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ADRESSES internationalisme et démocr@tie N° 15

Le nouveau pays du mensonge déconcertant

Adresses – internationalisme et démocr@tie n°15

Les articles réunis dans ce numéro témoignent que ce qui se cache derrière cette « fédération » est en réalité une nouvelle prison des peuples. Même si les gardiens de cette prison déploient beaucoup d’énergie pour se faire passer pour les champions anti-impérialistes du tiers-monde, ils ne sont que les gardes-chiourmes d’un régime d’oppression et d’exploitation qui, à défaut d’être nouveau, à des caractéristiques propres.

Ce numéro d’Adresses présente une particularité : la plupart des articles ont été rédigés par des auteur·es qui combattent ou ont combattu au sein même du ventre de cette bête-là.

Quels mensonges se cachent derrière le mot Russie ? Le mot « Russie » recouvre la plus grande fédération du monde avec quatre-vingt-cinq structures de six types différents (républiques, oblasts, kraïs…), plus de cent peuples et ethnies différents et, bien sûr, une longue histoire de domination de type colonial et impérial.

« Décoloniser la Fédération de Russie », p. 28.

La Fédération de Russie prend dans son histoire l’aspect d’un empire, comme le montre Adélaïde Burgundets.

« La vie sous l’empire russe », p. 75

Yorgos Mitralias nous donne un exemple caractéristique de l’utilisation mensongère, volontaire ou non, du mot « russe » pour désigner les différentes personnes ou communautés vivant dans la Fédération de Russie :

« Mensonge, fraude et sacrilège », p. 100

Derrière le mot russe, opèrent les « Grand-Russes » et leurs systèmes de domination : Denis Paillard analyse le nationalisme grand-russe et sa traduction poutinienne :

« Poutine et le nationalisme grand-russe », p. 23

Dans le précédent numéro, le n°14, nous avions publié un texte de Kirill Medvedev : Protestations en temps de guerre à l’intérieur des frontières de la Fédération de Russie, dont l’auteur concluait :

Des citoyens engagés de différentes régions de Russie réapprennent à faire de la politique dans de nouvelles conditions. Ils sont contraints de forger de nouveaux liens au-delà des barrières érigées par les autorités et de recoder les rituels soutenus par l’État. Est-il possible de créer un espace politique dans lequel la lutte pour la terre contre les fonctionnaires fédéraux et les entreprises devient un front commun, et où les traditions patriarcales dépassées cessent d’être un moyen de terroriser, de diviser et de paralyser la société ? C’est peut-être possible, mais cela exigera non seulement que les militants locaux fassent preuve de courage et d’ingéniosité, mais aussi qu’ils bénéficient d’une attention, d’un soutien et d’une solidarité non dogmatiques, au-delà de toutes les frontières.

Ce numéro 15 a aussi été conçu comme un soutien aux résistances des peuples et une solidarité avec les oppositions, notamment celles des femmes, comme le montre Liliya Vejevatova.

« Féminisme et résistance à la guerre », p. 102

Faut-il encore répéter à une certaine gauche « pavlovienne » que la Fédération de Russie n’est plus l’URSS (qui n’avait elle-même que peu de rapports avec le socialisme) et que ses soutiens aux dictatures n’ont rien à voir avec l’internationalisme ?

Les crimes de guerre commis par les armées à Marioupol, Grozny, Alep… relèvent de la Cour pénale internationale et de la Cour de Justice internationale. De plus, l’enlèvement de dizaine de milliers d’enfants ukrainien·nes à des fins de « russification » entre dans la catégorie des génocides.

Les textes publiés ici abordent donc les résistances et les actions de solidarité. Pour cela, ils analysent la nature et les contradictions internes du régime poutinien. Ilya Budraitskis, Ilya Matveev, Volodymyr Ischenko et Hanna Perekhoda nous en donnent des éclairages circonstanciés :

« Ce régime ne peut pas évoluer », p. 7

« Le régime de poutine se débat dans ses propres contradictions », p. 15

« Sur la nature du régime russe et ses perspectives », p. 37

« Pour Poutine, ce qui compte vraiment ce n’est pas l’Ukraine 
mais le contrôle sur la Russie », p. 46

Dans ces débats, le mot et les réalités du « fascisme » sont forcément interrogés. C’est ce à quoi s’emploient Olga Reznikova, Zakhar Popovitch, Ilya Budraitskis et Andreas Umland :

« Les « gens ordinaires » et le fascisme », p. 49

« Vers le fascisme », p. 56

« Le poutinisme, c’est le fascisme. 
Pourquoi est-il nécessaire de le dire aujourd’hui ? », P. 65

« Trois utilisations du concept de fascisme pour comprendre la guerre
menée par la Russie contre l’Ukraine », p. 83

Enfin, les problèmes soulevés par l’insertion de la Fédération de Russie dans la multipolarité impérialiste, la place de l’extractivisme des appareils militaires, des politiques extérieures – en particulier en Afrique – et par la guerre menée contre l’Ukraine sont examinés par Giovanni Savino, Michael Pröbsting et Ilya Matseev :

« Poutine et la paix impossible », p. 96

« Trois utilisations du concept de fascisme pour comprendre la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine », p. 83

« La guerre de poutine contre l’Ukraine n’est pas une question de sécurité mais d’intérêts impérialistes », p. 40

Enfin, pour comprendre que la Fédération de Russie n’est pas la Russie, il n’est pas inutile de revenir sur des événements historiques, tus ou déformés, dans nos esprits « russifiés » par une longue nuit de propagande.

C’est ce à quoi nous invite, entre autres, Zbigniew Marcin Kowalewski avec son livre Révolutions ukrainiennes (1917-1919 & 2014) qui vient de paraître aux Éditions Syllepse et La Brèche. Un détour vers les travaux de Moshe Lewin [1], entre autres Russie/URSS/Russie (1917-1991) (Syllepse/M. Éditeur/Page 2) peut également être utile.

Enfin, il est nécessaire de souligner l’importance de la revue Posle(« Après » en russe). Bilingue, en russe et en anglais. Soutenir Posle, c’est soutenir les voix qui s’élèvent contre la guerre criminelle déclenchée par la Russie en Ukraine. C’est une façon d’exprimer notre solidarité avec les personnes qui luttent contre la censure, la répression politique et l’injustice sociale. Ces opposant·es ont besoin de nouveaux compagnons d’armes. Les soutenir, c’est faire le choix d’une alternative sociale et démocratique au-delà des frontières nationales.

En tant que communauté d’auteurs partageant les mêmes idées, nous condamnons la guerre qui a déclenché une catastrophe humanitaire, causé des destructions colossales et entraîné le massacre de civils en Ukraine. Cette même guerre a provoqué une vague de répression et de censure en Russie. En tant que membres de la gauche, nous ne pouvons pas considérer cette guerre indépendamment des immenses inégalités sociales et de l’impuissance de la majorité des travailleurs. Bien sûr, nous

ne pouvons pas non plus ignorer l’idéologie impérialiste qui s’efforce de maintenir le statu quo et se nourrit du discours militariste, de la xénophobie et du sectarisme. 

https://www.posle.media

[1] Moshe Lewin est né à Wilno en Lituanie en 1921. Réfugié en URSS pendant la Deuxième Guerre mondiale, il combat dans l’Armée Rouge où il s’est engagé. Après la guerre, il vit et milite en Pologne, en France, puis en Israël, qu’il quitte en désaccord complet avec la politique du nouvel État. Installé en France, il est successivement directeur d’études à l’École pratique des Hautes études, Senior Fellow à l’Université Columbia (New York) et professeur à l’Université de Birmingham (Grande-Bretagne), il termine sa carrière comme professeur à l’Université de Pennsylvanie. Il est un des plus grands spécialistes de l’Union soviétique. Il a notamment publié La formation du système soviétique (Gallimard, 1987) et Le siècle soviétique (Fayard, 2003).

Didier Epzstajn, Michel Lanson, Patrick Silberstein

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