récupération des fonds volés, des biens luxeux et des richesses pillées, et réaffectation à la santé, à l’éducation, au logement, aux secours en cas de catastrophe et au développement rural.
• Que les officiels liés au gouvernements, les entrepreneurs et les politiciens corrompus aient à rendre compte de leurs actes et puissent faire l’objet de poursuites.
3. Programmes transparents qui correspondant aux besoins des gens :
• les programmes de lutte contre les inondations, d’adaptation au changement climatique, d’agriculture et de pêche doivent être au service des communautés et non d’intérêts politiques.
• toutes les offres, tous les contrats, tous les prix et toutes les allocations doivent être entièrement transparents et accessibles en ligne afin que la population puisse les contrôler.
4. Agriculture, pêche et moyens de subsistance des communautés rurales :
• Enquêter et demander des comptes aux responsables du ministère de l’Agriculture (DA) impliqués dans des affaires de corruption, notamment des irrégularités dans les programmes de pêche et des réserves d’importation qui ont profité à des dirigeants du Congrès.
• Veiller à ce que les communautés rurales, les agriculteur.es, les pêcheur.es et les peuples autochtones bénéficient équitablement des ressources agricoles et halieutiques et des retombées économiques.
• Protéger la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance en empêchant le détournement des ressources à des fins privées ou politiques.
5. En finir avec la corruption dans BARRM ; et mise en place effective de l’accord de paix :
• Rétablir la confiance en veillant à ce que les services sociaux, les projets de développement et les ressources promis parviennent efficacement aux communautés.
• Enquêter sur les allégations de corruption au sein des institutions, des services et dans la mise en œuvre du processus de paix.
6. En finir avec les dynasties politiques et les systèmes basés sur la corruption :
• Abolir les fonds destinés à l’achat de voix, les fonds secrets des services de renseignement et les allocations budgétaires opaques.
• Adopter une loi anti-dynastie et refuser à toutes les entreprises ayant des liens familiaux avec des politiciens de remporter des contrats dans le cadre de projets gouvernementaux.
7. Protection de l’environnement, arrêt des agressions qui visent à empêcher le développement :
• Protéger les terres, les eaux et les écosystèmes afin d’éviter que les catastrophes climatiques ne soient aggravées par une mauvaise gestion ou la corruption.
• Enquêter sérieusement et mettre fin aux meurtres et aux atrocités commis contre les peuples autochtones et les peuples autochtones non moros dans la BARMM, et respect de leur droit à se diriger de façon autonome.
8. Investir dans les services sociaux et les communautés résilientes :
• – Donner la priorité à la santé, à l’éducation, à l’agriculture durable et aux infrastructures résistantes aux catastrophes pour toutes les communautés.
9. Renforcer le pouvoir des citoyen.ne.s :
• Soutenir les actions, les enquêtes et les mécanismes qui dénoncent la corruption et permettent au public d’exiger des comptes.
• Adopter une loi significative sur la liberté d’information afin de renforcer la surveillance citoyenne et la confiance dans les institutions publiques.
De Mindanao au Népal, en passant par l’Indonésie, le Timor-Leste et au-delà, nos luttes sont les mêmes. Non à la corruption, non au pillage. Non à de nouveau désastres aggravés par la négligence et la corruption ! Oui à la souveraineté alimentaire, à la justice, à la paix et à des communautés capables de faire face aux catastrophes climatiques !
𝙈𝙖𝙜𝙠𝙖𝙞𝙨𝙖 ! 𝙏𝙖𝙮𝙤 𝙖𝙣𝙜 𝙨𝙤𝙡𝙪𝙨𝙮𝙤𝙣 ! 𝙆𝙞𝙡𝙤𝙨 𝙣𝙖 𝙥𝙖𝙧𝙖 𝙨𝙖 𝙩𝙪𝙣𝙖𝙮 𝙣𝙖 𝙥𝙖𝙜𝙗𝙖𝙗𝙖𝙜𝙤 !
Unissons-nous ! Nous sommes la solution ! Agissez maintenant pour un vrai changement !
𝙇𝙪𝙢𝙖𝙝𝙤𝙠 𝙨𝙖 𝙢𝙜𝙖 𝙥𝙖𝙜𝙠𝙞𝙡𝙤𝙨 𝙠𝙤𝙣𝙩𝙧𝙖-𝙠𝙤𝙧𝙖𝙥𝙨𝙮𝙤𝙣 𝙖𝙩 𝙢𝙖𝙣𝙞𝙣𝙜𝙞𝙡 𝙣𝙜 𝙥𝙖𝙣𝙖𝙣𝙖𝙜𝙪𝙩𝙖𝙣 𝙨𝙖 𝙢𝙜𝙖 𝙨𝙖𝙣𝙜𝙠𝙤𝙩 !
Participez aux mouvements de lutte contre la corruption et exigez que les personnes impliquées rendent des comptes !
SIGNATURES
[1] Kilusang Maralita Sa Kanayunan (KILOSKA)
[2] Ranao Women and Children Resource Center Inc (Centre de ressources pour les femmes et les enfants de Ranao) (RWCRC)
[3] Lanao Alliance of Human Rights Advocates (Alliance des défenseurs des droits humains de Lanao) (LAHRA)
[4] Alyansa ng mga Mamamayan para sa Karapatang Pantao (AMKP)
[5] Sumpay Mindanao (SUMPAY)
[6] Timuay Justice and Governance (Justice et gouvernance Timuay) (TJG)
[7] Tri-People’ Organization against Disasters (Organisation des trois peuples contre les catastrophes) (TRIPOD) Foundation, Inc
[8] Multi-Stakeholders Initiative for Humanitarian Actions against Disasters (Initiative multipartite pour les actions humanitaires contre les catastrophes) (MIHANDS)
[9] Mindanao Tri-People Women Resource Center (MTWRC) (Centre de ressources pour les femmes des trois peuples de Mindanao) (MTWRC)
[10] LABAN Kababaihan !
[1] Il s’agit de « migrants internes », généralement des paysan.nes chrétien.nes, venus du nord et du centre de l’archipel philippin, à l’initiative du régime Marcos, pour s’établir à Mindanao.