Réseau Bastille editorial,editorial-archive Sans détours, la journée du 19 janvier est un immense succès. L’unité l’a permis, par Michel Lanson

Sans détours, la journée du 19 janvier est un immense succès. L’unité l’a permis, par Michel Lanson

A Paris, une marée humaine, dense, qui n’a pu s’écouler que par l’ouverture des deux parcours historiques République Nation. Au milieu, tel un frêle esquif, ce que l’on nommait jadis le « carré de tête », les secrétaires généraux et les oriflammes corsetés par le souvenir des services d’ordre. Au loin, encore sur la place, un groupe de  collégiens enrubannés , comme un bouchon au milieu du courant, les députés et représentants officiels des partis de gauche.

Certes, c’est une impression ; la réalité est plus complexe bien entendu.

Mais si cette journée du 19 janvier 2023 rejoint les journées historiques de mobilisation de ces cinquante dernières années, c’est sans doute grâce à une mobilisation particulièrement massive en province. Pas seulement dans les grandes métropoles mais dans les petites villes, sous-préfectures et capitales cantonales. Pour ceux qui cherchent toujours l’effet « gilets jaunes », il est là. Les gens se parlent ,se rencontrent dans les villages et montent en convoi à la manifestation la plus proche. Attention, je parle des échanges et des organisations pratiques testées sur les rond points , pas du mot d’ordre anachronique du petit bonhomme jaune, boulevard Beaumarchais, qui réclamait un référendum.

Les manifestations, émanations des regroupements d’établissements publics mais aussi privés, d’universités, d’écoles… étaient unanimes: c’était bien du retrait du projet gouvernemental dont il s’agissait.

Le référendum, la dissolution de l’Assemblée, la manipulation de l’angoisse de pénuries, la dramatisation des quelques violences constatées ou la judiciarisation des luttes des travailleurs de l’Energie et des transports sont les outils du pouvoir. Macron a choisi la posture de la fermeté et de la provocation depuis l’étranger et ses ministres saluent la force des syndicats, leur efficacité et leur responsabilité .Sans doute se trompent-t-ils en investissant autant dans ces organisations et en sous-estimant le mouvement autonome et spontanée des salariés et des « gens d’en bas ».

Les syndicats ont permis, en montrant un front uni malgré leurs dissensions internes et externes de libérer les forces des travailleurs, des jeunes et aussi des retraités.

La population soutient les grévistes et s’interroge sur l’entêtement du pouvoir, un pouvoir qui se dit détenteur du savoir (Macron) mais pas suffisamment pédagogue (les ministres et les députés) ! Cet « entêtement » du pouvoir n’est pas à chercher dans des comptes et des extrapolations fantaisistes, ni dans la volonté de sauver un système que les gouvernements successifs ont déjà fortement dénaturé mais bien dans le mandat des groupes financiers, BlackRock et autres, qui ont décidé d’affaiblir les retraites par répartition afin que le recours à la capitalisation apparaisse le moment venu comme naturel et inévitable.

Toujours le même combat, la même lutte des classes.

Le 21 janvier , à l’appel d’organisations de jeunesse rejointes ou plus exactement maraboutées par la France insoumise, quelques milliers de manifestants sont partis de la Bastille. Mélenchon défilait avec Besancenot prisonnier du carré de tête. A la fin, cheminaient les faméliques cortèges des LFI de province (et oui, c’était national ) et des organisations politiques nupésiennes… accompagnés de « Et un Et deux » NPA. Les autres, POI, en force, avait grevé leur budget « drapeaux ».

Espérons que les jeunes qui se sont mobilisés en nombre n’auront pas été trop perturbés par la complexité et la faiblesse du paysage politique affiché et que leur volonté d’affronter les plans de Macron se traduira, dès cette semaine , dans les universités et les lycées.

Difficile de prévoir le déroulement de la semaine qui vient. Le mouvement pour le retrait de la réforme est puissant et agrège les revendications des jeunes, des secteurs particuliers. Mais la situation est plus complexe que l’on ne croit. La débâcle, l’éclatement des partis politiques, les crises des appareils syndicaux sont des éléments à prendre en compte.

Quelle forme va prendre le mouvement ? Une grève intersyndicale le 31 janvier alors que le texte de la « réforme » est présenté lundi 23 janvier en Conseil des ministres semble bien tardive. Une grève reconductible est programmée par certains syndicats à partir du 1°février comme une action presse-bouton. La parole est aujourd’hui aux Assemblées Générales. Les syndicats devront appliquer les décisions des salariés ou prendre le risque d’être rejetés.

Pour aider le mouvement, faisons connaître les initiatives, relayons les appels, dégageons les bruits parasites, construisons des liens, éclairons les positions obscures.

Nous serons là, à notre niveau.

Aujourd’hui, la situation politique nationale et internationale, je parle bien sûr du soutien à la résistance ukrainienne, impose des échanges, des clarifications.

Il nous faut ouvrir des pistes de réflexions avec les militants orphelins de leurs certitudes et avec ceux qui recherchent l’unité. De nombreux textes de ces militants circulent, il faut les faire connaître, en discuter.

C’est pourquoi le Réseau Bastille fera de sa réunion en présentielle du 4 mars un lieu ouvert et démocratique. Un moment de discussion fraternelle et sororelle.

Paris, le 21 janvier

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