Peine de mort confirmée pour Sharifeh Mohammadi par la Cour suprême

La Cour suprême du régime iranien a confirmé la peine de mort de Sharifeh Mohammadi, prisonnière politique kurde détenue à la prison de Lakan, à Rasht.
Selon son avocat de la défense, Amir Raisian, ce verdict intervient alors que les mêmes vices juridiques qui avaient précédemment conduit à l’annulation de sa condamnation demeurent non résolus.
Raisian a déclaré : « La branche 39 de la Cour suprême, qui avait auparavant annulé le verdict rendu par le tribunal révolutionnaire en raison de nombreuses lacunes, a désormais confirmé la peine de mort malgré la persistance de ces mêmes défauts. »
Sharifeh Mohammadi a été condamnée deux fois à mort par le tribunal révolutionnaire de Rasht — d’abord par la branche 1, puis par la branche 2. En octobre 2024, la Cour suprême avait annulé la première décision, invoquant l’absence de preuves la reliant à des opérations armées, l’incapacité à prouver son appartenance à un groupe « rebelle armé » et de graves incohérences dans les rapports des forces de sécurité.
Sharifeh Mohammadi a auparavant subi de fortes pressions psychologiques et physiques lors des interrogatoires menés au département du renseignement de Sanandadj, dans le but d’extorquer des aveux forcés.
Les forces de sécurité ont arrêté Sharifeh Mohammadi à son domicile le 5 décembre 2023. Elle a ensuite été renvoyée à la prison de Lakan, à Rasht, après un bref transfert à la prison de Sanandadj. Une source proche de sa famille a affirmé que Sharifeh Mohammadi n’avait été membre que d’une organisation de défense des droits des travailleurs jusqu’en 2013 et qu’elle n’avait aucun lien avec le Parti Komala, le groupe auquel elle est accusée d’être affiliée.
https://wncri.org/fr/2025/08/16/sharifeh-mohammadi-peine-de-mort-confirmee/
LE SYNDICAT DES TRAVAILLEURS DES TRANSPORTS DE TÉHÉRAN SUR LA PEINE DE MORT POUR SHARIFÉH MOHAMMADI
La confirmation de la condamnation de la militante syndicale est une nouvelle source de honte pour l’appareil judiciaire et répressif
de Twitter
Le syndicat des travailleurs de la société de transport de Téhéran et de sa banlieue condamne fermement la condamnation et la confirmation de la peine de mort prononcée contre la militante syndicale Shariféh Mohammadi.
Shariféh Mohammadi a été arrêtée en décembre 2023 et, en juillet 2024, condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire de la ville de Rasht, sans bénéficier d’un procès équitable et dans le cadre d’un scénario sécuritaire inventé de toutes pièces par le ministère du Renseignement. Ce verdict injuste a été prononcé alors qu’aucune de ses activités ne constituait un crime : toutes étaient au service de la classe ouvrière. Elles peuvent encore moins être qualifiées de « rébellion armée ».
Bien que la Cour suprême ait annulé une première fois ce verdict, en février 2025, le même tribunal révolutionnaire – présidé cette fois-ci par le fils du juge précédent – a de nouveau prononcé la peine capitale. Enfin, la 39e chambre de la Cour suprême a confirmé la condamnation à mort, malgré la persistance de toutes les irrégularités juridiques. Shariféh Mohammadi a même été privée du droit de comparaître et de se défendre en personne devant le tribunal.
Nous déclarons avec force que ce jugement injuste n’a aucun fondement juridique et ne présente aucune trace de justice. Le seul « crime » de Shariféh Mohammadi est d’avoir défendu les droits des travailleurs et des opprimés.
Le Syndicat des travailleurs de la compagnie de bus de Téhéran et de ses banlieues, exprimant sa pleine solidarité avec Shariféh Mohammadi et sa famille, réaffirme que les condamnations à mort ne sont rien d’autre qu’un instrument de répression et de terreur dans la société. Nous demandons l’abolition totale de cette peine inhumaine, quelle que soit l’accusation ou le prétexte, et la suspension immédiate de l’exécution des sentences injustes prononcées contre Shariféh Mohammadi, Verisheh Moradi, Pakhshan Azizi et d’autres militants sociaux. Les travailleurs et les peuples opprimés ne resteront pas silencieux face à cette injustice et à ces crimes.
Non à la peine de mort
Liberté immédiate pour Shariféh Mohammadi
Dans l’espoir que la justice prévaudra en Iran et dans le monde entier
L’unité et l’organisation sont les seules solutions pour les travailleurs !
Syndicat des travailleurs de la société de transport de Téhéran et ses environs (Vahed)
Traduction Deepl de RC (Italia)
Rapport de juillet 2025 : La Menace d’un nouveau massacre en Iran
Un crime en cours : la menace imminente d’un nouveau massacre de prisonniers politiques en Iran
Résumé
Rapport de juillet 2025 : Ces derniers mois, la répression contre les prisonniers politiques en Iran a atteint un niveau sans précédent.
De nombreuses informations provenant de l’intérieur du pays indiquent que des disparitions forcées, des transferts violents vers des lieux inconnus, des actes de torture pendant les interrogatoires, la privation de contact avec les familles et le refus de soins médicaux sont systématiquement infligés aux détenus politiques. Ces évolutions rappellent fortement les schémas observés avant le massacre de 1988, au cours duquel 30 000 prisonniers furent exécutés dans les geôles du régime clérical.
Parmi les cas les plus alarmants figure le transfert forcé de dizaines de prisonnières politiques de la prison d’Evin vers la prison de Qarchak, ainsi que le déplacement de centaines de détenus politiques vers la tristement célèbre prison du Grand Téhéran. Ces prisonniers sont détenus dans des conditions déplorables et insalubres, sans accès aux soins médicaux ni aux droits humains fondamentaux. Nombre d’entre eux souffrent de maladies chroniques et leur vie est en danger immédiat. Parallèlement, les familles des prisonniers sont traitées de manière dégradante : les fouilles humiliantes des femmes et des enfants avant les visites sont devenues une pratique systématique dans le cadre de cette répression généralisée.
Pris dans leur ensemble, ces signes annoncent la préparation d’une atrocité majeure — que la communauté internationale ne doit pas ignorer. Ce rapport, centré sur la situation des prisonniers politiques, et en particulier des femmes, appelle à une action urgente de la communauté internationale, y compris l’envoi d’une mission indépendante d’établissement des faits et l’intervention des instances de défense des droits humains afin de prévenir la répétition d’un nouveau crime historique dans les prisons iraniennes.
Introduction
Plus de trois décennies après le massacre d’environ 30 000 prisonniers politiques durant l’été 1988, des signes alarmants réapparaissent, laissant présager un crime similaire en cours dans les prisons iraniennes. Ces derniers mois, le régime iranien a ravivé un schéma bien connu de répression systématique : disparitions forcées, transferts violents vers des lieux tenus secrets, torture pour obtenir des aveux forcés, et détention dans des conditions mettant la vie des détenus en danger.
Il ne s’agit pas d’incidents isolés, mais bien d’une politique délibérée visant à écraser toute forme de résistance et à éliminer physiquement les dissidents emprisonnés.
Les médias d’État en Iran ont ouvertement défendu le massacre de 1988 et appellent désormais explicitement à sa répétition. Par exemple, le 8 juillet 2025, l’agence Fars News, affiliée aux Gardiens de la révolution (IRGC), a qualifié fièrement les exécutions de 1988 d’« héritage glorieux » et a déclaré explicitement :
« Aujourd’hui est le moment de répéter cette expérience historique réussie… Contrairement à la propagande des réseaux hostiles qui présentent les exécutions de 1988 comme contraires aux droits humains… l’opinion publique comprend désormais la nécessité de telles mesures appropriées contre le terrorisme intérieur et les approuve. »
Cette position officielle ne cherche pas à réhabiliter le passé, mais constitue un avertissement clair sur l’intention du régime de commettre à nouveau de telles atrocités, cette fois dans des prisons comme Qarchak, Fardis, le Grand Téhéran et Ghezel Hessar.
En réponse à cette tendance alarmante, un groupe de prisonnières politiques détenues à la prison de Qarchak a publié une déclaration alertant sur des plans en cours visant à enlever et transférer de force des détenus de renom tels que Saeed Masouri, Ali Younesi et d’autres prisonniers politiques. Elles ont souligné que ces actions constituent un prélude à un nouveau crime au sein du système carcéral, et ont exhorté les instances internationales à ne pas rester silencieuses. Dans leur message adressé aux mollahs, elles ont affirmé :
« La résistance a pris racine dans le sang des martyrs et la souffrance des prisonniers à travers la patrie ; vous ne pouvez pas l’exiler ! »
Les prisonniers politiques — y compris des femmes, des personnes âgées et des mères — font face à une vague de violences ciblées. Les transferts forcés, la coupure des contacts familiaux, les pressions pour obtenir des aveux sous la torture, ainsi que les conditions médicales et sanitaires désastreuses annoncent une catastrophe imminente.
Ce rapport, fondé sur les éléments disponibles et centré sur le sort des prisonnières politiques, vise à documenter ces avertissements graves et à appeler à une action urgente, décisive et coordonnée des instances internationales — avant qu’il ne soit trop tard.
Analyse de la situation
Transferts forcés et torture pour aveux forcés
L’un des signes les plus évidents que le régime iranien se prépare à commettre une atrocité organisée est la forte augmentation des disparitions forcées, des interrogatoires sous la torture et du transfert forcé de prisonniers politiques vers des lieux inconnus. Ces actions se sont intensifiées tout particulièrement ces dernières semaines, rappelant la phase préparatoire du massacre de 1988 des prisonniers politiques.
Un cas emblématique est celui d’Arghavan Fallahi, prisonnière politique de 25 ans, actuellement détenue à l’établissement pénitentiaire du Grand Téhéran, en isolement, sous une pression physique et psychologique extrême.
Après son arrestation à son domicile à Parand, elle a d’abord été transférée au quartier 241 de la prison d’Evin, où elle a passé plusieurs mois à l’isolement. De brefs appels téléphoniques, ainsi qu’une rupture totale de contact avec sa famille, ont suscité de graves inquiétudes concernant des actes de torture et des tentatives d’extorquer des aveux forcés.
Dans la même affaire, trois autres prisonniers politiques — Bijan Kazemi, Amirhossein Akbari Monfared et son père, Mohammad Akbari Monfared — sont également détenus à l’isolement aux côtés d’Arghavan Fallahi, apparemment sous la torture. Les agents de sécurité les accusent d’implication dans l’assassinat de deux juges notoires du régime clérical, Mohammad Moghisseh et Ali Razini, le 18 janvier 2025.
Ces accusations semblent faire partie d’un scénario sécuritaire plus large visant à fabriquer des aveux forcés et à créer des affaires de propagande contre les opposants au régime.
Un autre cas préoccupant est celui d’Ali Younesi, un étudiant brillant de l’Université de technologie Charif, détenu depuis plusieurs années. À la mi-juin, il a été violemment extrait du quartier 4 de la prison d’Evin et transféré vers un lieu inconnu. Aucune information officielle n’a depuis été communiquée sur sa localisation.
Dans un autre incident, Saeed Masouri — l’un des plus anciens prisonniers politiques d’Iran, incarcéré depuis plus de 25 ans sans un seul jour de permission — a été violemment agressé le 16 juillet par des gardiens à la prison de Ghezel Hessar dans le but de le transférer vers un lieu inconnu. Le transfert a été temporairement empêché grâce à la résistance collective d’autres détenus. Depuis la prison, Masouri a écrit :
« Cet enlèvement sous couvert de transfert ne me concerne pas seulement… Un crime est en cours, et c’est pourquoi nous devons résister à l’exil forcé pour qu’à la différence de 1988, le massacre ne se produise pas dans le silence et l’ombre. Que le monde entende cette fois : un crime est en train de se produire — et la résistance aussi. »
Cette tendance profondément inquiétante — activement soutenue par les médias d’État à travers un discours menaçant — montre que le régime clérical est en train de poser les bases psychologiques et sécuritaires d’une répression d’ampleur et de l’élimination physique de dissidents politiques. Tout cela se déroule derrière les murs des prisons, loin de tout regard international.
Dans ce contexte, les rapporteurs spéciaux des Nations unies ont publié une déclaration le 4 juillet 2025 exprimant leur vive préoccupation. Ils ont rapporté que des prisonniers transférés de la prison d’Evin vers les prisons de Qarchak et du Grand Téhéran sont détenus dans des conditions « en détérioration ». Les experts ont averti :
« Le sort et le lieu de détention de certains prisonniers restent inconnus, les plaçant hors de toute protection juridique — une situation qui équivaut à une disparition forcée. »
Une autre partie de la déclaration ajoute :
« À la suite du cessez-le-feu, le monde observe de près la manière dont les autorités iraniennes traitent leur propre population. Ce sera un indicateur déterminant de l’engagement du pays envers les droits humains et l’État de droit », ont déclaré les experts.
« L’Iran ne doit pas permettre à l’histoire de se répéter en recourant aux mêmes schémas sombres de répression qui ont ravagé sa population lors de précédentes périodes post-conflit. »
De tels avertissements explicites émanant d’organes internationaux soulignent la gravité et l’urgence de la crise actuelle — et la nécessité d’agir immédiatement pour empêcher une nouvelle tragédie dans le système carcéral iranien.
Répression systématique des prisonnières politiques dans la prison de Qarchak
L’un des exemples les plus flagrants de la politique de répression et d’élimination du régime est le traitement inhumain infligé aux prisonnières politiques. Ces dernières semaines, des dizaines de femmes auparavant détenues à la prison d’Evin ont été transférées soudainement et sans préavis à la prison de Qarchak, à Varamin — un établissement tristement célèbre, connu pour des conditions inacceptables même selon les normes officielles iraniennes.
Actuellement, environ 60 prisonnières politiques sont détenues dans une aile de quarantaine délabrée et insalubre de la prison de Qarchak. Cette zone, anciennement utilisée pour accueillir des personnes toxicomanes, ne présente aucune des conditions de vie de base : murs sales, sols couverts de déchets et d’excréments, odeur persistante, infestations de rats et d’insectes, et absence totale de ventilation adéquate ne sont que quelques-uns des problèmes signalés. Bien que les prisonnières aient tenté de nettoyer l’endroit par elles-mêmes, les conditions globales demeurent catastrophiques et représentent une menace sérieuse pour leur santé physique et mentale.
Ces femmes sont presque totalement coupées du monde extérieur. Les appels téléphoniques, les visites en personne, l’accès aux livres, aux médicaments, aux soins médicaux et même à leurs effets personnels sont interdits ou sévèrement limités. Certaines d’entre elles — notamment les personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques — sont contraintes de dormir à même le sol, faute de lits ou d’équipements de base. Seuls trois toilettes et trois douches sont disponibles pour l’ensemble du groupe, et le système de ventilation déficient ne fait qu’aggraver la puanteur persistante dans l’aile.
Un tel traitement constitue non seulement un exemple clair de torture blanche (destruction psychologique progressive des prisonniers), mais aussi une violation flagrante des conventions internationales — notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et les Règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela).
L’objectif principal de ces transferts violents et de ces conditions imposées est de briser l’esprit de résistance des femmes prisonnières politiques et de couper tout lien avec la société et les militants à l’extérieur des murs de la prison. Néanmoins, la détermination de ces femmes face à cette répression manifeste n’a pas été étouffée. Même à l’intérieur de la prison de Qarchak, elles continuent de faire preuve de résilience et maintiennent un lien vivant avec le combat plus large pour la liberté dans tout le pays.
Privation de soins médicaux : une menace directe pour la vie des prisonnières politiques
L’état physique de nombreuses prisonnières politiques a atteint un niveau critique en raison du refus de soins médicaux, de l’absence d’accès aux médicaments essentiels et de la négligence délibérée des autorités pénitentiaires. Cette situation équivaut à une forme de torture prolongée et d’exécution silencieuse, en particulier pour celles souffrant de maladies chroniques, de blessures physiques, de vieillesse ou des séquelles durables de la torture. Parmi les cas individuels les plus alarmants :
* Azar Korvandi, atteinte de graves problèmes cardiaques, de perte d’audition et de troubles cervicaux, voit son état se dégrader chaque jour en l’absence de soins spécialisés.
* Moloud Safaei nécessite d’urgence une opération pour une hernie diaphragmatique et souffre d’une perte de vision importante due à des cataractes. Malgré les recommandations médicales, elle n’a pas obtenu de permission de sortie pour soins.
* Parvin Mirasan, atteinte de diabète, de la maladie de Parkinson, de troubles intestinaux et de problèmes articulaires, est détenue sans aucun accès aux services médicaux.
* Raheleh Rahemipour, ainsi que plusieurs autres femmes âgées de plus de 70 ans, sont privées de médicaments et de suivi médical. Pour elles, la simple exposition aux conditions insalubres de la prison de Qarchak représente un risque grave pour leur survie.
* Maryam Banou Nasiri souffre d’apnée du sommeil, d’une maladie pulmonaire et d’ulcères à l’estomac. Son état est devenu critique en raison du manque d’accès aux médicaments nécessaires.
* Narges Mansouri, militante des droits civiques et prisonnière politique, a entamé une grève de la faim après avoir été placée à l’isolement à titre punitif dans la prison de Qarchak. Elle a développé de graves palpitations cardiaques et est désormais détenue dans un état de santé critique. Narges est mère d’un enfant de 15 ans.
Ces cas mettent en lumière une politique systématique de négligence médicale qui met directement en danger la vie de femmes emprisonnées pour leurs opinions politiques ou leur activisme pacifique.
En outre, un nombre important de prisonnières atteintes de maladies chroniques — telles que le diabète, l’hypertension, les maladies cardiaques, les troubles visuels, rénaux ou respiratoires — sont en danger en raison de l’absence de soins et de traitements médicaux. Cette négligence flagrante ne résulte pas d’un manque de moyens, mais relève d’une politique délibérée du régime visant à affaiblir physiquement et psychologiquement les prisonniers politiques — une forme de torture progressive destinée à briser leur volonté et à les éliminer silencieusement.
Par ailleurs, Hoda Mehreganfar, prisonnière politique et ingénieure en électronique détenue indéfiniment à la prison d’Adelabad à Chiraz, a un besoin urgent d’échographie et de traitement pour un kyste abdominal. Pourtant, elle s’est vu refuser non seulement l’accès à des soins à l’extérieur de la prison, mais également tout traitement à l’intérieur. Sa situation, comme celle de dizaines d’autres femmes, constitue clairement une privation délibérée de soins médicaux, qui, en droit international, est reconnue comme une forme de torture.
Humiliation et harcèlement des familles de prisonniers politiques : extension de la répression au-delà des murs des prisons
La politique de répression du régime iranien ne se limite pas à l’intérieur des prisons. Ces derniers mois, les familles des prisonniers politiques — en particulier lors des visites — ont elles aussi été soumises à un traitement humiliant et violent. Cette méthode vise à transférer la pression psychologique hors des murs de la prison et à briser le réseau de soutien émotionnel et social autour des détenus.
Des témoignages provenant de la prison du Grand Téhéran (Fachafouyeh) indiquent que les membres féminins des familles — mères, épouses, sœurs et filles adolescentes — sont soumis à des fouilles corporelles « inhabituelles, indécentes et insultantes » avant de rencontrer leurs proches détenus. Ces fouilles n’ont aucune justification légale et visent explicitement à humilier et intimider.
Dans l’un des cas les plus choquants, une fillette de 13 ans a été complètement déshabillée et soumise à une fouille corporelle humiliante avant de pouvoir voir son père. L’enfant, profondément traumatisée, est restée muette durant toute la visite, ne pouvant que pleurer en silence en le regardant.
L’épouse d’un prisonnier politique a rapporté :
« Le comportement de certaines agentes lors des fouilles comprenait des violences verbales, des attouchements injustifiés et des humiliations physiques, ce qui a entraîné des altercations verbales entre les familles et les agentes, et a créé une atmosphère extrêmement tendue pendant les visites. »
En réaction à ces comportements inhumains, un groupe de prisonniers politiques a protesté en refusant de participer à l’appel quotidien et en organisant un sit-in dans la cour de la prison, avertissant que si la situation persistait, ils intensifieraient leurs actions de protestation.
Ces actes ne représentent pas seulement une violation flagrante de la dignité humaine et des droits des familles, mais s’inscrivent aussi dans une stratégie répressive à plusieurs niveaux du régime iranien, visant à isoler totalement les prisonniers politiques et à instaurer un climat de peur et d’étouffement dans la société.
La résistance continue des prisonnières politiques iraniennes
À travers l’organisation de cérémonies telles que la commémoration du soulèvement étudiant du 9 juillet 1999 et le chant de slogans de protestation, les prisonnières politiques incarnent un symbole vivant et puissant de la résistance continue face à la répression du régime iranien. Malgré un environnement hautement sécuritaire et de sévères restrictions, ces actions symboliques témoignent de leur esprit indomptable et de leur volonté de défendre leurs droits humains et leurs libertés fondamentales.
L’un des exemples les plus marquants de cette résistance fut la cérémonie du 9 juillet organisée à la prison de Qarchak, marquant l’anniversaire de la répression sanglante du soulèvement étudiant du 9 juillet 1999. Les prisonnières politiques y ont ravivé les douloureux souvenirs de cette journée, rendu hommage à la résistance des étudiants, et exprimé leur solidarité avec les familles des victimes.
Par ailleurs, dans la prison de Fardis, près de Karaj, le 6 juillet 2025, un groupe de femmes détenues a, après une cérémonie religieuse d’Achoura, exprimé ouvertement son opposition au régime clérical en scandant des slogans tels que « Mort à Khamenei » et « Malédiction sur Khomeiny ». Cet acte de courage, face aux menaces et à la violence du régime, a une nouvelle fois illustré l’esprit combatif des femmes détenues.
En réponse à ces protestations, le directeur de la section des femmes de la prison de Fardis, un certain Kolivand, a convoqué Massoumeh Senobari — identifiée comme l’une des principales organisatrices du mouvement — dans son bureau et l’a violemment battue. Selon les informations, après son retour dans le quartier, Mme Senobari présentait de graves ecchymoses au visage et sur le corps et ne pouvait presque plus se tenir debout sans aide.
Massoumeh Senobari, âgée de 37 ans et mère d’une adolescente originaire de Tabriz, est l’une des figures emblématiques de la résistance des prisonnières politiques. Elle a été arrêtée lors du soulèvement national de 2022 à Karaj et condamnée à neuf ans de prison pour « appartenance à l’Organisation des Moudjahidine du Peuple », « participation à des rassemblements illégaux » et « propagande contre l’État ». Accusée d’avoir dirigé les manifestations, Mme Senobari a passé au moins un an en isolement, sous étroite surveillance et dans des conditions de répression sévère.
Revendications
* Les instances internationales, notamment les Nations unies, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme et le Conseil des droits de l’homme, doivent agir de toute urgence en envoyant la Mission indépendante d’établissement des faits dans les prisons du régime afin d’enquêter de manière approfondie et impartiale sur la situation des droits humains en Iran.
* Il est impératif de demander la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, ou à défaut, de garantir sans restriction leur accès aux soins médicaux, à une défense juridique et aux services humanitaires, et ce de manière sérieuse et continue.
* La communauté internationale doit exercer des pressions diplomatiques et économiques sur le régime iranien pour faire cesser les violences, les violations systématiques des droits humains, la torture et les exécutions, créant ainsi les conditions pour améliorer la situation des détenus et réduire la répression.
* Le soutien aux défenseurs des droits humains et aux prisonniers politiques doit être renforcé par des actions internationales, médiatiques et juridiques, afin que leurs voix soient entendues dans le monde entier, et que le régime clérical ne puisse poursuivre son mépris des droits humains dans l’impunité.
* Il faut amplifier la voix des femmes enchaînées en Iran et soutenir celles qui luttent en première ligne contre le régime misogyne, en apportant son soutien au site de la Commission des Femmes et à ses publications.
Télécharger le rapport : Monthly-July-2025_FR-min
https://wncri.org/fr/2025/07/25/rapport-de-juillet-2025-massacre-iran