International

Les Cent Jours, nouveau point de vue.

Ça fait 100 jours de chaos.

(Les liens ouvrent sur des analyses développées)

Les trois premiers mois de l’administration Trump ont été un festival de vengeance. Trump s’en est pris à ses ennemis dans la bureaucratie fédérale, l’enseignement supérieur, les cabinets d’avocats, la politique et la culture. Tous ceux qui l’ont attaqué dans le passé – et qui n’ont pas rendu hommage à son soi-disant génie – ont été la cible non seulement de sa colère, mais aussi des agences gouvernementales contrôlées par ses potes.

Trump a balayé tout sur son passage, chez lui comme à l’étranger. Il s’est retourné contre ses alliés de l’OTAN et ses voisins comme le Canada. Il a imposé des droits de douane à tout le monde, sauf à la Russie. Il a saboté tous les traités multilatéraux à sa portée, de l’accord de Paris sur le climat au pacte informel régissant l’exploitation minière des fonds marins. Il a retiré les États-Unis de toutes les institutions internationales « woke » qu’il pouvait, du Conseil des droits de l’homme des Nations unies à l’Organisation mondiale de la santé. 

Malgré ses tentatives de négociation avec l’Iran et d’imposition d’un accord en Ukraine, Trump est loin d’être un « président de la paix ». Il a bombardé les Houthis, soutenu la destruction catastrophique de Gaza par Israël et proposé un budget militaire d’un trillion de dollars. Il encourage les exportations d’armes, notamment un contrat de 100 millions de dollars avec l’Arabie saoudite, et supprime l’aide étrangère destinée à lutter contre la faim, la maladie et la pauvreté. Il veut s’emparer du Groenland, entre autres propriétés inaccessibles. 

Le chaos est calculé. Sur les décombres de l’État américain, Trump se proclame comme le seul à pouvoir sauver le pays. Un culte de la personnalité est déjà en place, les républicains du Congrès se bousculant pour proposer d’ajouter son visage au Mont Rushmore ou sur les billets de 100 dollars. Il n’y a qu’un pas vers un régime autocratique.

Cette semaine, dans Foreign Policy In Focus, on examine les conséquences de ces 100 jours de folie.

Les effets les plus importants seront peut-être sur le climat. « Depuis son entrée en fonction, l’administration Trump s’est lancée dans un programme agressif visant à démanteler des réglementations environnementales essentielles et des initiatives en matière de changement climatique, tant au niveau national qu’international », écrit Atal Ahmadzai. « Cela s’est traduit par de nombreuses mesures de déréglementation, le démantèlement de cadres juridiques et administratifs établis et un mépris flagrant pour la science du climat. » 

Les scientifiques, qui ont vu leurs subventions fédérales pour la recherche réduites, cherchent à s’installer en dehors des États-Unis. Les meilleurs cerveaux réfléchissent à deux fois avant de venir étudier ou travailler ici. Les marchés financiers sont aussi inquiets.

« Moins de 100 jours après l’entrée en fonction de Trump, les investisseurs considèrent apparemment les États-Unis comme un pays mal géré, sujet aux crises et instable, abandonnant les obligations du Trésor américain et se détournant de pratiquement tous les actifs américains, ce qui contraste fortement avec les crises financières passées, où les obligations du Trésor américain étaient considérées comme une valeur refuge, même pendant la crise de 2008 », écrit Jianlu Bi. « Cette érosion de la confiance dans les instruments financiers américains a des implications importantes pour le coût de l’emprunt et la stabilité globale de l’économie américaine. » 

Les droits de douane de Trump contribuent aussi à aggraver le chaos. « L’administration Trump a eu un impact important sur les politiques commerciales internationales en imposant des droits de douane substantiels depuis le 2 avril, visant particulièrement la Chine », écrit Luciana Ghiotto. « Cette mesure laisse penser que les conditions commerciales antérieures pourraient ne pas revenir. Même si certains pays négocient de meilleures conditions commerciales dans les semaines à venir, l’escalade des droits de douane marque un changement important dans la période de 30 ans de politiques de libre-échange et dans le discours qui les sous-tend. » 

La Chine, quant à elle, propose un contre-discours axé sur la stabilité et la prévisibilité, comme l’a souligné le dirigeant chinois Xi Jinping lors de son récent voyage en Asie du Sud-Est. « Sa tournée très médiatisée au Vietnam, en Malaisie et au Cambodge était plus qu’une simple offensive de charme », écrit Imran Khalid. « Il s’agissait d’une déclaration stratégique. Soutenue par des promesses d’infrastructures, des incitations commerciales et un symbolisme soigneusement orchestré, la visite de Xi Jinping témoigne de la confiance croissante de Pékin dans sa capacité à remodeler l’avenir de la région et à écarter l’influence américaine. » 

Enfin, j’examine les différentes propositions d’accord de paix en Ukraine. « Donald Trump pense qu’il peut pousser les parties à la table des négociations, parvenir à un accord et repartir avec un prix Nobel qu’il pourra brandir sous le nez de Barack Obama », écris-je. « Trump pensait aussi que tweeter « Vladimir, ARRÊTE ! » convaincrait le dirigeant russe de mettre fin à ses attaques aériennes sur les villes ukrainiennes (ça n’a pas marché). Le président américain est donc puissant et délirant. C’est une combinaison dangereuse. »


John Feffer
Directeur, FPIF

Traduction Deepl Pro